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Rassemblement national

Endométriose, allocations familiales et écriture inclusive au menu de la niche parlementaire RN

Jean-Philippe Tanguy, président délégué du groupe de députés RN, à l'Assemblée nationale le 17 février 2023

Jean-Philippe Tanguy, président délégué du groupe de députés RN, à l'Assemblée nationale le 17 février 2023 - Ludovic MARIN / AFP

Le 12 octobre prochain, les députés du parti d'extrême droite pourront mettre leurs propositions de loi à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale. L'occasion de défendre leurs marottes mais aussi de poser des difficultés aux autres groupes parlementaires.

C'est une journée lors de laquelle le Rassemblement national espère tendre des pièges à ses adversaires, tout en défendant certaines de ses marottes. Le 12 octobre prochain, les députés du parti d'extrême droite mettent des textes à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale à l'occasion de leur niche parlementaire.

Ce mardi, ils ont présenté leurs propositions de loi dans un ordre qui n'a rien d'anodin puisque, lors de la session dédiée, ils ne pourront plus les défendre à partir de minuit.

Piéger la gauche sur l'endométriose

La première, consensuelle, vise à mettre en difficulté les autres camps, à l'image de la précédente niche parlementaire du RN. Elle consiste à mieux reconnaître l'endométriose, une maladie chronique qui touche entre 1,5 et 2,5 millions de femmes en France et se traduit par des règles douloureuses.

Porteur de cette proposition de loi, Jean-Philippe Tanguy demande d'accorder à l'endométriose un statut d'affection longue durée (ALD) "exonérante", "totalement prise en charge par l'assurance-maladie". Il entend aussi "reconnaître les femmes victimes d'endométriose et qui en expriment le besoin" comme "travailleuses handicapées".

Ce texte sur l'endométriose pourrait mettre la gauche dans l'embarras, notamment La France insoumise qui demande au gouvernement de prendre les devants en "urgence" à ce sujet. Interrogée dans L'Obs, la députée Clémentine Autain avait dénoncé il y a quelques jours "un écran de fumée pour tenter de brouiller la position idéologique du RN", fustigeant le "projet" du parti à la flamme, qui reste "profondément réactionnaire et sexiste", selon elle.

L'insoumise avait elle-même porté une résolution, début 2022, pour que l'endométriose soit reconnue comme une affection de longue durée. Dans son interview pour L'Obs, elle a appelé le ministre de la Santé Aurélien Rousseau à prendre un décret en urgence "pour couper l'herbe sous le pied du RN".

Suspension des allocations familiales

Le deuxième texte du RN porte sur la suspension des allocations familiales pour les parents d'enfants criminels ou délinquants. Soit une mesure déjà mise en avant par le parti de Marine Le Pen, mais aussi par LR, en réponse aux émeutes qui ont agité le pays au début de l'été, après la mort du jeune Nahel par un tir policier.

Cet été, Emmanuel Macron s'était montré ouvert à des sanctions. "Il faudrait qu'à la première infraction, on arrive à sanctionner financièrement les parents", avait jugé le président de la République, dans des propos rapportés par Le Parisien. Néanmoins, le chef de l'Etat disait vouloir "agir au cas par cas" et "pas forcément" en passant par des suspensions d'allocations familiales.

Interdire l'écriture inclusive

La quatrième proposition de loi du RN consiste à interdire l'écriture inclusive "dans les éditions, productions et publications scolaires et universitaires ainsi que dans les actes civils, administratifs et commerciaux".

Le texte en rappelle un autre. Durant l'été 2021, le député RN Sébastien Chenu, soutenu par Marine Le Pen dans sa démarche, avait déposé une proposition de loi similaire. Il s'agissait alors de répondre à la mairie de Lyon, qui avait choisi d'adopter l'écriture inclusive pour sa communication. L'interdiction de l'écriture inclusive figurait dans le programme de Marine Le Pen pour la présidentielle de 2022. L'actuelle cheffe des députés RN l'avait qualifiée de "sacrilège" en novembre 2021, en s'insurgeant contre une publication du Conseil constitutionnel.

Au-delà de ces trois propositions de loi, la niche parlementaire du RN en comporte trois autres visant respectivement à "baisser la facture énergétique des Français et des entreprises", créer un "complément de revenu garanti par l'État pour les étudiants qui travaillent durant leurs études", et à "renforcer le contrôle des déclarations de minorité des étrangers".

À noter également, "une proposition de résolution invitant le gouvernement à accorder l'asile politique à Julian Assange", portée par Marine Le Pen. Placée en septième position dans la niche, elle a néanmoins très peu de chances d'être débattue.

Baptiste Farge avec AFP