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Entre son père, sa nièce et son ancien bras droit, Marine Le Pen encerclée de toutes parts

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La situation de Marine Le Pen en ce début d'année 2018 n'est pas plus brillante que dans la seconde partie de l'année 2017. Mais le débat présidentiel manqué face à Emmanuel Macron n'est plus le premier problème de la députée élue dans le Pas-de-Calais. Ce sont désormais les coups de boutoir venant de son ex-lieutenant et de membres de sa famille qui la handicapent le plus.

Son débat présidentiel raté dans les grandes largeurs face à Emmanuel Macron, et sa défaite lors du scrutin du second tour avaient entaché son printemps. Et si sa victoire dans le Pas-de-Calais aux législatives avait paru la rétablir un moment dans l'opinion, l'absence de groupe frontiste à l'Assemblée nationale et ses difficultés à s'y faire entendre avaient suscité de nouveaux nuages au-dessus de la tête de Marine Le Pen. Et ce n'est probablement pas fini...

Jean-Marie Le Pen veut court-circuiter sa fille 

Depuis plusieurs années maintenant, il existe une constante dans la vie de Marine Le Pen: son père la complique. Le 28 février prochain, soit une dizaine de jours avant le congrès du Front national fixé aux 10 et 11 mars, le premier tome des mémoires de celui-ci, Fils de la nation, sortira dans les librairies. Si Jean-Marie Le Pen assure que la juxtaposition est due au plus complet "hasard", les propos du châtelain de Montretout risquant d'interférer avec les paroles de la présidente du FN.

Les mots choisis par le père pour parler de sa fille, avec laquelle il est notoirement brouillé, sont, en outre, des plus durs. Dans le livre à paraître, il explique ainsi avoir "pitié" d'elle. Dans un entretien qu'il a accordé au Point, il persiste et signe: "J'ai un peu honte de son comportement et pitié de ce qu'elle a fait et de l'état dans lequel cela la mettra un jour ou l'autre."

En outre, Jean-Marie Le Pen pourrait se révéler un élément perturbateur de l'événement frontiste à un niveau bien plus direct: il a ainsi menacé, début février, de se rendre au congrès malgré son exclusion. 

Marion Maréchal-Le Pen s'exporte mieux que sa tante 

Marion Maréchal-Le Pen, nièce de Marine Le Pen, apporte aussi une touche personnelle à ce tableau de famille chaotique. Elle qui avait annoncé, avant les législatives, prendre du champ, renonçant à la surprise du parti, et au grand dam de son grand-père, à se représenter dans sa circonscription du Vaucluse, accomplit ces jours-ci un retour tonitruant sur la scène politique.

Dans la presse, ce mercredi, on apprenait qu'elle comptait participer à la "création d'une académie de sciences politiques" qui aurait vocation à être "le terreau dans lequel tous les courants de la droite pourront se retrouver et s’épanouir". 

Mais cette actualité a vite été chassée par sa présence, ce jeudi, à la tribune de la CPAC, aux Etats-Unis, un meeting rassemblant les conservateurs américains où l'on a aussi vu défilé un des patrons du lobby pro-armes, la NRA, et le vice-président Mike Pence. Donald Trump interviendra au même endroit vendredi. Elle a donc bénéficié d'une vitrine internationale de premier ordre, à laquelle sa tante ne peut prétendre avoir accès, elle qui s'était déplacée à la Trump Tower sans être reçue par personne.

Marion Maréchal-Le Pen a bien sûr profité de l'estrade américaine pour faire connaître ses idées politiques à l'étranger: "Non, la France n’est plus libre aujourd’hui. Les Français ne sont plus libres de choisir leur politique économique ou monétaire, migratoire ou même diplomatique. Notre liberté est maintenant entre les mains de l’Union européenne", a-t-elle notamment déclaré. 

Tournée en ridicule au congrès de Florian Philippot 

Comme Marion Maréchal-Le Pen, Florian Philippot a déjà eu sa tribune, et contrairement à Marine Le Pen, il a aussi eu son congrès. L'ex vice-président du Front national qui, tombé en disgrâce, avait claqué la porte du mouvement lepéniste en septembre dernier, est désormais le président de sa propre formation, Les Patriotes, qui revendique 6500 adhérents à ce jour. Celle-ci tenait son congrès fondateur dimanche dernier à Arras. 

Le nom de Marine Le Pen n'y a pas été ménagé. L'eurodéputée Sophie Montel, vice-présidente des Patriotes et elle aussi ancienne du FN, l'a même éreinté. Derrière son pupitre, joignant le geste à la parole, elle a lancé, surnommant son ex-patronne "Miss 3 mai 2017", date de sa confrontation avec Emmanuel Macron: "La nature est ainsi faite que le talent effraie ceux qui en sont dépourvus. Le spectacle de Miss 3 mai 2017, notamment sa chorégraphie folklorique sur l’air de ‘Ils sont là, dans nos villes, dans nos campagnes, sur les réseaux sociaux’ aura fini de m’en convaincre, comme l’ensemble de nos compatriotes : jamais ça !"

Finalement, Marine Le Pen n'en a pas non plus fini avec les fantômes du débat. 

Robin Verner