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Isère: des livreurs de repas en situation irrégulière arrêtés, colère du maire de Grenoble

Une dizaine d'étrangers en situation irrégulière exerçant le métier de livreur de repas a été arrêtée par la police à Grenoble et dans d'autres villes iséroises le 27 décembre. Éric Piolle et d'autres élus de gauche ont dénoncé cette opération, évoquant plus largement la loi immigration.

Si la loi immigration est désormais adoptée après moult rebondissements, n'allez pas croire que les débats suscités par le texte du gouvernement sont terminés. La preuve? Ce message du maire écologiste de Grenoble, Éric Piolle, après l'arrestation mercredi 27 décembre d'une dizaine de livreurs de repas en situation irrégulière dans plusieurs villes d'Isère - dont celle qu'il dirige - rapportée par Le Dauphiné Libéré.

Tout en fustigeant l"indignité" de cette démarche, l'édile a interpellé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, en première ligne pour défendre le projet de l'exécutif:

"Ces personnes seraient donc suffisamment "régulières" pour attendre dans le froid de vous livrer vos repas, mais pas pour vivre dignement avec nous?"

Et l'élu grenoblois de promettre la défense de "ces travailleurs de l'ombre" à l'occasion d'une conférence de presse "aux côtés de la CGT Isère" ce vendredi à 11h à la bourse du travail de Grenoble.

"Voici le vrai visage de ce gouvernement"

Éric Piolle a entraîné dans son sillage plusieurs responsables de gauche, dont les présidents des groupes écologistes des deux chambres du Parlement, Guillaume Gontard et Cyrielle Chatelain, par ailleurs élus dans le département.

"Le texte immigration de la honte n'est même pas promulgué, pas encore censuré par le Conseil constitutionnel, mais déjà Gérald Darmanin s'acharne sur les travailleurs en pleine trêve de Noël", a dénoncé le premier sur X, avant que la seconde ne renchérisse:

"Quelle honte. Voici le vrai visage de ce gouvernement : être méchant avec tous les étrangers, même s’ils travaillent, même s’ils s’intègrent".

Même son de cloche pour le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, qui y est également allé de son commentaire: "Si tous les étrangers en situation régulière ou irrégulière se mettaient en grève une journée, chacun se rendrait compte qu’ils sont dans tous les métiers de la seconde ligne, livreurs, auxiliaires de vie, caristes, assistantes maternelles…loués pendant la crise Covid et puis…", a-t-il écrit sur X (ex-Twitter).

Illustration des débats sur la loi immigration

Sur le fond, la séquence ravive les désaccords autour des travailleurs sans papiers, illustrés lors de l'examen du projet de loi immigration. C'est peu dire que le texte ne répond pas aux attentes de la gauche sur le sujet.

Elle qui souhaitait aller plus loin que la création d'un titre de séjour pour les métiers en tension, initialement souhaité par le gouvernement, a vu cette mesure être transformée en une disposition à titre "exceptionnel", à la discrétion des préfets.

Le tout symbolisant une copie largement durci sous pression de la droite en commission mixte paritaire. Au point que la gauche avait évoqué une "ignominie de l'extrême droite" reprenant la "préférence nationale" défendu par le Rassemblement national.

Le procureur de Grenoble répond à Piolle

Face aux critiques d'Éric Piolle, le procureur de la République de Grenoble a justifié les arrestations intervenues dans la ville:

"Ces contrôles ont été opérés à ma demande. Ils ont aussi permis de constater que les livreurs en situation irrégulière étaient gravement exploités par ceux qui leur sous-louaient leur licence.", a-t-il indiqué.

Le procureur fait ainsi référence à un système illégal utilisé comme un business par ses protagonistes: des licences des compagnies de livraison sous-loués à des travailleurs sans papiers, qui ne peuvent en être directement titulaires.

Si les contrôles ont mis au jour cette infraction, l'opération visait principalement, au départ, à lutter contre le trafic de stupéfiants, a indiqué une source proche de l'enquête à BFMTV. Après la découverte de ces faits, une enquête a été ouverte pour travail dissimulé. Celle-ci s'attache à identifier les personnes qui prêtent leur compte contre de l'argent.

Sur la cinquantaine de personnes contrôlée dans Grenoble et ses alentours, neuf ont été interpellées. Parmi eux, six étaient visés par des obligations de quitter le territoire français et ont donc été confiées à la Police aux frontières (PAF) pour exécution de l'OQTF.  Les trois restants ont été convoqués ultérieurement. 

Baptiste Farge avec Maxime Brandstaetter