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Rassemblement national

Longtemps modèle pour la Ligue italienne, Marine Le Pen cherche désormais son soutien

Marine Le Pen et le secrétaire de la Ligue du nord italienne Matteo Salvini en janvier 2016

Marine Le Pen et le secrétaire de la Ligue du nord italienne Matteo Salvini en janvier 2016 - GIUSEPPE CACACE / AFP

Marine Le Pen, dont le parti a montré la voie à la droite nationaliste en Europe et a inspiré la Ligue italienne, table désormais sur l'expérience de son allié au pouvoir pour l'aider aux Européennes de mai 2019.

"Voter pour moi, c'est voter pour elle", vantait il y a cinq ans une affiche de la Ligue du Nord montrant Matteo Salvini, chef du parti italien d'extrême droite, aux côté de Marine Le Pen.

"Quand j'ai rencontré Matteo Salvini, en 2014, la Ligue faisait 3%. Il était venu me voir à Paris et m'avait demandé de faire un selfie avec lui, et les Italiens en avaient fait une affichette", raconte la présidente du Rassemblement national.

Le FN, désormais Rassemblement national (RN), a longtemps été "le fer de lance de la droite nationaliste en Europe, alors que la Ligue était à ses débuts séparatiste. Et c'est en allant vers le logiciel du FN que la Ligue du Nord est devenu un parti nationaliste", explique le politologue Jean-Yves Camus. Au parlement européen aussi, la figure dominante au sein du groupe ENL (Europe des nations et des libertés) a toujours été le FN plutôt que la Ligue.

Un soutien sans faille

Mais Marine Le Pen n'a pas franchi la marche du pouvoir, alors que Matteo Salvini est devenu au printemps ministre de l'Intérieur et figure de proue d'un gouvernement de coalition avec la formation antisystème 5 Etoiles. Aujourd'hui, c'est donc désormais Marine Le Pen qui cherche le soutien de son allié italien en vue des élections européennes de mai 2019.

"Nos alliés italiens le font. Nous le ferons", pouvait-on lire en juin sur des visuels du RN déclinés au gré des premières décisions italiennes, du rejet des clandestins à celui des accords commerciaux multilatéraux comme le Ceta.

Le 26 août, Marine Le Pen a tweeté en italien pour apporter son "soutien" à Matteo Salvini face aux juges "qui veulent retirer le pouvoir au peuple", alors que le ministre italien est visé par une enquête pour séquestration des migrants retenus à bord du navire Diciotti

Le Rassemblement national "marginalisé"

Comme son allié italien et le Premier ministre national-conservateur hongrois Viktor Orban, Marine Le Pen s'inscrit dans un clivage entre "nationaux" et "mondialistes" au scrutin européen. La rencontre entre MM. Orban et Salvini mardi à Milan est à cet égard "fondatrice", selon elle.

Mais "ce qui manque à Marine Le Pen pour accéder au pouvoir, c'est de forger des alliances avec la droite", comme le FPÖ en Autriche ou comme Salvini avec Silvio Berlusconi, note Gilles Ivaldi, chercheur au CNRS sur les populismes et l'extrême droite.

Aux Européennes de 2014, "avec 25% des voix, le RN avait le leadership au niveau européen. Aujourd'hui, avec ses difficultés financières et les affaires, il apparaît marginalisé par un axe Orban-Salvini". Marine Le Pen est désormais également concurrencée sur le terrain des idées par le Républicain Laurent Wauquiez, à la tête d'une formation qui a déjà exercé le pouvoir, et par Nicolas Dupont-Aignan, qui entend incarner une alternative moins sulfureuse.

"Il ne faut pas surestimer les effets de contagion" à ces élections, qui se joueront sur la question migratoire mais aussi sur des thématiques propres à chaque pays, selon Gilles Ivaldi. Reste que "la légitimité accrue des partis nationalistes en Europe sert le RN, car elle le sort du ghetto où les autres partis ont voulu le contenir", soutient Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos.

Me.R. avec AFP