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Après le départ de Rugy, qui pour incarner l'orientation écologique de "l'Acte II" du quinquennat?

Brune Poirson, François de Rugy et Emmanuelle Wargon, à l'Elysée le 23 mai 2019.

Brune Poirson, François de Rugy et Emmanuelle Wargon, à l'Elysée le 23 mai 2019. - AFP - Ludovic Marin

Avec cet énième départ contraint de son gouvernement, Emmanuel Macron se trouve confronté, une fois de plus, à des ressources humaines limitées. Les ministres que François de Rugy avait sous sa tutelle font de facto figure de favoris pour le remplacer.

À chaque démission de ministre, le vivier d'Emmanuel Macron s'assèche un peu plus. Après le départ inattendu de François de Rugy du ministère de la Transition écologique et solidaire, le chef de l'État va devoir lui trouver un remplaçant aux épaules solides. Il ou elle devra être capable de porter sur ses épaules les ambitions environnementales de l'Acte II du quinquennat.

Pour l'heure, les ministres que François de Rugy avait sous sa tutelle font figure de favoris par défaut. Il s'agit en premier lieu des secrétaires d'État Brune Poirson et Emmanuelle Wargon, respectivement en charge du développement durable et des collectivités territoriales. Il y a par ailleurs Élisabeth Borne, ministre chargée des Transports.

Emmanuelle Wargon promue?

Problème, contrairement à François de Rugy ou à son prédécesseur, Nicolas Hulot, aucune de ces trois personnalités, malgré leurs compétences techniques, ne bénéficie de la même aura politique. Une donnée non-négligeable dans un contexte où l'écologie est censée être l'un des principaux marqueurs de la suite du quinquennat d'Emmanuel Macron. 

D'autant que François de Rugy, tout comme Nicolas Hulot, bénéficiait du grade de ministre d'État, qui accorde des prérogatives étendues. Il n'est pas coutumier, depuis que cette dénomination existe, de l'accorder à des ministres peu expérimentés sur les plans politique et médiatique. Depuis qu'elle a présenté son projet de loi pour une économie circulaire en Conseil des ministres mercredi dernier, Brune Poirson a accru sa présence sur le devant de la scène. D'où sa captation des projecteurs... pour l'instant.

"Wargon est très bien", estime pour sa part un proche d'Emmanuel Macron. Un pilier du groupe LaREM à l'Assemblée nationale est sur la même longueur d'ondes, moyennant un abandon du grade de ministre d'État. "Ce truc est maudit", glisse l'élu auprès de BFMTV.com, se référant aux précédents Bayrou, Collomb et Hulot, tous ministres d'État, tous démissionnaires. 

Reste la question du profil. Dès son arrivée à son poste à l'automne dernier, Emmanuelle Wargon a été épinglée pour ses travaux de lobbyiste chez Danone, ainsi que pour la rémunération qu'elle y a touché. 

L'éternelle hypothèse Royal

Tout est donc possible. Faute de capacité à se limiter à un jeu de chaises musicales en interne, le président de la République et le Premier ministre Édouard Philippe vont bien devoir chercher ailleurs. Parmi les noms qui circulent, il y a celui de Laurence Tubiana, ex-ambassadrice pour les négociations de la COP21 en 2015, fraîchement nommée à la tête de l'Association française de développement.

"On met cette rumeur à toutes les sauces mais je n'y crois pas. Elle n'est pas politique. Elle n'a pas l'ADN En Marche et n'est pas punchy. Tubiana ne fait rêver que France Inter", souligne un député LaREM bien informé.

Parmi les autres hypothèses, il y a nécessairement celle d'un retour de Ségolène Royal à un ministère qu'elle a occupé sous François Hollande. Éternellement soupçonnée de vouloir être au cœur de l'action publique, l'ex-présidente de la Région Poitou-Charente verra sans nul doute ses prochaines interventions médiatiques surveillées d'un coin de l'œil. D'autant qu'elle a eu l'occasion d'affirmer, sur France Inter le 17 juin, "avoir bon espoir" que le gouvernement monte en cadence sur les dossiers environnementaux.

Dans le vivier écologiste Macron-compatible, il y a par ailleurs Pascal Canfin et Pascal Durand. Le premier vient toutefois d'accéder à la présidence de la Commission environnement à Bruxelles, un poste à haute responsabilité. Le second, ex-secrétaire national d'EELV, désormais député européen LaREM, est une hypothèse plus plausible.

Scénarios improbables

Reste les scénarios plus improbables, comme la nomination de l'écologiste Matthieu Orphelin, député ex-LaREM devenu sans étiquette, en première ligne dans la bataille contre la ratification du traité CETA. Invité la veille de RTL, le proche de Nicolas Hulot assurait qu'il n'était pas intéressé par un quelconque poste au sein du gouvernement. Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent, dit le dicton d'Henri Queuille. Toutefois le choix de Matthieu Orphelin semble porter en lui les germes qui avaient incité, déjà, Nicolas Hulot à démissionner.

Autre possibilité, celle d'inviter Cédric Villani à étoffer l'équipe d'Édouard Philippe. Ex-candidat à la candidature LaREM pour les municipales à Paris, le mathématicien entretient le suspense sur ce qu'il fera à l'automne, à savoir entrer ou non en dissidence face à Benjamin Griveaux, le candidat choisi. Outre ses compétences techniques indiscutables, sa nomination permettrait de retirer ce caillou politique de la chaussure d'Emmanuel Macron dans la capitale.

Une chose est certaine, la succession de François de Rugy devrait prendre plusieurs jours à se dénouer. 

Jules Pecnard