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Élysée

Macron "seul responsable" de l'affaire Benalla: l'opposition dénonce le "storytelling" du président

De nombreux députés de l'opposition réclament que le président de la République soit auditionné à son tour par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale. Des "contradictions" ont été relevées entre ses réponses et celles de son directeur de cabinet.

Après presque une semaine de silence sur l'affaire Benalla, Emmanuel Macron s'est posé mercredi soir comme "seul responsable", lors d'une prise de parole devant les députés de la majorité. "Le seul responsable de cette affaire, c'est moi et moi seul!". "S'ils veulent un responsable, il est devant vous, qu'ils viennent le chercher", a martelé le chef de l'Etat, lors d'un discours jugé "bienvenu" par son camp.

Alors que l'opposition demande des réponses depuis l'éclatement de cette affaire mercredi dernier, elle a répondu à ces déclarations par l'ironie, critiquant à la fois la forme de cette prise de parole et son contenu. 

Une posture de "chef de clan"

Emmanuel Macron "doit toujours parler aux Français", a réagi l'entourage du patron des Républicains, Laurent Wauquiez, alors que la députée LR des Bouches-du-Rhône, Valérie Boyer, a dénoncé sur Twitter une posture de "chef de clan" du président décident de s'exprimer devant ses députés, et non devant les Français. 

Réagissant à la déclaration d'Emmanuel Macron se disant "trahi" par cette affaire, le premier secrétaire du PS Olivier Faure a mis sa parole en doute sur le réseau social.

"Si tel est le cas pourquoi avoir attendu la semaine dernière pour le licencier? Pourquoi l'avoir dans les faits maintenu dans ses fonctions? Pourquoi l'avoir couvert? Le storytelling ne fonctionne plus...", a-t-il écrit, ajoutant dans un second message que "le vrai courage c'est de prendre ses responsabilités avant que la presse ne révèle le scandale".

"Quelqu'un lui commande un taxi?"

Parmi les expressions relevées par de nombreux députés de l'opposition, de la France Insoumise au Rassemblement national, celle du président invitant à "venir le chercher".

"Pas très fair play quand la Constitution (ce que nous ne contestons pas), le protège précisément de toute obligation de rendre des comptes, a fustigé Marine Le Pen.

Adrien Quatennens, quant à lui, a répondu par l'ironie.

"Franchement #Macron abuse! La #CommissionEnquete est à seulement 3 minutes de trajet! Quelqu’un lui commande le taxi?", s'est amusé le député insoumis, avec le hashtag "AllonsChercherMacron". 

Le groupe PS demande l'audition de Macron

Sur un ton beaucoup plus sérieux, le député PCF Stéphane Peu a estimé que "la question de l'audition du président" se "posait" et qu'elle était "constitutionnellement possible". Une demande formulée en bonne et due forme par Valérie Rabault, la cheffe de file du groupe Nouvelle Gauche (PS) à l'Assemblée, qui a pointé dans un communiqué des "déclarations contradictoires" entre Emmanuel Macron et Patrick Strzoda, son directeur de cabinet, qui était interrogé mardi par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale. 

"C'est moi qui ai confirmé la sanction", a déclaré le président mercredi, évoquant la suspension de 15 jours décidée à l'encontre d'Alexandre Benalla après ses violences du 1er mai à l'égard de deux manifestants. Cette décision, "je l'ai prise seul, en mon âme et conscience", avait au contraire expliqué Patrick Strzoda mardi.

Charlie Vandekerkhove avec AFP