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Élisabeth Borne dévoile sa stratégie pour la biodiversité et appelle à "la radicalité" sans "brutalité"

La Première ministre Elisabeth Borne, le 23 novembre 2023, à Paris

La Première ministre Elisabeth Borne, le 23 novembre 2023, à Paris - Geoffroy VAN DER HASSELT © 2019 AFP

Élisabeth Borne a présenté lundi la version finale de la troisième "stratégie nationale biodiversité" (SNB), dont l'effondrement est "une menace existentielle" pour les sociétés, a-t-elle souligné, en prônant la "radicalité des résultats sans la brutalité des mesures".

Cette troisième stratégie, attendue depuis deux ans, doit prendre la suite des deux premières, dont les objectifs n'ont pas été atteints.

"L'effondrement de la biodiversité est si fort, si rapide, si généralisé qu'une sixième extinction menace. (...) Nous devons l'endiguer rapidement et inverser la tendance fortement", a déclaré la cheffe du gouvernement en présentant les 40 mesures destinées à sauvegarder la nature et "stopper l'effondrement du vivant" d'ici 2030.

"La radicalité des résultats sans la brutalité des mesures"

Mais elle a souhaité que les objectifs suivent "un même principe: la radicalité des résultats sans la brutalité des mesures", laissant ses ministres Christophe Béchu (Transition écologique) et Sarah El Haïry (Biodiversité) en préciser les contours.

Cette stratégie est censée être la déclinaison française de l'accord de Kunming-Montréal, adopté en décembre 2022 par la communauté internationale à la COP15. Biodiversité: protection effective de 30% des terres et des mers, restauration de 30% des écosystèmes dégradés, réduction de moitié des pesticides...

"C'est un plan, très opérationnel et concret, de 200 actions avec des indicateurs de suivi et d'évaluation, ce ne sont pas juste des grandes paroles", a assuré la secrétaire d'État chargée de la Biodiversité, Sarah El Haïry, dans un entretien avec l'AFP.

"Stopper l'effondrement du vivant"

Axes principaux, selon elle: "Stopper et inverser l'effondrement du vivant, par exemple avec des aires protégées; restaurer la nature, avec un milliard d'arbres plantés, 50.000 km de haies en plus ou encore des îlots de fraîcheur dans les écoles; mobiliser tous les acteurs, dont le monde de l'entreprise car aujourd'hui la biodiversité est l'angle mort du monde économique".

Un projet de SNB avait été présenté en juillet, le jour de la prise de fonction de Mme El Haïry, avant d'être soumis à quatre instances (Conseil national de la biodiversité, Conseil national de la mer et des littoraux, Conseil national de la protection de la nature, Conseil national de l'eau) qui ont rendu leurs avis depuis.

La version finale dévoilée lundi est articulée autour de 40 mesures. Ont notamment été ajoutés des éléments sur "la restauration des prairies qui stockent énormément de carbone", les "écosystèmes libérés par la fonte des glaciers" ou encore "la pollution sonore sous-marine", a précisé le cabinet de la secrétaire d'État.

"Des subventions néfastes"

En octobre, le Comité national de la biodiversité, qui réunit 150 membres, scientifiques, collectivités ou ONG, avait fustigé le projet de juillet, évoquant une ambition "partielle et perfectible".

Réagissant à ce projet, Véronique Andrieux, directrice générale du WWF France, avait également regretté l'absence de révision de la politique agricole commune (PAC) qui "représente toujours 63% des subventions dommageables à la biodiversité en France soit 6,5 milliards d'euros par an".

"L'objectif est de supprimer progressivement ces subventions néfastes", a affirmé Sarah El Haïry à l'AFP, annonçant qu'une "mission" allait être lancée "avec les ministères de l'Économie et de l'Agriculture" afin de "réorienter" ces subventions "pour accompagner la transition écologique".

Promis pour cet automne, le nom de l'emplacement du futur "parc national des zones humides" sera finalement connu "au printemps", a indiqué Mme El Haïry, qui a aussi évoqué la création de Tracnat, un service qui serait le pendant de Tracfin pour lutter contre le commerce illégal de ressources naturelles.

MPB avec AFP