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Rassemblement national

Jean-Marie Le Pen trouve qu'"on a été très dur avec Pétain"

Jean-Marie Le Pen a répondu aux questions de Rivarol, qui avait qualifié sa fille de "gourgandine".

Jean-Marie Le Pen a répondu aux questions de Rivarol, qui avait qualifié sa fille de "gourgandine". - Alain Jocard - AFP

Quand le fondateur du Front national parle à Rivarol, il n'hésite pas à critiquer la ligne politique de sa fille et à réitérer ses propos minimisant la Shoah. Auprès de l'hebdomadaire d'extrême droite, il dit tout le mal qu'il pense de la ligne qui voudrait dédiaboliser le FN.

Jean-Marie Le Pen persiste et signe. Après avoir à nouveau déclaré sur BFMTV que les chambres à gaz étaient un détail de l'histoire, et avoir estimé qu'il y avait d'"ardents pétainistes" au Front national, le fondateur du parti d'extrême droite confirme ces propos dans une interview à paraître ce jeudi dans Rivarol, l'hebdomadaire traditionnel de l'extrême-droite.

Pas un hasard que Jean-Marie Le Pen s'exprime dans les colonnes de Rivarol, comme il le fait de temps en temps. En juillet dernier déjà, il y critiquait la mise à l'écart des militants les plus radicaux du Front national. Il faut dire que Rivarol est l'hebdomadaire historique de l'extrême droite, ouvertement pétainiste, qui se dit "persécuté par la justice", régulièrement poursuivi par "le Mrap, la Licra, la Ligue des Droits de l'homme et autres lobbies", selon leurs termes. 

"L'on a été très sévère" avec le maréchal Pétain

Mais la publication a une relation tumultueuse avec le Front national. Rivarol a eu des démêlées judiciaires avec Marine Le Pen, qui avait attaqué l'hebdomadaire pour l'avoir qualifié de "gourgandine" [femme légère, NDLR]. Jean-Marie Le Pen avait alors qualifié le directeur de la publication de "taliban hystérique".

C'est donc vers cette publication que Jean-Marie Le Pen s'est tourné pour déclarer: "Je n'ai jamais considéré le maréchal Pétain comme un traître", avant d'ajouter: "L’on a été très sévère avec lui à la Libération. Et je n’ai jamais considéré comme de mauvais Français ou des gens infréquentables ceux qui ont conservé de l’estime pour le Maréchal."

Jean-Marie Le Pen se sent "trahi par les siens"

Aujourd'hui, l'hebdomadaire n'hésite pas à comparer la position de Marine Le Pen, qui a rejeté les propos de son père, à celle de Judas trahissant Jésus, à l'occasion de Pâques. Une comparaison que Jean-Marie Le Pen ne renie pas complètement, en répondant que "l'on n'est jamais trahi que par les siens."

A 86 ans, celui qui est toujours président d'honneur du FN se présente donc comme "combattant", et prend la défense des candidats du parti mis à l'écart à cause de divers dérapages: "la direction du mouvement craint, à mon sens de manière excessive, la malveillance de nos adversaires".

Attaque directe à Florian Philippot 

A l'occasion de cette interview, Jean-Marie Le Pen s'en prend directement à l'un des stratèges de la dédiabolisation du FN: Florian Philippot. Sans le citer, l'ancien candidat à la présidentielle étrille le passé chevènementiste de certains membres de l'entourage de Marine Le Pen. Ce qui est le cas de l'eurodéputé. 

A ce sujet, il indique que "l’origine politique de certains actuels dirigeants du Front a plus d’importance que leur comportement personnel". "Je pense à l’influence nocive d’un homme que je trouve pour ma part tout à fait détestable: Jean-Pierre Chevènement", poursuit-il. Pour Jean-Marie Le Pen, il y a là un fond de "marxisme", ce qui est loin d'être un compliment dans sa bouche.

L'immigration, sujet récurrent

Mais le patron historique du FN s'en prend aussi à Manuel Valls, via un de ses sujets de prédilection: l'immigration. "Nous sommes gouvernés par des immigrés et des enfants d’immigrés à tous les niveaux", lâche-t-il, citant le Premier ministre, né à Barcelone. Il vise notamment la campagne de Manuel Valls lors des départementales, où le chef du gouvernement avait attaqué frontalement son mouvement. "Je n’ai rien contre le fait que Valls ait les mêmes droits civiques que moi mais cela ne lui donne pas l’autorisation de me donner des conseils ou de me faire des remontrances sur le plan de la morale civique", glisse Jean-Marie Le Pen. 

J.S