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Politique

Entre le PS et Macron, comment Anne Hidalgo souhaite se placer au-dessus de la mêlée

Anne Hidalgo

Anne Hidalgo - Bertrand Guay - AFP

Face à l'affaiblissement du Président et la difficile reconstruction du PS, la maire de la capitale est désormais une figure incontournable à gauche. Mais si certains la voient déjà comme un recours à Emmanuel Macron, elle semble garder le cap sur Paris.

Forte de son expérience à la mairie de Paris, Anne Hidalgo pourrait-elle incarner l'opposition à Emmanuel Macron? Pour le moment, l'élue tempère et assure dans une interview donnée au JDD que, malgré ses nombreuses inimitiés avec le chef de l'État, elle n'entend pas "se définir comme une opposante". Il faut "laisser le temps" à la majorité, estime même l'édile qui juge néanmoins qu'un "autre chemin que la dérégulation" est possible.

"Nous avons besoin de reconstruire dans notre pays une force politique de gauche qui soit sociale-démocrate, européenne et écologiste", ajoute-t-elle.

Au sein du Parti socialiste, certains aimeraient la voir comme un recours possible à Emmanuel Macron. Mais l'élue, qui a lancé son mouvement "Dès Demain" avant l'été, regarde de loin la reconstruction du parti. "Elle pense que la reconquête passera par les territoires, pas par l'appareil. Elle n'a pas intérêt à s'impliquer dans le congrès. Elle ne bougera pas jusqu'à sa réélection", explique un ténor du PS cité par le JDD.

Une position centrale

Pour l'heure, Anne Hidalgo peut profiter de la position d'intermédiaire que lui offre son mandat pour peser sur l'action du gouvernement. "Je suis partenaire de l'État", confie-elle au JDD, tout en poursuivant: "bien sûr, les rapports entre Paris et le pouvoir central sont parfois complexes (...). En tant que maire de Paris, y aura-t-il des moments où je serai amenée à dire que je ne suis pas d'accord avec le gouvernement? Sûrement. Mais je ne vais pas les définir a priori".

Le jour de l'investiture d'Emmanuel Macron à l'Hôtel de Ville de Paris en mai dernier, le discours d'Anne Hidalgo s'était déjà apparenté à un appel du pied au Président. "Monsieur le président de la République, vous aurez bien sûr besoin de la passion exigeante des Parisiens pour relever les défis qui attendent la France, comme Paris aura besoin de vous pour continuer à grandir et à rayonner". "Paris sera libre", avait-elle également averti. Dans ces conditions, Anne Hidalgo pourrait bien se placer au-dessus de la mêlée entre un PS à la déroute et un président déjà affaibli dans les sondages d'opinion.

Une stratégie pour 2022?

Pour ses proches, ce positionnement va de soi. "Elle ne peut pas jouer le rôle d'opposante. Ils sont obligés de travailler ensemble", note l'un d'entre eux dans le JDD. "L'électorat macroniste et parisien se recoupent", renchérit un deuxième. Peu à peu, Anne Hidalgo trace donc un nouveau sillon, celui d'un PS "social-démocrate", dans lequel le président Hollande n'aurait "pas spécialement" sa place. Une stratégie pour 2022? Dans les couloirs du Parti socialiste, ce ne serait pas la première fois que les ambitions élyséennes de l'élue franco-espagnole seraient évoquées.

En janvier dernier, alors qu'Anne Hidalgo dénonçait "l'immense gâchis" du quinquennat de François Hollande dans une interview au Monde, Jean-Marie Le Guen, proche de Manuel Valls, avait assuré que la maire "jouait la défaite pour pouvoir se présenter en 2022". Mais la prudence est de mise et, pour le moment, Anne Hidalgo semble garder le cap sur la ville de Paris. "Paris m’habite autant que je l’habite, je vais continuer", glisse-t-elle au JDD. Ce qui ne l'empêcherait pas, même réélue, de viser plus haut le moment venu.

Maëva Poulet