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Gouvernement

En deux ans à Bercy, Emmanuel Macron a multiplié les provocations

Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron et le Premier ministre Manuel Valls à Alger, le 10 avril 2016.

Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron et le Premier ministre Manuel Valls à Alger, le 10 avril 2016. - Farouk Batiche - AFP

Le ministre de l'Economie a laissé entendre mercredi qu'il était pour la suppression de l'ISF. Une nouvelle provocation faite à la gauche.

Quand il a été propulsé au gouvernement en août 2014, cet énarque et ancien banquier d'affaire était présenté comme la carte libérale jouée par François Hollande. En moins de dix-huit mois, Emmanuel Macron a bien profité de son statut de marginal du gouvernement pour multiplier les sorties et briser quelques tabous à gauche. Sa dernière provocation en date: la suppression de l'impôt sur la fortune (ISF), proposition que le ministre de l'Economie ne pouvait pas imaginer autre qu'explosive.

Le locataire de Bercy n'en est pas à son coup d'essai. A plusieurs reprises déjà, il a lâché quelques phrases provocatrices qui lui ont valu d'être recadré, par Manuel Valls notamment. Retour sur les sorties d'Emmanuel Macron. 

> Août 2015, remise en cause des 35 heures

"La gauche a cru que la France pouvait aller mieux en travaillant moins, c’était des fausses idées." Cette phrase, prononcée devant les patrons du Medef la veille de l'université d'été socialiste l'an dernier, a été la première attaque d'Emmanuel Macron à l'attention des fondamentaux de gauche. Le ministre avait alors tenté de se rattraper, précisant ensuite à l'AFP: "Je ne parlais pas des 35 heures mais du rapport au travail. Il en faut plus, pas moins."

Mais le mal était fait, une bonne partie de la gauche criant au scandale et demandant clarification. Le Premier ministre était alors intervenu, écartant toute remise en cause du temps de travail et glissant à l'attention d'Emmanuel Macron: "Les petites phrases font mal à la vie publique."

> Septembre 2015, la réfome du statut des fonctionnaires

Moins d'un mois plus tard, le locataire de Bercy avait pourtant réitéré. Il avait lâché une bombe en estimant devant un think tank de gauche que le statut de la fonction publique n'était "pas adéquat". Cette fois-ci, le recadrage était venu du côté de François Hollande. Le chef de l'Etat avait par la suite profité d'une remise de décoration à un fonctionnaire territorial à Tulle, son fief corrézien, pour affirmer haut et fort son attachement au statut de la fonction publique.

> Avril 2016, la suppression de l'ISF

Aujourd'hui, c'est à l'impôt sur la fortune que s'en prend Emmanuel Macron. "Si on a une préférence pour le risque face à la rente, ce qui est mon cas, il faut préférer la taxation sur la succession aux impôts de type ISF", a-t-il estimé dans la revue Risques, référence des professionnels de l’assurance. Une nouvelle petite phrase qui n'a pas manqué d'agacer Manuel Valls. Dans le contexte actuel, "supprimer cet impôt [...] serait une faute", a réagi le Premier ministre. 

Des petites phrases pour agacer

Au-delà de ces sorties très médiatiques, le ministre de 38 ans a lancé bien d'autres provocations en deux ans, affirmant par exemple que "le libéralisme, est une valeur de gauche" ou encore que la vie des entrepreneurs est "souvent plus dure que celle d'un salarié". Ces sorties sur des sujets aussi polémiques sont-elles (seulement) l'expression d'une opinion politique? La question se pose quand on sait qu'en 2014, Emmanuel Macron avait dénoncé "la provocation" de Pierre Gattaz quand le patron du Medef avait lui-même réclamé la suppression de l'ISF. 

Le ministre de l'Economie se veut donc provocateur. Et l'agacement qu'il suscite à gauche ne semble pas le gêner. "Macron... [...] Ras-le-bol!", avait ainsi lâché Martine Aubry après la polémique sur les 35 heures. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve l'a aussi remis à sa place après qu'Emmanuel Macron se soit mêlé du dossier des migrants. Mardi soir, c'est son homologue des Finances Michel Sapin qui est monté au créneau, estimant que "Macron, c'est beaucoup de buzz...", selon Le Figaro. Mais tout cela n'a pas calmé ses ardeurs...

Ma. G.