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Ce que Jean-Marie Le Pen dit de ses filles dans ses mémoires

Jean-Marie Le Pen évoque ses filles dans le premier tome de ses mémoires.

Jean-Marie Le Pen évoque ses filles dans le premier tome de ses mémoires. - JOEL SAGET / AFP

Dans Fils de la Nation, à paraître ce jeudi, le fondateur du Front national consacre quelques paragraphes à ses trois filles, avec qui les relations ont vite été compliquées. Tiré à 50.000 exemplaires, l'ouvrage a dû être réédité avant sa sortie.

"Il est trop tôt pour parler de mes filles", prévient Jean-Marie Le Pen dans le premier tome de ses mémoires. Mais il en parle tout de même. Au fil des 450 pages de Fils de la Nation, son ouvrage à paraître ce jeudi 1er mars, réedité avant sa parution après l'épuisement des 50.000 premiers exemplaires, le fondateur du Front national consacre quelques paragraphes à ses trois filles. Marie-Caroline, Yann et Marine sont nées en 1960, 1963 et 1968. Ce premier tome s'achève en 1972, date de la fondation du FN, mais il n'est pas question que de leurs premières années.

Comme l'explique Guillaume de Thieulloy, l'éditeur de l'ouvrage contacté par BFMTV.com, Jean-Marie Le Pen a commencé sa rédaction dès les années 70, mais c'est au cours des derniers mois qu'il a réellement pris forme. Rien d'étonnant donc, à ce que l'actualité plus récente fasse irruption dans le récit. 

Un père absent

Dans de précédents ouvrages biographiques sur le clan Le Pen, l'image du père absent et absorbé par la politique ressortait déjà. Elle est confirmée par l'intéressé dans ses mémoires.

"Nous étions plus mari et femme que parents, je l'avoue", explique-t-il à propos du couple qu'il formait avec sa femme Pierrette. "Est-ce un mal, l’indépendance des parents? Mes filles considèrent que oui. Elles ont l’air de m’en faire grief", écrit-il. 

Visite éclair à la maternité

A propos de Yann, la mère de Marion Maréchal-Le Pen, il se trompe d'un an sur sa date de naissance, comme l'ont noté nos confrères de l'Opinion. A la naissance de sa fille Marie-Caroline en 1960, avec laquelle il s'est brouillé il y a une vingtaine d'années, il est retenu prisonnier et entendu par la police, en pleine semaine des Barricades à Alger. 

"Son papa est en taule mais la radio donne le détail de ses menu, ce qui rassure la maman. Je filai à la clinique embrasser ma progéniture et la maman puis résolus d’agir", ajoute-t-il, évoquant sa libération.

De la "pitié" pour sa fille

Sans surprise, c'est de Marine, la benjamine, qu'il parle le plus, dans un registre sans ambiguïté, résumé à la fin du livre.

"Il est trop tôt pour parler de mes filles. Je pourrais en dire du mal, je le fais parfois quand on m'y provoque. Je ne comprends pas tous leurs actes, ni tous les reproches qu'elles me font", avoue l'octogénaire, qui revient sur la défaite de sa fille à la présidentielle et aux législatives, des élections "décevantes".

Vient ensuite une phrase que tout le monde a retenue des bonnes feuilles de l'ouvrage, déjà publiées.

"Elle est assez punie comme cela pour qu'on ne l'accable pas. Un sentiment me domine quand j'y pense: j'ai pitié d'elle", écrit-il. "Elle s'est pliée aux exigences morales et politiques de l'ennemi et cela lui a fait perdre la place unique qu'elle occupait."

L'histoire du chat dévoré par les dobermans

Outre la campagne électorale, il revient sur un autre épisode important de l'histoire plus récente des Le Pen, en 2004: le départ de Marine Le Pen de la propriété familiale de Montretout. La présidente du FN aurait pris cette décision après la mort de son chat, dévoré par les dobermans de son père. Mais c'est une version sensiblement différente que donne le patriarche: 

"Le chat était déjà aux trois-quarts mort, tombé d’un arbre à terre, ils n’ont fait que l’achever en jouant avec lui comme avec une peluche. Cette histoire n’était qu’un prétexte pour rompre. Qui veut tuer son père accuse ses chiens de la rage. Chez les oiseaux, les parents chassent les oisillons du nid pour qu’ils volent de leurs propres ailes; dans la famille Le Pen, c’est l’inverse, l’oiselle a viré l’aigle de son aire pour devenir adulte."

Marine Le Pen applaudie en classe

Dans ce tableau en demi-teinte, un épisode se distingue, quand il évoque les "griefs" de ses filles à son égard. "Je comprendrais mieux qu'elles me reprochent d'avoir été persécutées en classe à cause de moi (...). Les enfants n'osent pas se plaindre, ils ont peur que la réaction de leurs parents ne leur vaillent des persécutions supplémentaires. Ce devait être épuisant pour mes filles", concède-t-il. Puis il raconte ce jour où il a autorisé Marine Le Pen à ne pas aller à l'école, afin de la préserver d'éventuelles réactions aux révélations de Libération sur son rôle pendant la guerre d'Algérie.

"Le jour où Libération a titré (...) Torturés par Le Pen, j'ai dit à Marine 'aujourd'hui, tu peux te dispenser d'y aller'. Elle n'a pas voulu, elle y a été, et ses copines l'ont applaudie quand elle est entrée dans la classe. Elle a du cran", reconnaît-il, ne cachant pas sa fierté.

Le deuxième tome de l'ouvrage est en préparation, confirme Guillaume de Thieulloy, qui se concentre pour le moment sur le succès du premier. Il devrait paraître début 2019, ajoute l'éditeur de Fils de la Nation. Il portera sur la période allant de la fondation du Front national aux derniers jours avant la fin de sa rédaction. Il devrait donc y être plus largement question des arcanes de la famille Le Pen. 

Charlie Vandekerkhove