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Ces ministres qui envisagent de se présenter aux élections municipales

Les ministres Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu sur le perron de l'Elysée, le 14 avril 2019

Les ministres Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu sur le perron de l'Elysée, le 14 avril 2019 - AFP - Ludovic Marin

Plusieurs membres du gouvernement, notamment Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu, envisagent de se présenter au scrutin dans leurs fiefs respectifs. Un choix qui dépendra de ce qu'Emmanuel Macron est prêt à autoriser en matière de cumul.

L'ancien monde s'agite. À mesure qu'approche l'échéance des élections municipales, en mars prochain, les velléités de certains membres du gouvernement se font de moins en moins discrètes. Ce mardi, Franceinfo a confirmé une information évoquée par Le Parisien dès le mois de juillet au sujet de Didier Guillaume, qui envisagerait de briguer la mairie de Biarritz. 

Lui-même édile à l'époque où il était socialiste, à Bourg-de-Péage dans la Drôme, le ministre de l'Agriculture devra attendre quelques semaines avant de se lancer. Le maire MoDem sortant de Biarritz, Michel Veunac, n'a pas encore indiqué s'il souhaitait raccrocher ou non les gants. Il a en revanche réagi au propos de l'ancien sénateur, le jugeant "déplacé, pas très correct et prématuré".

"Nous appartenons à la même majorité présidentielle, et (...) la correction, dans ce cas-là, c'est d'attendre que le maire sortant se soit prononcé", a déclaré Michel Veunac auprès de plusieurs médias qui l'ont interrogé sur place, alors que Biarritz s'apprête à accueillir le prochain G7.

Compatibilité ministère-campagne

Ce n'est pas l'aspect le plus important de cette histoire, cependant. Le fait même que Didier Guillaume clarifie ses intentions montre bien qu'au sein de l'équipe d'Édouard Philippe, l'idée du cumul de fonction ministérielle et du mandat de maire n'est plus taboue. Ou, à tout le moins, qu'elle a encore le temps de s'éclaircir. 

"Le président de la République et le Premier ministre n'ont pas de doctrine complètement parée sur la question", confirme auprès de BFMTV.com un membre éminent de la commission nationale d'investiture de La République en marche, chargée de sélectionner les candidats du parti présidentiel. 

Car derrière Didier Guillaume, il y a les cas plus prégnants de Gérald Darmanin à Tourcoing et Sébastien Lecornu à Vernon, ainsi que de certains ministres issus de la société civile désireux de s'implanter au niveau local. Emmanuelle Wargon dans le Val-de-Marne, Roxana Maracineanu à Mulhouse, Marlène Schiappa dans le XIVe arrondissement à Paris... Il y a également Marc Fesneau, ministre chargé des Relations avec le Parlement, qui pourrait être tenté de redevenir maire de Marchenoir, dans le Loir-et-Cher. Il y a quelques semaines, son entourage affirmait qu'il n'avait "pas encore pris sa décision".

"Il ne devrait pas y avoir de challengers"

"L'idée, c'est que ceux qui sont en bonne position pour reprendre une mairie et y obtenir une majorité, on les laisse y aller. Il n'y a pas de doute là-dessus. En revanche, il ne devrait pas y avoir de challengers, des ministres-candidats qui prendraient le risque de subir une défaite face à un sortant. Mais la vraie question, plutôt que la compatibilité entre ministère et mairie, c'est celle entre ministère et campagne électorale", précise-t-on au sein de la CNI.

À coup sûr, rien n'empêchera les ministres qui le souhaitent de candidater en position de conseiller municipal éligible. "Peu de ministres seront tête de liste, mais un paquet sera sur des listes, ne serait-ce que pour les tirer", résumait un conseiller gouvernemental auprès du Parisien au début de l'été.

Cela pourrait d'ailleurs être le cas pour Didier Guillaume à Biarritz. Un poids lourd de LaREM évoque, auprès de BFMTV.com, la possibilité qu'il "entre en collaboration" avec Michel Veunac si celui-ci décidait de se représenter. "Je ne le vois pas entrer en conquête contre Veunac", poursuit cette source, conscient des frictions qui existent déjà entre la parti macroniste et celui de François Bayrou dans certaines villes, notamment Bordeaux. 

La question du nombre maximum d'habitants

Reste le sujet de la taille des communes visées. Si Emmanuel Macron et Édouard Philippe décidaient d'imposer une population maximale de 30.000 habitants aux ministres souhaitant cumuler, Sébastien Lecornu et Marc Fesneau seraient dans l'étiage. 

D'autres membres du gouvernement ont, dans le passé, dirigé des communes qui correspondent également à ce niveau. Il y a notamment Franck Riester (Coulommiers, près de 15.000 âmes), Geneviève Darrieussecq (Mont-de-Marsan, près de 30.000), Jean-Baptiste Lemoyne (Vallery, moins de 600) et Olivier Dussopt (Annonay, près de 17.000). Rien ne dit pour l'heure s'ils envisagent de rempiler. 

Il y a aussi la question, régulièrement évoquée, de la candidature d'Édouard Philippe à Paris, qui impliquerait le désistement volontaire de l'actuel postulant LaREM, Benjamin Griveaux. Quand bien même la campagne de ce dernier patine, avec un risque de dissidence de son ex-concurrent à l'investiture Cédric Villani, le scénario d'une arrivée du Premier ministre à la dernière minute se heurte à des soucis de calendrier politique. Ne serait-ce qu'au vu des nombreux textes compliqués que le gouvernement s'apprête à défendre devant le Parlement.

Darmanin: Tourcoing ou métropole de Lille?

La question du retour de Gérald Darmanin à Tourcoing devrait faire l'objet d'une gestion un peu différente. La ville compte près de 100.000 habitants, compliquant la possibilité d'un cumul - et hypothéquant de fait son maintien au sein du gouvernement, alors même qu'il s'agit de l'un de ses poids lourds politiques. Sauf à ce que le ministre de l'Action et des Comptes publics brigue finalement la métropole européenne de Lille (MEL)...

"Prendre la métropole de Lille, ça ne demande pas de campagne. Or, Darmanin a déjà bien négocié avec certains des 90 maires de communes de la MEL. Dans le passé, Pierre Mauroy avait mis en place un système qui permettait à une quarantaine de communes de moins de 10.000 habitants de faire la balance. C'est celles-là que Darmanin va devoir viser", explique un membre de la CNI.

Dans un tel cas de figure, l'ancien sarkozyste se contenterait d'être conseiller municipal à Tourcoing.

"La campagne pour la métropole, qui a lieu cinq ou six semaines après les municipales, c'est plus une campagne de notable, auprès des élus. Dans l'intervalle, en revanche, les téléphones chauffent sévère."

Jules Pecnard