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Extrême droite

A Béziers, des tensions entre Robert Ménard et le Front national

Entre le Front national et le maire de Béziers rien ne va plus. Le parti frontiste reproche à l'ancien journaliste ses propos au sujet d'"Oz ta droite!", le mouvement citoyen qu'il est en train de lancer.

La lune de miel semble consommée. Le Front national, vexé par plusieurs initiatives et déclarations successives de Robert Ménard lors de son "Rendez-vous de Béziers", a samedi mis un net coup d'arrêt à son alliance avec le maire héraultais. Le départ théâtral de Marion Maréchal-Le Pen en a été un des signes les plus visibles.

Un premier couac avec "Oz ta droite"

Le parti d'extrême droite se méfiait du "Rendez-vous de Béziers" organisé par Robert Ménard. L'ancien journaliste est un contempteur du programme économique du FN et de son positionnement "ni droite ni gauche". Il prétendait de surcroît réunir la "droite hors les murs", insatisfaite par l'étatiste FN comme par les "européistes" des Républicains, afin de peser sur la présidentielle.

L'agacement est monté peu à peu dans la semaine, la députée du Vaucluse, mandatée par Marine Le Pen, hésitant jusqu'au dernier moment à honorer son invitation mais finalement présente. Premier couac: l'annonce mercredi par Robert Ménard du lancement d'un mouvement citoyen "Oz ta droite", vu par les frontistes comme un potentiel concurrent du FN.

"Un marchepied de personne"

Ensuite, la fuite dans la presse de premières propositions radicales (non-renouvellement des titres de séjour tant que le chômage ne descend pas sous les 5%; 25% de fonctionnaires en moins sur cinq ans; etc.), alors que celles-ci ne devaient être bouclées que dimanche. 

La goutte d'eau fatale a été une déclaration de Robert Ménard samedi: le maire n'entend être un marchepied "de personne" et notamment pas du FN, mais promet une démarche "offensive" pour faire adopter par droite et extrême droite sa cinquantaine de propositions "surprenantes".

Très rapidement, la députée du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen, proche idéologiquement de cette mouvance et très populaire parmi ses représentants, a annoncé son départ de Béziers face à l'"erreur politique majeure et historique" de Robert Ménard. Elle lui a reproché de nier l'actuel caractère "incontournable" du Front national.

Ni "rupture" ni "drame" avec Robert Ménard

"L'idée c'est : 'On veut vos voix et pas vos gueules'", a pesté la benjamine de l'Assemblée nationale, pourtant régulièrement suspectée d'indiscipline à l'égard de sa tante et présidente du FN, Marine Le Pen. Dans l'après-midi, elle a indiqué toutefois qu'il n'y avait ni "rupture" ni "drame" avec Robert Ménard, élu avec le soutien du parti d'extrême droite à la mairie de la sous-préfecture héraultaise en 2014.

L'ancien patron de Reporters sans Frontières a aussi tenté de dédramatiser et mis le départ de la députée sur le compte de pressions externes, venant notamment de Florian Philippot: "Je la remercie d'être venue (...). Elle a des gens autour d'elle qui ne veulent pas entendre parler d'une ouverture au-delà du FN. Elle subit des pressions." Mais de nombreux lieutenants frontistes s'en sont pris dans l'après-midi à Robert Ménard, accusé par exemple par le sénateur frontiste David Rachline d'avoir "la grosse tête".

E. M. avec AFP