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Élysée

La presse juge "trop politique" le discours de Hollande au Panthéon

François Hollande, lors de son discours au Panthéon, le 27 mai 2015

François Hollande, lors de son discours au Panthéon, le 27 mai 2015 - Martin Bureau - AFP

Le discours de François Hollande pour l'entrée de quatre Résistants au Panthéon était très attendu. Mais s'il voulait s'inscrire dans l'Histoire, le président n'a pas su effacer son image de candidat pour 2017.

"Quatre histoires qui donnent chair et visage à la République, en en rappelant les valeurs": François Hollande a rendu mercredi un hommage solennel mais aussi très actuel et politique à Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette, Germaine Tillion et Jean Zay pour leur entrée au Panthéon. Dans son discours, le président Hollande s'est inscrit dans le temps présent pour appeler au "devoir de vigilance" et de "résistance" face à "l'indifférence face au fanatisme, au racisme, à l'antisémitisme", aux "inégalités, aux injustices, aux indécences" et même "aux catastrophes, aux désordres climatiques, à l'épuisement de notre planète". Une perspective de candidat à l'élection présidentielle qui gêne au entournures les éditorialistes de la presse française ce jeudi.

"Trop politique", pour Le Journal de la Haute-Marne

"Certes, le long éloge de François Hollande en fin d'après-midi a pu, par moments, apparaître par trop politique. De ces discours qui rappellent que la prochaine présidentielle est quelque part déjà dans toutes les têtes. Le chef de l'Etat a pourtant su trouver les mots justes pour réaffirmer, de la même manière que lors des événements de janvier que passé, présent et futur sont intimement liés."

"De la petite politique", souligne La République des Pyrénées

"Bien sûr Hollande, rendant hommage à quatre grands résistants ne pouvait oublier ce à quoi ces femmes et ces hommes résisteraient aujourd'hui: le fanatisme islamiste, le sort des jeunes filles enlevées par Boko Aram et le drame des migrants en Méditerranée. Le président a évidemment fait un pont entre les "haines" d'hier et la France descendue dans la rue le 11 janvier après les attentats islamistes. Mais lorsqu'il quitte les grands problèmes du monde actuel pour évoquer implicitement l'actuelle réforme du collège en faisant l'éloge de Jean Zay, ministre de l'éducation du Front populaire ("Son projet est toujours le nôtre. C'est par l'École que la République reste fidèle à sa promesse"), là le Président de la République fait de la petite politique."

"Ces mots sont le ferment d'une nation", pour La Charente Libre

"L'importance que le Président a voulu donner à ce moment de grâce républicaine, n'échappe à personne. Sans paraphraser Malraux ni jouer un autre que lui-même, il a trouvé à la fin de son discours la gravité et l'émotion qui convenaient aux circonstances. L'appel au devoir de résistance répond évidemment à des objectifs immédiats et très politiques. Hollande adresse à la face de tous ceux qui voudraient confisquer à leur profit l'idée de patrie, un message sans détours. Mais au-delà de la personnalité de l'homme qui les prononce à la tribune du Panthéon, ces mots sont le ferment d'une nation".

"Un discours-programme", selon Le Courrier Picard

Là, loin de la solennité et de la hauteur historique attendues, François Hollande est redescendu un peu trop vite au niveau de la réponse tactique du Président d'aujourd'hui, voire au discours-programme du candidat de demain. Un moment présidentiel important, donc. Mais une perspective présidentielle qui était de trop. Confirmant que si l'Histoire inspire le présent, le présent se sert surtout de l'Histoire pour bâtir sa propre gloire. 

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A.D. avec AFP