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Rassemblement national

Le rappeur Médine offre à son public d'Agen une piñata à l'effigie d'élus RN, l'extrême droite s'indigne

Les tweets du rappeur Médine affichant les photos de la piñata à l'effigie d'une élue RN

Les tweets du rappeur Médine affichant les photos de la piñata à l'effigie d'une élue RN - BFMTV

Le rappeur havrais a provoqué l'indignation de l'extrême droite après avoir collé les visages d'élus du RN et d'un cadre de Reconquête sur une piñata lors d'un concert à Agen. Marine Le Pen dénonce les "menaces du rappeur islamiste".

Une "infamie", un "appel à la violence", une "odieuse mise en scène"... Ce lundi soir, plusieurs cadres du Rassemblement national se sont insurgés - une fois n'est pas coutume - contre le rappeur Médine.

Deux jours auparavant, l'artiste havrais, qui se produisait sur la scène du Florida à Agen (Lot-et-Garonne), avait fait pendre du plafond une piñata à l'effigie de la députée RN de Gironde Edwige Diaz, la conseillère municipale RN de Lormont (Gironde) Julie Rechagneux et le coordinateur Reconquête du Lot-et-Garonne Geoffroy Gary et l'a "offerte en pâture au public, qui s'en est facilement occupé", selon nos confrères de Sud-Ouest.

Il répondait ainsi à la polémique créée par ces élus d'extrême droite de Nouvelle-Aquitaine, opposés à sa venue dans une salle subventionnée par l'État.

Edwige Diaz avait même demandé à la salle de concert de déprogrammer "ce rappeur dont les propos sont choquants, sur scène comme hors scène, et dont l'attitude semble relativement éloignée des valeurs de la République".

"Ennemi" de l'extrême droite

Le rappeur de 40 ans est fréquemment pris pour cible par la droite, à laquelle il répond sans concession. Au début du mois, le député RN du Tarn Frédéric Cabrolier et le maire LR de Lavaur (Tarn) Bernard Carayon s'étaient eux aussi opposés à la venue de Médine à Albi pour "risque de troubles à l'ordre public".

En guise de réponse, l'artiste avait posté sur ses réseaux sociaux une vidéo où il lançait des fléchettes sur le portrait des deux hommes. Une provocation contre laquelle ils ont annoncé porter plainte.

C'est d'ailleurs par la voie juridique que le Rassemblement national semble vouloir condamner les "dérives" agenaises de Médine. "La Justice doit désormais se saisir au plus vite pour faire condamner ces ignominies", a tweeté la présidente du groupe RN à l'Assemblée Marine Le Pen qu'il a qualifiée d'"ennemie" en avril dernier à l'occasion de la présidentielle. L'une des principales intéressées, Julie Rechagneux a, elle, assuré qu'elle ne "laisser[ait] pas cette affaire sans suite".

De son côté, Jordan Bardella, président du parti, espère que "toute la classe politique (...) condamnera clairement" cet "appel à la violence".

"Le rappeur Médine désigne ces élues comme des cibles à son fan club islamo-gauchiste", explique-t-il.

Un "rappeur islamiste" selon le RN

Plusieurs députés du groupe, comme Marine Le Pen, Laure Lavalette ou encore Julien Odoul, ont parlé d'un rappeur "islamiste". Une qualification contre laquelle il avait annoncé porter plainte en février 2021.

À l'époque, la députée de la majorité Aurore Bergé s'en était également prise à Médine avec ce terme. Une référence directe à son morceau Don't Laïk, paru une semaine avant l'attentat contre Charlie Hebdo, où il rappe notamment: "Crucifions les laïcards comme à Golgotha [...] J'mets des fatwas sur la tête des cons." Le titre avait suscité la polémique à l'époque, puis en 2018, lorsque plusieurs concerts du rappeur avaient été annoncés au Bataclan.

Médine s'était alors défendu dans Mediapart: "Elle me colle une idéologie qui n’est, bien sûr, pas la mienne. C’est la fois de trop. J’attends une condamnation et des excuses publiques."

Théo Putavy