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Rassemblement national

Marine Le Pen s'en prend à nouveau aux médias

Marine Le Pen lors d'un meeting à Nantes, dimanche 26 février.

Marine Le Pen lors d'un meeting à Nantes, dimanche 26 février. - Jean-François Monier - AFP

En meeting à Nantes dimanche, la candidate du FN a durci son discours et attaqué notamment les médias, qu'elle accuse de soutenir la candidature d'Emmanuel Macron. Une stratégie classique pour un candidat à l'élection présidentielle.

La stratégie du FN n'est pas nouvelle. Mais dimanche lors de son meeting à Nantes, Marine Le Pen a durci encore un peu plus le ton, en s'en prenant violemment aux médias.

Dans son viseur notamment, Le Monde qui faisait ce week-end sa une sur les affaires de financement du FN et ses ennuis judiciaires, mais aussi les médias détenus par Patrick Drahi (propriétaire de SFR Média, groupe auxquels appartiennent BFMTV, L'Express et Libération) qui seraient "entièrement au service de monsieur Macron". "Dans cette élection, les médias ont choisi leur camp: ils font campagne de façon hystérique pour leur poulain", a dénoncé Marine Le Pen. 

Des propos relayés par Florian Philippot sur BFMTV lundi matin: "On a le droit de critiquer les médias", a lancé le vice-président du FN après avoir détaillé ses accusations contre BFMTV. 

Jean-Marie Le Pen dans les années 80

Si le ton s'est durci ces derniers jours vis-à-vis des médias, la stratégie d'attaque n'a rien de neuf. Elle rappelle même les accusations de Jean-Marie Le Pen, qui se disait régulièrement victime du désintérêt des médias lorsqu'il dirigeait le FN. "Dans les années 80 et 90 déjà, Jean-Marie Le Pen apostrophait les journalistes", se souvient Sylvain Crépon, spécialiste du FN. Attaquer le système médiatique, c'est donc "propre au FN mais aussi aux partis populistes. Le parti dénonce les élites, dont font partie les médias. D'autres à droite et à gauche s'en prennent à eux, c'est le cas de Jean-Luc Mélenchon par exemple." 

Les attaques de Marine le Pen sont d'autant moins neuves que d'autres du même style ont déjà été remarquées à l'étranger: elles rappellent notamment celles de Donald Trump durant la campagne présidentielle américaine. Candidat républicain à la Maison Blanche, celui-ci avait attaqué directement certains médias qui ne lui étaient pas favorables. Et poursuit son entreprise maintenant qu'il est au pouvoir: plusieurs grands médias nationaux, comme le New York Times et CNN, ont été attaqués par le président en conférence de presse - lorsqu'ils y étaient invités.

Marine Le Pen n'a pas caché sa satisfaction de voir Donald Trump élu président des Etats-Unis. "L'élection de Trump a montré qu'on pouvait être élu en développant un discours méprisant et moqueur vis-à-vis de la presse", explique Bruno Cautrès, politologue au Cevipof. De quoi renforcer la candidate dans sa stratégie. 

La théorie du complot

Surtout, pour le politologue, "les attaques de Marine Le Pen renforcent son électorat dans l'idée qu'il existe un complot pour l'empêcher d'accéder au pouvoir." Un phénomène qui explique aussi pourquoi l'accumulation d'affaires politico-judiciaires touchant le FN n'affecte en rien sa place dans les sondages.

"Cela lui permet de se montrer comme une candidate hors système, c'est très adroit", ajoute Sylvain Crépon. Et de souligner "l'ambivalence" d'une telle attitude. Car pour sa campagne et la diffusion de ses idées, "le FN a autant besoin des médias que les autres partis". 

Ariane Kujawski et Charlie Vandekerkhove