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Fillon: avant chaque déplacement, son équipe repère "les issues de secours"

La "nouvelle" campagne de François Fillon prend des allures d'épreuve permanente.

La "nouvelle" campagne de François Fillon prend des allures d'épreuve permanente. - Charly Triballeau - AFP

François Fillon tente de reprendre la main sur sa "nouvelle" campagne, où chaque déplacement prend des allures de parcours d'épreuves. Le candidat use pour cela de plusieurs tactiques.

"Une nouvelle campagne commence", avait annoncé François Fillon lors d'une conférence de presse après les révélations du Canard enchaîné. Et il avait raison, sauf que celle-ci est encore plus délicate que la précédente. A moins de deux mois de la présidentielle, le candidat de la droite tente de retrouver une dynamique, d'occuper l'espace, afin de laisser le moins de prises possibles aux soupçons dont il fait l'objet. Mais à chaque nouveau déplacement, François Fillon et son équipe ont encore à l'oreille le tintamarre des casseroles brandies depuis le début du mois sur son passage.

Sa visite au Salon de l'agriculture mercredi est ainsi envisagée comme une épreuve par son équipe. "Quand tout va bien, le Salon de l'agriculture est toujours un moment agréable pour les politiques. Mais quand on est dans la panade, c'est un peu plus compliqué", reconnaît l'un de ses soutiens, ce mardi dans Le Parisien. Toutes les dispositions ont donc été prises. La visite durera une demi-journée maximum, le candidat arrivera une heure avant l'ouverture au public afin de s'entretenir au calme avec des exposants. Il arpentera ensuite le hall 1 pendant trois heures.

"Maintenant, pour chacun de ses déplacements, on en est même à repérer toutes les issues de secours possibles, au cas où ça tournerait mal", lâche encore un membre de son équipe de campagne au quotidien.

Fillon, l'opposant en chef

Un dispositif plutôt réservé d'habitude à un président en fin de mandat. Sur le fond, François Fillon a choisi également de se positionner en victime du climat de violence qui marque cette présidentielle atypique. Evoquant l'accueil mouvementé qui lui a été plusieurs fois réservé, ainsi que celui fait à Marine Le Pen à Nantes, il a dénoncé "des événements inacceptables", parlé de "Far West" et d'un "climat de quasi-guerre civile".

"Bernard Cazeneuve appelle à la responsabilité. La responsabilité c'est la sienne, c'est celle de veiller à ce que l'élection présidentielle se déroule dans un climat de sérénité", a-t-il déclaré.

Une posture grâce à laquelle il fait d'une pierre deux coups: il se pose en victime de cette violence, exacerbée par les "affaires" dans lesquelles il est impliqué et qu'il refuse de commenter, et il prend pour cible le gouvernement actuel. Bernard Cazeneuve et François Hollande deviennent ainsi ses adversaires comme Marine Le Pen et Emmanuel Macron, et lui-même se pose en opposant en chef.

#Cazeneuve

"François Fillon va tenter de faire du Sarkozy: frapper fort et rester en mouvement. L'ancien président avait théorisé cette tactique, quand on est une cible, il faut toujours bouger, pour ne pas que la cible soit atteinte", analysait ce mardi Alba Ventura sur RTL. Une posture que le candidat entend entretenir, puisque ce mardi matin il a évoqué sur son compte Twitter le blocage de plusieurs lycées parisiens.

"Ce matin des incidents graves se sont déroulés à Paris aux portes de nos lycées. Une proviseure blessée. Agir et sans tarder! #Cazeneuve", a-t-il écrit, à propos d'une principale légèrement blessée lors de tirs de projectiles envers la police, alors qu'elle se trouvait devant l'établissement.

Retrouvailles avec Copé et multiplication des meetings

Pour redynamiser sa campagne et se faire entendre, François Fillon a aussi choisi de renouer avec d'anciens frères ennemis. C'est notamment le cas de Jean-François Copé, auprès duquel il s'est rendu lundi, à Meaux. "Cette visite a un côté un peu singulier", reconnaît l'entourage du candidat, interrogé par Le Monde. "Mais comme Fillon veut rassembler toute la famille, cela passe d’abord par ceux qui lui sont a priori le moins favorables." Une rencontre qui a en tout cas donné lieu à une séquence cocasse, au musée du Brie de Meaux.

Enfin, comme le rapporte Le Figaro, le candidat devrait multiplier les meetings dans les semaines à venir, toujours dans cette optique d'occuper l'espace et de s'exprimer le plus possible. "Le nombre des meetings va aussi augmenter, à raison de deux par semaine", annonce le quotidien.

Un rendez-vous en particulier est déjà dans la ligne de mire de son équipe: sa visite le samedi 4 mars sur les docks d'Aubervilliers, au cours de laquelle il devrait présenter la dernière version de son projet présidentiel en abordant des thèmes peu abordés pendant la campagne, comme l'environnement notamment. Reste à savoir comment se conclura ce chemin de croix, et s'il se soldera par la mise au tombeau de la candidature Fillon.

Charlie Vandekerkhove