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Franck Riester, le rôle-clé d'un ex-LR pour soigner les relations avec le Parlement

Le ministre de la Culture Franck Riester dans la cour de l'Elysée, le 7 novembre 2019 -

Le ministre de la Culture Franck Riester dans la cour de l'Elysée, le 7 novembre 2019 - - Alain JOCARD / AFP

L'ex-Républicain Franck Riester remplace l'ex-socialiste Olivier Véran au poste de ministre en charge des Relations avec le Parlement. Un choix hautement stratégique face à la majorité relative de l'Assemblée et les refus répétés des oppositions de former un accord de gouvernement.

Le bon profil au bon moment. C'est l'opération qu'a essayée de mener Élisabeth Borne et l'Élysée lors du remaniement au ministère des Relations avec le Parlement. Alors que dans le gouvernement précédent, un ex-socialiste, Olivier Véran, était prévu pour amadouer une opposition marquée à gauche, dans l'organigramme Borne II un ancien LR est chargé cette fois de rameuter des Républicains.

Franck Riester, ancien ministre de la Culture, ex-ministre délégué chargé du Commerce extérieur et de l'attractivité de France, ancien UMP, puis LR et co-créateur du groupe Agir à l'Assemblée en 2017 dont il est le président depuis 3 ans et demi pourrait présenter le CV idéal, tandis qu'un accord de gouvernement a été refusé par toutes les oppositions.

Grande expérience du parlement

Député pour la première fois il y a 15 ans, il a été président de groupe et ministre à deux postes différents. Pour un stratège macroniste interrogé par RTL, l'élu de la Seine-et-Marne "connait tous les aspects du parlement".

Député sortant de la 5e circonscription sous la bannière présidentielle, il a recueilli un peu plus de 53 % des suffrages exprimés à l’issue du second tour des élections législatives face au candidat RN.

Premier député revendiqué gay au palais Bourbon, il a l'image du loyal qui ne fait pas de vagues entre Emmanuel Macron et Édouard Philippe.

Plus rond

Ministre des Relations avec le Parlement, c'est "l'art d'anticiper, de respecter et d'être hyperprésent. Afin d'être la présence qui rassure et qui évite les malentendus", prévient le socialiste Daniel Vaillant qui occupait le "MRP" au sein du gouvernement Jospin. L'ancien locataire de l'hôtel de Clermont pointe un poste "assez inconfortable et fusible du gouvernement".

Pour occuper ce poste explosif en période de majorité relative, Franck Riester pourrait se revéler plus rond que son prédécesseur, Olivier Véran. L'ancien ministre de la Santé a pu froisser à plusieurs reprises les députés de l'ancienne mandature, notamment lors des débats sur le pass sanitaire. Et a fait preuve d'inflexibilité à plusieurs reprises pendant la crise sanitaire.

"On attend ouverture, dialogue, bienveillance... Ce ministre doit avoir une capacité à reprendre des amendements et à accepter les compromis", insiste Arthur Delaporte, porte-parole du groupe socialiste au Parlement auprès de BFMTV.com

Moins identifié que son prédécesseur, Franck Riester devrait faire preuve de plus de souplesse dans les négociations, texte par texte, avec l'opposition dans l'hémicycle. Un élu de l'opposition craint toutefois sa mollesse.

"Il est assez effacé... Il n'a pas dû gagner ses arbitrages budgétaires lorsqu'il était à la tête de la Culture pour en faire une priorité, pourquoi réussirait-il ses arbitrages à l'Assemblée?" interroge-t-on sur BFMTV.com.

LR compatible

Mais l'un des plus gros atouts de Franck Riester pour le gouvernement, c'est son passé d'ex-LR. Censé établir des ponts avec des oppositions "des Républicains aux communistes", selon la volonté affichée d'Emmanuel Macron de ne pas compter sur les voix de LFI et du RN, l'ex-ministre délégué chargé du commerce extérieur va pouvoir jouer de ses anciennes relations.

"Son arrivée est un signe pour la droite", estiment certains LR.

Le signe d'un choix d'Emmanuel Macron de faire du parti de la rue Vaugirard un interlocuteur privilégié pour créer des compromis sur chaque texte législatif. L'exécutif estime à 20 le nombre de députés LR constructifs, dont 10 "très constructifs".

Or pour aller chercher ces LR, "il faut établir un dialogue, une certaine convivialité", pointe une députée LR d'expérience.

"Les députés LR n'ont jamais partagé grand-chose avec Riester" depuis qu'il a rejoint l'entourage de la macronie.

Chez les socialistes, le message est mal passé: "Macron recase un allié LR pour consolider l'aile droite de sa majorité relative. C'est un dévoilement de plus sur la ligne que va tenir le gouvernement pendant cinq ans", constate un cadre socialiste désabusé.

Hortense de Montalivet