Attendu au tournant avant son grand oral, Valls tend la main aux Verts

Le Premier ministre assure que les Verts seront "associés" à la politique du gouvernement, s'ils lui votent la confiance.

Le nouveau Premier ministre, Manuel Valls, prononcera mardi le discours de politique générale de son "gouvernement de combat" avec une inconnue de taille, le vote des écologistes à peine sortis du gouvernement, sur fond de morosité d'une partie des socialistes.

Une semaine jour pour jour après sa prise de fonction à Matignon, le chef du gouvernement prononcera ce discours très attendu à 15h00 devant les députés. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, lira le discours au même moment devant les sénateurs.

"C'est ce discours de politique générale qui fixera les grands enjeux des mois à venir", souligne le nouveau porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll.

Il s'agit d'un "discours important, il faut que je me l'approprie", confirme, dans le Journal du dimanche, Manuel Valls qui promet du "concret", à l'image de celui délivré en 1988 par Michel Rocard.

Preuve de l'importance de ce passage obligé pour tout Premier ministre: son prédécesseur, Jean-Marc Ayrault, avait fait naître de premiers doutes dans son camp en livrant le 3 juillet 2012 une prestation jugée terne et sans souffle.

Suspense sur les Verts

Manuel Valls engagera dans la foulée la responsabilité de son gouvernement. Il n'a pas trop de souci à se faire, le PS et ses proches alliés détenant la majorité absolue des 577 sièges.

Le suspense réside cependant dans l'attitude des parlementaires écologistes, secoués par des tensions après la décision de ne pas participer au gouvernement Valls.

Les écologistes d'EELV, dont les chefs de groupes parlementaires ont rendez-vous lundi à 16h00 avec Manuel Valls, ne voteront "pas contre", a assuré samedi le sénateur Jean-Vincent Placé. Mais ils pourraient décider de s'abstenir, ce qui entretiendrait encore la défiance entre les écologistes et le nouveau Premier ministre. Ils prendront leur décision mardi matin.

Manuel Valls a tout fait pour qu'ils fassent partie de son gouvernement. Il assure que les Verts seront "associés" à la politique du gouvernement, s'ils lui votent la confiance. "Plus la majorité est large, plus on sera efficaces", résume-t-il.

Pas d'état de grâce

Manuel Valls, qui ne bénéficie d'aucun état de grâce dans l'opinion, va aussi devoir trouver les mots pour rassurer la centaine de députés socialistes qui souhaitent que le Parlement joue un rôle accru et demandent de nouvelles "orientations" politiques.

Ces députés, issus de plusieurs sensibilités du PS - aile gauche du parti, aubrystes, Gauche populaire -, souhaitent notamment que soit mis fin aux "politiques d'austérité qui ont enfoncé l'Europe dans la récession". Il s'agit aussi pour eux de "réaffirmer et amplifier les choix et les engagements de 2012".

Les Français fixent, eux, comme priorités au gouvernement Valls l'inversion de la courbe du chômage et la baisse des impôts des ménages, selon un sondage Ifop pour le Journal du dimanche.

C.P. avec AFP