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Élysée

Pour son premier jour de président, Macron a navigué entre "tradition et modernité"

Emmanuel Macron a respecté la tradition en tentant d'imprimer sa patte.

Emmanuel Macron a respecté la tradition en tentant d'imprimer sa patte. - Charles Platiau - AFP

Passation de pouvoir, remontée des Champs-Elysées, discours... Emmanuel Macron a laissé de côté son argument de campagne, le renouvellement, pour céder à la tradition.

"Je sais qu'à cette heure, les Françaises et les Français attendent beaucoup de moi, ils ont raison." Emmanuel Macron, tout juste investi, livre son premier discours depuis l'Elysée. Tout s'est ensuite enchaîné très vite: remontée des Champs-Elysées, recueillement devant la tombe du soldat inconnu, rencontre avec le chef d'Etat-major des armées, discours à l'Hôtel de Ville de Paris. Le chef de l'Etat a pris son temps tout en respectant la tradition républicaine. 

"C’est un sans-faute, il n’y a pas eu de fautes majeures, insiste Eric Brunet, éditorialiste politique à BFMTV. Il l’a même emporté. Il y a quelque chose de tout à fait ébouriffant dans cette jeunesse, dans cette allure, dans tout ce qu’il incarne. C’est diablement revigorant et rafraîchissant."

"Dualité"

S'offrant de longs bains de foule, Emmanuel Macron a pris garde à se forger une "présidentialité". Dimanche matin, après avoir passé en revue les troupes, le président de la République a remonté les Champs-Elysées à bord d'un véhicule militaire. Une première sous la Ve République. Il a ensuite rencontré le chef d'Etat-major des armées, avant de se rendre au chevet de militaires blessés à l'hôpital militaire Percy. A ce moment, le chef de l'Etat semble avoir enfilé son costume de "chef des armées".

"Tout dans ses prises de position, dans sa posture, dans sa façon d’incarner cette journée tend à dire qu’il n’est pas seulement ce jeune homme nouveau qui dépoussière la vie politique française, il est aussi le successeur de tous ceux qui avant lui ont occupé la fonction, décrypte Laurent Neumann, éditorialiste politique à BFMTV. C’est cette dualité entre la tradition et la modernité qu’il donne à voir aujourd’hui."

Pour la romancière Gaël Tchakaloff, Emmanuel Macron a fait de cette journée "ce qu’il voulait en faire mais elle correspond à ce qu’il est profondément et qu’il avait du mal à exprimer dans la campagne". "Il est assez dual, détaille-t-elle. C’est quelqu’un qui s’est construit dans la transgression et en même temps il a dû un peu écraser cette transgression dans la conquête du pouvoir." Et pour cela, le nouveau chef de l'Etat a fait appel au "mémoriel".

"Classicisme"

A l'Elysée, le nouveau président de la République a rendu un hommage fort à tous ces prédécesseurs, les citant un par un et attribuant à chacun des actions qui ont marqué l'histoire du pays. Lors du discours à l'Hôtel de Ville comme lors de son allocution matinale, Emmanuel Macron a également insisté sur les thèmes régaliens, et notamment se livrant à une longue disgression sur la lutte contre le terrorisme.

"Il n’a pas besoin de démontrer sa jeunesse et sa modernité, note Laurent Neumann. En revanche, il a besoin de démontrer son attachement aux traditions, au mémoriel."

En 2012, François Hollande s'était rendu coupable de faux-pas. Ce qu'est interdit, semble-t-il, Emmanuel Macron. "Il a eu le souci de la dignité de la fonction qu’il a voulu incarner, voir restaurer, note sur BFMTV Guillaume Tabard, éditorialiste politique au Figaro. Il a réussi par les geste, les attitudes et les discours." Des prises de parole qui ont servi à livre un message policé pour celui qui veut "réconcilier les Français".

"N’oublions pas qu’il est l’homme du changement, déplore Eric Brunet. Il nous a offert un classicisme déconcertant. Il est tellement régalien mais ça manquait la patte macronienne." La vraie politique pourrait commencer demain pour Emmanuel Macron avec la nomination, entre autre, de son Premier ministre.
J.C.