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Remaniement, dissolution... Les options de François Hollande pour rebondir

François Hollande est dans une mauvaise posture face à l'opinion publique et devrait être forcé à réagir

François Hollande est dans une mauvaise posture face à l'opinion publique et devrait être forcé à réagir - -

Remanier, dissoudre, taper du poing du poing sur la table ou revoir ses alliances, le chef de l’Etat a encore plusieurs options possibles pour inverser une situation qui lui échappe chaque jour un peu plus. Revue des possibles.

François Hollande bat des records d’impopularité au même rythme endiablé que son gouvernement, sa majorité, son parti se désunissent et se contredisent. Pis, le chef de l’Etat paraît incapable d’inverser la tendance et s'expose à un retour virulent sur chacune de ses décisions. Dernier exemple en date: l’entrée en vigueur de l’écotaxe, prévue pour janvier 2014, vient d’être suspendue. Une décision saluée à l’UMP, critiquée chez EELV et finalement analysée comme un revirement. Un de plus après la marche arrière dimanche sur la taxation à 15,5% sur le PEA et le PEL.

L’opinion, elle, sanctionne ces imbroglios, et taxe François Hollande de "président peu courageux", de "président qui ne fait aucun satisfait" comme l’explique le politologue sondeur Gaël Sliman (BVA) à BFMTV. Malmené dans les sondages, comment François Hollande peut-il rebondir? Remanier son gouvernement, dissoudre l'Assemblée ou évincer Harlem Désir... les pistes qui s'offrent au président.

Remanier le gouvernement

C’est un serpent de mer propre à chaque gouvernement. Pourtant, François Hollande prépare actuellement un remaniement gouvernementale pour avant les municipales. Le président de la République reçoit même à l’Elysée des figures de son parti, affirme le Journal du Dimanche, qui cite les noms de François Rebsamen, Gérard Collomb ou Bertrand Delanoë. Le Parisien y ajoute Ségolène Royal ce mardi.

Ces noms bien connus des Français serviraient en outre de contre-feu à la popularité toujours croissante de Manuel Valls, dont on estime en haut lieu qu’il commence à faire de l'ombre au chef de l’Etat. Problème: le ministre de l'Intérieur arrive en tête des personnalités de gauche pour remplacer le Premier ministre à Matignon. Avec 30% de soutiens il devance nettement Martine Aubry ou les autres têtes d'affiche.

Le nom du président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, est également prononcé, mais un élu PS penche plutôt "vers une personne issue de la société civile". Néanmoins un remaniement trop hâtif ne permettrait plus d'abattre cette carte en cas de lourds échecs électoraux pour la gauche.

Dissoudre l'Assemblée

"Je me demande s'il ne faut pas revenir devant le peuple. Je demande au président de réfléchir à une initiative politique qui peut être une dissolution", avait lancé mi-octobre Jean-Louis Borloo. Mais une dissolution ne s'improvise pas puisque ce recours peut finalement se retourner contre l'exécutif. On se souvient que ce choix, décidé par Jacques Chirac en 1997, avait porté Lionel Jospin à Matignon et conduit à une cohabitation durant cinq ans.

"Dissoudre c’est accepter de ne plus gouverner. Or nous n'avons pas encore fait assez aux yeux de nos électeurs", confie un élu socialiste. D'autant que François Hollande croit toujours pouvoir "inverser la courbe du chômage" et en tirer profit en vue d’une réélection en 2017.

Cette option de la dissolution, à l’inverse du remaniement, est peu probable. En effet, dans ce cas de figure, en guise de coup de fouet, le président de la République risque de se retrouver sans majorité tout court.

Recréer une majorité... sans voter

L’aile gauche ne vote quasiment aucune loi, et notamment le budget rigoureux. Les tensions avec les Verts sont permanentes et la question de leur présence au gouvernement se pose de manière récurrente. L’écotaxe risque d’ailleurs de la remettre sur le tapis.

François Hollande "n'a pas les moyens politiques d'affirmer le caractère social-démocrate de sa pensée politique. Il a une majorité qui n'est pas du tout sur cette ligne, donc il est piégé et c'est ça qui le fragilise", estime Alain Juppé. "Un sursaut s’impose", affirme d’ailleurs l’élu socialiste Marie-Noëlle Lienemann à BFMTV avant d’inviter le chef de l’Etat à repenser sa majorité, et notamment son rapport aux communistes.

Enfin, même au PS les décisions prises à l’Elysée et à Matignon peinent à faire des heureux. Harlem Désir, qui a critiqué le chef de l’Etat sur Leonarda, pourrait payer cette situation. Problème, les postulants sont peu nombreux ou ne conviennent pas au château.

Reste une quatrième option: faire le dos rond et attendre que passe la tempête. Ses influents amis bretons pourront assurément le conseiller.

Samuel Auffray