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Élysée

Loi Travail: François Hollande va-t-il plier?

Au lendemain d'une mobilisation en nette hausse dans toute la France, la question est sur toutes les lèvres: la réforme El Khomri va-t-elle connaître le même sort que la révision constitutionnelle, qui vient d'être enterrée par François Hollande?

Entre 400.000 personnes, d'après les autorités, et plus d’un million de manifestants, selon les organisateurs, ont marché ce jeudi, sous une pluie battante, dans toute la France contre la loi El Khomri. Pour la gauche de la gauche de la gauche, François Hollande n’a pas d’autre choix que celui de reculer.

"On n'a jamais eu aucun gouvernement, même de droite, aller au-delà d'un certain point contre la jeunesse du pays", s'est félicité ce jeudi, depuis le cortège parisien, Jean-Luc Mélenchon, du Parti de gauche, au micro de BFMTV. "Donc moi, j'ai bon espoir qu'il lâche prise, en disant: 'c'est bon, on arrête'".

L'angoisse d'un mouvement social

Pourtant à l’Elysée, faire marche arrière n’est clairement pas à l’ordre du jour. La mobilisation est - certes - jugée significative, mais l’objectif reste de poursuivre les efforts de pédagogie et de défendre le texte. Reste que le chef de l'Etat le sait, sa marche de manœuvre est serrée.

"François Hollande, depuis le début de son quinquennat, a une sorte d'angoisse: c'est celle d'un mouvement social", estime Bastien Bonnefous, journaliste au Monde. "Si la mobilisation continue, ce qui est prévu, et s'intensifie, et que la jeunesse - en tout cas une partie de celle-ci - persiste à être dans la rue, peut-être que François Hollande devra reculer, comme le dit Jean-Luc Mélenchon".

Si la pression de la rue est forte, la plus grosse difficulté pour le président de la République pourrait bien de venir de son propre camp.

"Il risque de se heurter à un vrai front du refus, sur certains points du texte, auprès des députés socialistes. François Hollande ayant reculé sur la déchéance de nationalité, ils peuvent se dire qu'il peut aussi faire des concessions sur les points qui font débat sur la loi El Khomri'", avance Cécile Cornudet, éditorialiste politique aux Echos.

"On va vers une réformette"

Pour Hervé Gattegno, éditorialiste politique à BFMTV/RMC, le couple exécutif, au fond, ne peut plus se permettre un nouvel échec.

"Il faut qu'il y ait une loi El Khomri. Pour cela, il faut lâcher du lest", juge-t-il ce vendredi sur notre antenne. "Lâcher du lest de façon spectaculaire, cela aurait tout l'air d'un renoncement, donc le plus probable, c'est que l'on va vers une discussion parlementaire, où le gouvernement va s'entendre avec la majorité, pour céder sur un certain nombre de points qui seront suffisants pour contenter les patrons de PME et la CFDT. Donc, on va vers une réformette".

Pour couronner le tout, la cote de popularité du chef de l'Etat est au plus bas. Pour inscrire cette dernière grande réforme à son bilan, François Hollande n'a plus que treize petits mois avant la nouvelle échéance présidentielle.
C. P. avec Rym Bey et Amélie Pateyron