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Service civique: pourquoi le projet de Hollande est dur à appliquer

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François Hollande veut généraliser le service civique en augmentant le nombre d'engagés et son budget, mais aussi en mettant les administrations à contribution. Un projet ambitieux, difficile à mettre en oeuvre et qui ne résout le chômage des jeunes.  Explications.

En 2015, année marquée par deux terribles attentats jihadistes, les demandes de service civique ont augmenté de 107%, avec près de 400.000 candidatures. Dans la foulée, François Hollande a annoncé lundi que le budget du service civique passerait de "300 millions d'euros aujourd'hui" à "plus d'un milliard d'euros en 2018".

L'objectif présidentiel est d'accueillir "près de 350.000 jeunes par an" d'ici trois ans. Le chef de l'Etat a rappelé, lors de ses voeux à la jeunesse et aux forces de l'engagement, prononcés dans le grand auditorium de Radio France, avoir souhaité le 31 décembre la "généralisation" du service civique.

Multiplier les engagés par dix

Créé il y a cinq ans, le service civique mobilise aujourd'hui à peine 70.000 jeunes de 16 à 25 ans. Rémunéré 573 euros nets par mois, il peut durer jusqu’à un an. Les engagés se réjouissent de leur démarche comme Sara ou Corentin, interrogés par BFMTV. "Je me suis sentie vraiment utile", dit-elle après avoir raté son bac. Mais dans les faits, les ambitions de François Hollande sont démesurées.

Dans un communiqué, Unis-Cité, association pionnière dans le service civique estimé l'objectif de généralisation "atteignable à au moins deux conditions: que l'État finance l'accompagnement des acteurs de terrain et que la mixité sociale soit garantie".

Or, "généraliser le service civique, cela signifie multiplier par 10 le nombre de jeunes qui s'engagent. À l'heure actuelle, les Français qui s'engagent sont un peu moins de 70.000 et il faudrait atteindre les 700.000", pointe RTL. Sans compter que le budget, même augmenté à 1 milliard resterait insuffisant selon les experts.

Les administrations sollicitées, des quotas instaurés

Cela induit également d'avoir des missions à proposer. Afin de "multiplier" les missions et accueillir tous les jeunes qui souhaitent faire un service civique, proposer des missions deviendra "une obligation pour les administrations, les ministères, les collectivités", avec "même des quotas décidés par ministères, par départements", a exposé le président de la République. Rien par contre sur l'intérêt de ces missions qui pourraient basculer vers des stages déguisés et sans intérêt.

Le ministre de la Jeunesse Patrick Kanner a assuré que "le chômage des jeunes se traite par l'emploi et non pas par le service civique", récusant toute volonté du gouvernement de "camoufler" les chiffres.

S.A. avec Anne-Sophie Warmont