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Élysée

Macron a "passé une nuit" à écrire son hommage à Johnny Hallyday

Emmanuel Macron

Emmanuel Macron - Thibault Camus / POOL / AFP

Interrogé par le Nouvelle Revue Française, le chef de l'État a affirmé "avoir passé une nuit" à écrire le discours en hommage à l'icône du rock français "en sachant parfaitement que ce discours ne servirait à rien, que les gens n’en voulaient pas".

Dans une interview accordée à la Nouvelle Revue Française pour son édition de mai, et dont Le Monde publie les premiers extraits, Emmanuel Macron évoque son rapport à la littérature, aux arts, et au pouvoir. Se qualifiant d'"aberration" du point de vue du système politique traditionnel, le chef de l’État affirme n’être "qu’une émanation du goût du peuple français pour le romanesque".

"Les Français sont malheureux quand la politique se réduit au technique, voire devient politicarde. Ils aiment qu’il y ait une histoire. J’en suis la preuve vivante!", explique-t-il. Et ce goût pour les histoires "ne se résume pas en formules, mais c’est bien cela le cœur de l’aventure politique", précise-t-il, ajoutant qu'"on est toujours l’instrument de quelque chose qui vous dépasse".

"L'émotion populaire se moque des discours"

Interrogé sur son ressenti lors de l’hommage populaire rendu à Johnny Hallyday le 9 décembre dernier à Paris, Emmanuel Macron affirme que "cela fait des décennies que le pouvoir politique est sorti de l’émotion populaire". C’est la raison pour laquelle son discours a parfois été accompagné de sifflets, selon lui.

"Je le (Johnny Hallyday, ndlr) connaissais et je connais des admirateurs ; je savais qu’ils ne voulaient pas d’un discours. J’ai passé une nuit à l’écrire en sachant parfaitement que ce discours ne servirait à rien, que les gens n’en voulaient pas et surtout pas d’un discours du président de la République! […] Il faut considérer cela: l’émotion populaire se moque des discours. Le jour des obsèques, je savais très bien que la foule qui était là n’était pas acquise. Elle n’attendait pas un discours officiel. Elle était dans l’émotion brute du moment", confie le président.

Alors, pourquoi avoir prononcé ce discours? Le locataire de l’Élysée se justifie en expliquant avoir voulu partager cette émotion avec la foule. "Les gens ne vous reconnaissent comme un des leurs que si vous prouver que vous êtes capable de partager leur émotion. Que vous ne les prenez pas de haut. Je ne sais pas si j’y suis arrivé, mais beaucoup sont venus me remercier pour ce que j’avais dit à ce moment-là", se rappelle-t-il.

"Il y a beaucoup à réinventer", en Europe

Le président a également décrit l’importance que peut prendre l’art dans les relations diplomatiques. "Avec un homme comme Vladimir Poutine, l’art, la musique, la littérature, l’histoire ont une résonance forte. Je l’ai constaté à Versailles récemment à travers la figure de Pierre le Grand. Angela Merkel est plus 'scientifique' que littéraire dans son approche des choses, mais la musique a pour elle une grande importance", confie-t-il.

Et le président de conclure en abordant la question de l’Europe, dont l’histoire redevient "tragique". "Ce vieux continent de petits-bourgeois se sentant à l’abri dans le confort matériel entre dans une nouvelle aventure où le tragique s’invite", observe-t-il, avant d’ajouter: "Il y a beaucoup à réinventer. Et dans cette aventure, nous pouvons renouer avec un souffle plus profond, dont la littérature ne saurait être absente".

P.L