BFMTV
Europe

Immigration: en Europe, l'émergence d'un front anti-Macron

Le ministre de l'Intérieur italien et le chef de l'Etat hongrois ont marqué mardi leur volonté de faire front commun contre l'immigration en Europe et marqué leur opposition à Emmanuel Macron.

Le ministre de l'Intérieur italien Matteo Salvini, homme fort du gouvernement, a rencontré ce mardi à Milan le Premier ministre national-conservateur hongrois Viktor Orban, connu pour ses fortes positions anti-immigration. Une rencontre que certains voient avec inquiétude comme un changement de cap de l'Italie en Europe, à moins d'un an des prochaines élections européennes.

Les deux hommes, partisans d'une ligne dure contre les migrants arrivant en Europe, ont confirmé mardi devant la presse leur accord sur la nécessité de "défendre les frontières" contre l'immigration.

"Notre objectif est d'aider là où il y a des problèmes", en Afrique notamment, "pas d'apporter les problèmes chez nous", a déclaré Viktor Orban.

Les deux hommes se sont trouvés un ennemi commun en Emmanuel Macron, le leader d'un "camp favorable à l'immigration" pour le chef de l'Etat hongrois et l'incarnation des "élites européennes du monde financier" pour Matteo Salvini. Ce dernier a interdit à plusieurs reprises des navires transportant des migrants d'accoster en Italie. Viktor Orban a lui construit des barrières en barbelés sur plusieurs centaines de kilomètres à la frontière serbo-croate.

"Nous travaillons à la construction d'une autre Europe"

"Aujourd'hui marque le début d'un chemin que nous allons entreprendre au cours des prochains mois pour une Europe différente", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse commune.

Mais le ministre de l'Intérieur semble vouloir aller plus loin et prendre avec Viktor Orban la tête d'un front souverainiste en vue des élections européennes du printemps 2019.

"Nous misons sur un axe, nous verrons ce qu'il sera possible de faire ensemble. Nous travaillons tous à la construction d'une autre Europe", a-t-il déclaré.

Le positionnement de Matteo Salvini n'est pas au goût de tous. L'Italie a choisi d'être "le strapontin du sud" des pays membres du groupe de Visegrad (République tchèque, Hongrie, Pologne et Slovaquie), hostiles à l'immigration, déplore ainsi l'ancien Premier ministre italien et commissaire européen Mario Monti, dans une tribune parue lundi dans le Corriere della sera.

"L'Italie brûle les ponts avec ses alliés traditionnels, menace d'une défection improbable, alimente la défiance et frappe à la porte des ennemis au nom d'une affinité idéologique anti-immigration, qui ne correspond pas aux vrais intérêts nationaux", s'alarme mardi ce même journal.

"Je ne céderai rien aux nationalistes", réagit Macron

Trois mois après l'arrivée au pouvoir du premier gouvernement populiste dans un pays fondateur de l'Union européenne, Matteo Salvini continue de tirer à boulets rouges sur cette Europe, coupable selon lui, d'avoir abandonné l'Italie, contrainte de gérer seule les quelque 700.000 migrants arrivés sur ses côtes en quatre ans.

"Il est clair qu'aujourd'hui en effet se structure une opposition forte entre nationalistes et progressistes", a réagi Emmanuel Macron au micro de BFMTV, en déplacement au Danemark. "Je ne céderai rien aux nationalistes et à ceux qui prônent ce discours de haine. S'ils considèrent que je suis leur opposition principale, ils ont raison", a-t-il jugé.
Liv Audigane, avec AFP