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Rassemblement national

Municipales: le FN rêve de Marseille

Stéphane Ravier, candidat FN aux municipales à Marseille, est bien positionné dans les sondages.

Stéphane Ravier, candidat FN aux municipales à Marseille, est bien positionné dans les sondages. - -

Le candidat du Front national pourrait créer la surprise lors des municipales à Marseille. Une ville dans laquelle le parti de Marine Le Pen n’a jamais obtenu de résultats dans le passé.

Il est encore peu connu en France mais comme d’autres candidats locaux du Front national, son nom pourrait vite devenir familier. Stéphane Ravier, 43 ans, est le candidat du FN aux élections municipales de Marseille. Et à six mois du scrutin, l’avenir s’annonce plutôt radieux: un sondage Ifop pour le JDD le place en deuxième position derrière Jean-Claude Gaudin, maire UMP, avec 25% des voix.

Selon Europe 1, le candidat de Marine Le Pen obtiendrait même plus de 30% dans trois secteurs de Marseille, dont les terres de Jean-Claude Gaudin. Même chose dans les 6e et 7e secteur, fief de Sylvie Andrieux, députée PS des Bouches-du-Rhône condamnée pour détournements de fonds.

Selon l’Ifop, c’est auprès des personnes âgées que Stéphane Ravier marque des points (25%), ainsi qu’auprès des artisans et des commerçants (43%): "ils représentent un relais volontaire, ils sont en contact direct avec les Marseillais, ça m’aide à prendre la température dans les quartiers", explique le candidat.

Le FN et Marseille, une relation paradoxale

Le FN mise donc beaucoup sur Marseille, au point d'y organiser son université d'été, les 14 et 15 septembre. Pourtant, le parti a toujours eu une relation paradoxale avec la deuxième ville de France. "Le terrain politique et l'histoire de la ville sont très favorables au FN, qui s'y est implanté dès les années 80, analyse le chercheur Joël Gombin. Mais les résultats municipaux ont toujours été décevants, à cause de batailles internes et de conjonctures défavorables."

La fédération des Bouches-du-Rhône a aussi été la cible privilégiée de notables du FN, dont Jean-Marie Le Pen, qui se sont longtemps bousculés pour s'y présenter. "L'arrivée de Marine Le Pen à la tête du FN a changé la donne", explique Joël Gombin. La présidente a choisi de laisser Stéphane Ravier, bien implanté localement, reprendre la direction de la fédération.

Le seul candidat officiel

Si Stéphane Ravier a le vent en poupe, c’est aussi parce qu’il est le seul candidat officiel aux municipales. Jean-Claude Gaudin, bien parti pour se représenter, ne l’a pas encore fait officiellement. Quant au PS, il est encore en pleine campagne pour désigner son candidat. "La campagne n’a pas encore officiellement commencé, mais les évènements récents attirent les médias et font parler de la ville et de l'insécurité, explique Joël Gombin. Le FN ne peut donc qu’en profiter".

Mais Joël Gombin avertit: "dans l’absence d’adversaires officiels et identifiés, il faut se méfier des sondages." Jean-Claude Gaudin, lui, souligne de son côté que le sondage du JDD a été fait durant la semaine où "Marseille a dû supporter un ‘bashing’ extraordinaire venu de toute la presse nationale". 

Le PS plombé localement

Le maire actuel de Marseille, que Stéphane Ravier se plaît à surnommer "le directeur de l’office de tourisme", en référence aux récents évènements culturels dans la ville, est la cible numéro un du candidat FN qui l'attaque sur "son absence de bilan".

Vient ensuite le PS, plombé localement par des affaires de corruption et de clientélisme: "puisqu’il n’a pas été aux affaires à Marseille, le FN a beau jeu de dénoncer ce système dans lequel il n'a pas été impliqué, affirme Joël Gombin. Pourtant, à Marseille, c'est un objet facile de dénonciation, alors qu’ils sont nombreux à tremper dedans".

Un contexte général qui permet au candidat Ravier de renvoyer dos à dos les deux partis. "En ce moment, la conjoncture politique est la plus favorable possible au FN", reconnaît Joël Gombin. A Marseille, le parti de Marine Le Pen ambitionne de devenir plus qu'un simple poil à gratter. 2014 pourrait être l'occasion pour le FN de s'imposer comme la deuxième force politique de la ville.

Ariane Kujawski