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Rassemblement national

Au Salon de l'agriculture, Marine Le Pen mise sur le vote rural

Marine Le Pen est venue à son tour prêcher la bonne parole auprès du monde rural jeudi au Salon de l'agriculture.

Marine Le Pen est venue à son tour prêcher la bonne parole auprès du monde rural jeudi au Salon de l'agriculture. - Miguel Medina - FP

Marine Le Pen a labouré le Salon de l'agriculture jeudi, reçue poliment par les agriculteurs, plus chaleureusement par le public, à un mois des départementales où le vote FN pourrait trouver un terreau fertile dans le monde rural.

Après les passages de François Hollande, Manuel Valls et le bal des prétendants de l'UMP, c'était au tour de Marine Le Pen de labourer les allées du Salon de l'agriculture jeudi. L'année dernière la présidente du FN était venue faire une "déclaration d'amour aux agriculteurs français", elle était dans la même dynamique cette année. Portée cette fois par les sondages, elle s'est fixée pour objectif d'y rester 9 heures et donc de battre le record de cette édition 2015, en restant une heure de plus que le Président.

A un mois des départementales, le vote FN pourrait trouver un terreau fertile dans le monde rural. Selon le dernier sondage Ifop publié lundi, le FN y recueille 41% d'intentions de vote. "C'est le type d'espace où le FN est le plus en dynamique", confirme Jérôme Fourquet, directeur du département opinion publique de l'institut.

Arrivée peu avant 10 heures, la dirigeante d'extrême droite devait passer la journée dans la plus grande ferme de France, entourée d'une nuée de caméras et de la foule, pour une visite qui prenait clairement des allures d'opération séduction. La présidente du FN a été reçue poliment par les agriculteurs, plus chaleureusement par le public.

"Les politiques se concentrent sur les grandes métropoles, et des millions de Français vont être rejetés, relégués aux frontières des scanners politiques", a expliqué Marine Le Pen aux journalistes. "Nous avons au FN un gigantesque respect pour le monde rural".

"Notre agriculture ne peut pas être une monnaie d'échange dans le grand souk mondialisé", a assuré l'eurodéputée.

"La Pac, ce n'est pas l'argent de l'UE mais celui de la France

Aux agriculteurs, elle a lancé: "La Pac (Politique agricole commune, ndlr), ce n'est pas l'argent de l'UE mais celui de la France, qui expédie 21 milliards à Bruxelles et en récupère 14 milliards". Là, l'accueil est plus réservé pour un parti qui prône la sortie de l'Union européenne, alors que l'agriculture est le premier poste européen de dépenses. 

"Je pense qu'il y a d'autres politiciens qui représentent mieux la ruralité qu'elle", explique Alexandre Parée, professeur dans un lycée agricole qui lui a présenté sa vache race Bleue du Nord.

Marine Le Pen "vend beaucoup de peur"

Lors de leurs passages au salon, François Hollande, Manuel Valls puis Alain Juppé ont tous mis en garde les agriculteurs face au vote FN. De quoi faire dire à Marine Le Pen qu'il y a une sorte de "panique" du personnel politique face à son parti.

Xavier Beulin, président de la puissante FNSEA, l'a martelé cette semaine. Bien sûr, il y a "un sentiment d'isolement, d'exclusion" dans le monde rural mais pour lui Marine Le Pen "vend beaucoup de peur" et de "rumeurs", notamment sur une sortie de l'euro.

A la Coordination Rurale, certes "on prône de la régulation, du protectionnisme intelligent". Mais "on est des Européens convaincus" et "quand Marine Le Pen se revendique de nous, ça nous énerve", explique son président, Bernard Lannes

En tout cas "Marine Le Pen laboure ce territoire" et y rencontre "une audience très importante (...) pour des raisons sociologiques (les milieux populaires y sont surreprésentés, ces régions sont à faible composante immigrée), géographiques (discours France d'en haut, France d'en bas), pour le sentiment d'abandon, la crise agricole et une délinquance croissante", détaille Jérôme Fourquet.

"Le terreau est propice, il n'y a aucun doute qu'elle va faire un carton dans certains cantons" mais de là à "remporter une majorité de cantons et donc gagner un département, ça c'est une autre paire de manches (...) car le FN n'a pas d'alliés", ajoute-t-il.

Pour Joël Gombin, chercheur spécialiste de la carte FN, "on ne peut pas dire que le rural soit un bastion historique du FN", mais "on observe depuis 2002 un phénomène de rattrapage et de périphérisation du vote FN. Jusque-là, il a plus touché" le périurbain.

K. L. avec AFP