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Après le Covid, Olivier Véran au cœur d'un nouveau ministère explosif

Le ministre de la Santé Olivier Véran.

Le ministre de la Santé Olivier Véran. - AFP

Le nouveau ministre des Relations avec le Parlement a quelques jours pour trouver la quarantaine de députés manquants à Emmanuel Macron et Élisabeth Borne pour gouverner avec une majorité d'action à l'Assemblée nationale.

Chat noir, définition: se dit de quelqu'un qui n'a pas de chance ou qui apporte le malheur. Sous les traits tirés d'Olivier Véran ne se cacherait-il pas un malchanceux félin? Après une crise inédite du Covid dont il a été le douloureux visage pendant près de deux ans, voici l'homme politique, récemment nommé ministre des Relations avec le Parlement, propulsé au centre d'une crise au palais Bourbon.

Futur punching ball de l'exécutif et du législatif, l'ancien ministre de la Santé qui sort "cramé du Covid et pas que sur le plan physique", selon les confidences d'un conseiller ministériel à L'Opinion, s'oblige à afficher sérénité et optimisme. Interrogé sur les difficultés de son nouveau poste, il a répondu d'un trait, presque robotique sur BFMTV.

"Il n'y a pas de poste facile, il n'y a que des missions importantes quand on sert son pays, quand on sert la France".

"Si vous demandez si la vie est un long fleuve tranquille, la réponse est non. Est-ce que vous demandez si je suis à ma tâche? La réponse est oui. Nuit et jour en l'occurence à cette période", a-t-il fini par concéder.

Mission impossible

Une fois de plus, il incarne le visage de la crise. Alors que certains racontent qu'il aurait rêvé d'un meilleur ministère, Olivier Véran s'attelle à la nouvelle mission compliquée qui lui incombe: dénicher une majorité d'action au gouvernement.

"J'aime me lever chaque matin en me disant qu'aujourd'hui la journée ne va pas être facile", confie le ministre à L'Opinion.

Masochiste, Olivier Véran? D'ici début juillet, il a la lourde charge de trouver parmi 400 députés -hors RN et LFI, selon les consignes d'en haut- des alliés à la coalition présidentielle afin de lui donner une majorité absolue.

À l'horizon proche, le spectre des débats sur la prolongation de l'état d'urgence sanitaire, le projet de loi de finances rectificative et celui sur le pouvoir d'achat planent. Si les discussions s'annoncent d'ores et déjà houleuses à l'Assemblée, elles risquent d'être inaudibles sans "accord de gouvernement", selon les mots employés par le chef de l'État dans son allocution élyséenne.

Les refus un à un et répétés des différents groupes d'opposition ont remplacé les manifestations contre le pass sanitaire. Pour l'heure, dénicher la quarantaine de députés qui manquent au gouvernement semble téméraire. Le député réélu sans difficulté en Isère relativise: au jeu des "plus graves", rien ne bat une pandémie au cours de laquelle la vie des Français est en jeu, argumente-t-il dans L'Opinion.

"On peut envisager de construire une majorité de projet", affirme-t-il sur notre antenne.

Opération séduction

Pour ne pas se mettre "en situation de dépendre des voix du RN, ni de LFI", selon son explication tenue sur BFMTV, le ministre-député fait face à un double défi: en plus de devoir convaincre les députés, il lui faudra être convaincant lui-même. Et pour ce faire, arrondir les angles, qu'il aimait le plus carré possible pendant la gestion de la crise sanitaire.

L'ancien socialiste garde de bons contacts avec certains députés désormais dans l'opposition, mais il va lui falloir manœuvrer et freiner doucement. "Je reconnais qu'il est un homme intelligent et de qualité (...) mais nous ne sommes pas dans le même camp", a déclaré Boris Vallaud, le nouveau président du PS à l'Assemblée.

Pour son prédécesseur de longue date, le socialiste Daniel Vaillant qui le connait bien, l'hyperprésidentialisation rend son ministère encore plus ardu. "Olivier Véran est coincé entre l'Élysée et l'Assemblée nationale. Il est très dépendant du président alors qu'il devrait être au service des parlementaires", analyse pour BFMTV.com celui qui occupait le "MRP" au sein du gouvernement Jospin.

"C'est un travail hyper politique", prévient l'ancien ministre de l'Intérieur.

"C'est l'art d'anticiper, de respecter et d'être hyperprésent. Afin d'être la présence qui rassure et qui évite les malentendus", ajoute-t-il pointant un poste assez inconfortable et fusible du gouvernement.

Olivier Véran ne sait pas encore s'il occupera toujours son poste la semaine prochaine en cas d'échec, mais dans la tempête et malgré son image de négociateur rigide, il pense être la bonne personne. "La démocratie a besoin d’un médecin", explique-t-il au Figaro. En parallèle, il continue les séances de kick boxing, commencé après les premières conférences de presse avec Jean Castex.

Hortense de Montalivet