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Élysée

Dès son investiture, Macron enfile le costume de chef de guerre

Le nouveau président de la République a multiplié les symboles ce dimanche pour s'imposer sur les questions régaliennes. Lors de la campagne, Emmanuel Macron a été à de nombreuses reprises critiqué pour son manque d'expérience.

Sur la lutte contre le terrorisme et la gestion des conflits dans le monde, il le sait, Emmanuel Macron a tout à prouver. Présentant l'image d'un homme neuf lors de la campagne pour plaider pour le renouvellement de la classe politique, le désormais nouveau président de la République a également souligné son manque d'expérience et notamment sur les questions régaliennes. A l'occasion de son investiture, le chef de l'Etat a multiplié les symboles en direction du monde militaire.

"On sait très bien que sur ces questions régaliennes, Emmanuel Macron a plus à prouver qu’un autre président", estime sur BFMTV Ludovic Vigogne, journaliste à L'Opinion. "Les questions économiques, il les maîtrise parfaitement. Les questions régaliennes, on l’a vu notamment lors des débats, il les maîtrise un peu moins. Il doit donner des gages."

Après avoir prononcé son premier discours de chef de l'Etat, le premier geste d'Emmanuel Macron a été de passer en revue les troupes dans les jardins de l'Elysée. Au même moment, tradition oblige, 21 coups de canon étaient tirés depuis les Invalides, de l'autre côté de la Seine. Une répétition grandeur nature pour le nouveau Président -le seul à ne pas avoir effectué son service militaire- avant le défilé du 14 juillet. 

A bord d'un véhicule militaire

Après avoir été investi, le chef de l'Etat a remonté l'avenue des Champs-Elysées à bord d'un véhicule militaire, une command car, pour aller raviver la flamme sur la tombe du soldat inconnu. Une première pour un président. Debout, saluant la foule, par ce choix inédit, Emmanuel Macron a souhaité afficher son soutien aux militaires. Mais pas seulement aux militaires, aux forces de l'ordre également. En redescendant l'avenue, il a fait une halte au 102, pour rendre hommage à Xavier Jugelé, le policier assassiné lors d'une attaque terroriste juste avant le premier tour de l'élection.

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- © Alain Jocard - AFP

Avant son élection, Emmanuel Macron avait assuré qu'il réserverait son premier déplacement aux forces françaises engagées sur les zones de combat à l'étranger. Une visite est prévue d'ici la fin de la semaine. Mais avant le nouveau président de la République va s'envoler lundi pour Berlin, pour rencontrer la chancelière Angela Merkel. Pour remplacer ce geste symbolique, une rencontre avec le chef d'Etat-major des armées a été organisée dès dimanche après-midi.

"Ce n’est pas innocent de remonter l’avenue des Champs-Elysées à bord d’une 'command car', ce n’est pas innocent de recevoir les chefs d’Etat-major dès cet après-midi", décrypte sur notre antenne François-Xavier Bourmaud, journaliste politique au Figaro. "Emmanuel Macron veut s’installer dans le costume de chef de guerre et lever tout de suite les doutes."

"Costume de chef de guerre"

Malgré un programme chargé, Emmanuel Macron a souhaité aller rendre visite aux soldats blessés à l'hôpital militaire Percy, à Clamart, dans les Hauts-de-Seine. "Pour défendre notre nation et la liberté dans le monde", assure-t-on dans son entourage. Il a pu rencontrer le sergent Philippe blessé par balle au Mali, le caporal-chef Kevin Emeneya, blessé en 2010 en Afghanistan par un tir d’insurgés, et le 1ère classe Geoffrey Dhaenens, blessé par un engin explosif au Mali.

Pendant la campagne, le soutien affiché de Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, avait déjà apporté à Emmanuel Macron une certaine envergure sur les questions militaires. Cette investiture a été, semble-t-il, l'occasion de montrer que le président s'est aussi mué en chef de guerre.

"Cela montre qu'il assume les opérations à l'extérieur qui servent, l'a-t-il dit à plusieurs reprises, les intérêts des Français, et notamment face à la menace symbolique", estime Hervé Gattegno, éditorialiste à BFMTV.

Justine Chevalier