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Rassemblement national

Sur qui peut encore compter Jean-Marie Le Pen au FN?

Marion Maréchal-Le Pen, Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch

Marion Maréchal-Le Pen, Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch - Bertrand Guay - AFP

Menace puis rétropédalage, Jean-Marie Le Pen fait planer au-dessus du Front national un risque de scission depuis sa suspension et la remise en cause de son titre de président d'honneur. S'il venait à mener une nouvelle bataille, sur quels soutiens l'ancien candidat à la présidentielle pourrait-il compter?

La menace est tombée mercredi soir: Jean-Marie Le Pen n’exclut pas de fonder un nouveau parti politique dissident du Front national, dont il était déjà l’instigateur en 1972. Un mouvement pour défendre le "courant national" qu’il juge délaissé au sein du FN d’aujourd’hui, lancé dans une opération de dédiabolisation. Son mantra: un "FN gentil, ça n’intéresse personne". Il est "libre, je ne peux pas empêcher les initiatives parallèles individuelles", s’est contenté de répondre Marine Le Pen, visiblement lassée par les échanges familiaux par médias interposés. Craint-elle une scission de la part de son père? "En aucune manière", a-t-elle rapidement évacué.

Jean-Marie Le Pen lui-même dément cette option dans un entretien à Paris Match. Mais que se passerait-il si Jean-Marie Le Pen, qui se sentait capable encore récemment de se lancer dans la bataille des régionales en Paca, ou ses proches, lançaient un parti? Sont-ils nombreux maintenant qu'il a été publiquement "désavoué"? Si c’était le cas, "il s’agirait plutôt de la vieille garde, aigrie et très isolée, nostalgique du Front national d’antan", prédit un cadre du FN interrogé par BFMTV.com, et qui a souhaité rester anonyme. L’ordre a été donné: silence radio dans les médias.

"Quelques mousquetaires ont pris ma défense"

En effet, la nouvelle génération d’élus et de cadres parmi lesquels Florian Philippot, Steeve Briois ou Louis Aliot pour les plus connus, s’est détachée des thèmes originels et suit la ligne établie par leur présidente. "Seuls quelques mousquetaires courageux ont pris ma défense (lors du bureau politique): Bruno Gollnisch, Marie-Christine Arnautu, Alain Jamet", confirme Jean-Marie Le Pen à Paris Match. "Outre cette minorité, les gens sont navrés et déplorent les dérapages" de Jean-Marie Le Pen, précise encore cet élu qui ne veut pourtant pas le "renier" à l’instar des sénateurs Stéphane Ravier (Marseille) et David Rachline (Fréjus) ou d'un Wallerand de Saint-Just (Paris) interrogés avant les derniers épisodes de la saga.

Dans les faits, lundi lors du bureau politique, Jean-Marie Le Pen a pu compter sur deux fidèles pour voter contre sa sanction: Bruno Gollnisch et Alain Jamet. Lors du bureau politique, raconté par L’Obs, seul le premier lui est venu en aide à l’oral, sans affronter réellement Marine Le Pen, minimisant simplement les propos tenus sur les chambres à gaz et Pétain. Bruno Gollnisch est un historique du FN, mais il s’était brouillé avec son fondateur quand ce dernier lui avait préféré sa fille pour prendre la relève en 2011. Le second, Alain Jamet, moins connu du public, occupe le poste de vice-président du FN et connaît Jean-Marie Le Pen depuis leurs études communes de droit au début des années 50. 

D’autresd comme Marie-Christine Arnautu, ancienne conseillère régionale FN d’Ile-de-France, candidate à la mairie de Nice puis députée européenne, ou Huguette Fatna, une amie de la famille Le Pen et membre du bureau, comptent parmi les fidèles reconnus. Pourtant, elles ont voté en faveur d'une sanction lundi, donc en faveur de Marine Le Pen, appelant "Jean-Marie" à laisser sa place. Même sa petite-fille Marion Maréchal-Le Pen, dont le patriarche est proche, a préféré prendre ses distances.

Jean-Marie Le Pen sauvé par les militants?

Dans la case de ses proches, on retrouve surtout des membres issus du FN du Sud, par opposition à celui du Nord et de l’Est plus récent, qui pourraient suivre le "président" dans une dernière bataille. Leur credo: la lutte contre l’immigration et la préférence nationale. De manière générale ils se font discrets pour le moment.

Reste alors deux options. Pour Jean-Marie Le Pen, ce sont les adhérents qui voteront sur son statut de président d'honneur lors du congrès annoncé. Pour ses proches, déçus ou éjectés du FN version Marine Le Pen, le Parti de la France (PDF) de Carl Lang, créé en 2009 par ce dissident, suspendu pour s’être présenté contre la future présidente lors des européennes. Dans ses bagages au PDF se trouvent déjà des historiques du Front. Inquiétant? "Au FN", persifle un cadre, "on appelle le PDF la poubelle du Front".

Samuel Auffray avec Yann Duvert