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Italie: Matteo Salvini persiste et refuse le débarquement de 150 migrants

Matteo Salvini lors d'une conférence de presse le 25 juin 2018 à Rome.

Matteo Salvini lors d'une conférence de presse le 25 juin 2018 à Rome. - TIZIANA FABI / AFP

Le ministre italien de l'Intérieur refuse une fois de plus l'entrée à 150 migrants actuellement bloqués en Sicile.

Une semaine après le sauvetage de près de 200 migrants par le navire Diciotti, le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini poursuit sans relâche son combat pour empêcher le débarquement des quelque 150 adultes encore à bord.

"Personne ne débarquera en Italie sans mon autorisation", a réitéré ce jeudi Matteo Salvini à la radio, assurant refuser que l'Italie ne devienne "un camp de réfugiés" pour le compte du reste de l'Europe.

Le Diciotti a secouru dans la nuit du 15 au 16 août 190 migrants. Treize d'entre eux ont été débarqués pour des raisons sanitaires sur l'île de Lampedusa, puis le navire a accosté ce lundi à Catane, en Sicile.

Bras de fer avec les magistrats et l'UE

Résolu à empêcher coûte que coûte le débarquement des 177 personnes restées à bord, Matteo Salvini a engagé depuis un bras de fer avec à peu près tout le monde : des magistrats qui enquêtent sur une éventuelle séquestration de personnes au président de la République Sergio Mattarella, inquiet pour l'image de l'Italie, en passant par ses partenaires européens, accusés de ne pas tenir leurs promesses. Le procureur sicilien d'Agrigento a ouvert une enquête pour "séquestration de personnes", mais Matteo Salvini fait la sourde oreille.

Matteo Salvini a dû toutefois céder ce mercredi en ce qui concerne les mineurs non accompagnés, et 27 migrants, âgés de 14 à 16 ans, ont débarqué tard dans la nuit. Certains portaient encore les traces de leur séjour en Libye.

"Un d'entre eux ne voit plus très bien, il a les pupilles dilatées, parce qu'il m'a raconté avoir été détenu dans le noir pendant un an", a raconté Nathalie Leiba, psychologue auprès de l'ONG Médecins sans frontières, qui a pu venir en aide à certains de ces jeunes migrants.

Les adultes devront attendre en dépit des pressions qui se renforcent. Ces migrants "vivent et dorment sur le pont, il n'y a pas de douche et il y a seulement deux toilettes", explique Daniela De Robert, membre d'une délégation de l'institution officielle italienne en charge des droits des détenus qui a pu se rendre à bord.

"Hors de question" de rentrer en Libye

"Sur le Diciotti il n'y a que des immigrés illégaux" n'ayant pas le droit à la protection humanitaire réservée aux réfugiés, a assuré ce jeudi Matteo Salvini, après le débarquement des 27 jeunes migrants, presque tous originaires de l'Erythrée. Ce pays a imposé un service militaire obligatoire, assimilable à de l'esclavage pour les Nations unies. "Soit l'Europe commence à défendre sérieusement ses frontières et partage l'accueil des immigrés, soit nous commencerons à les ramener dans les ports d'où ils sont partis", avait déclaré Matteo Salvini ce mardi.

Hors de question, a rétorqué Mohamad Siala, ministre des Affaires étrangères du gouvernement d'union nationale (GNA) en Libye. Ce retour serait une "mesure injuste et illégale" car la Libye compte déjà "plus de 700.000 migrants", a-t-il répondu ce mercredi.

Jeudi, Matteo Salvini a encore haussé la barre, assurant qu'il n'était pas question d'autoriser plus de débarquements avant d'avoir obtenu des explications des pays de l'UE ayant promis d'accueillir des migrants arrivés en Italie en juillet.

"Vous vous souvenez des 450 migrants arrivés en juillet? L'Allemagne avait promis d'en accueillir 50, elle en a pris 0. Le Portugal avait accepté d'accueillir 50, il en a pris 0. L'Espagne avait accepté d'accueillir 50, elle en a pris 0", a-t-il écrit sur Facebook.

A Bruxelles, la Commission européenne assure avoir établi des contacts avec plusieurs pays de l'UE pour tenter de trouver une solution au cas Diciotti.

J.B avec AFP