Panthéon: comment François Hollande a préparé son discours pour l'Histoire

François Hollande a passé une bonne partie de la nuit de mardi à mercredi à retoucher le discours d'environ 45 minutes qu'il va prononcer en l'honneur des quatre personnalités qui vont entrer au Panthéon. 

21 février 2014. François Hollande annonce lors d'un discours au Mont-Valérien le transfert au Panthéon des cendres de quatre héros de la Résistance: Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette, Germaine Tillion et Jean Zay. Plus d'un an donc que le président de la République prépare dans un coin de sa tête le discours qu'il prononcera mercredi en l'honneur de ces figures envers lesquelles, comme le veut la formule gravée au fronton de l'édifice, la patrie est reconnaissante.

Pourtant, mardi soir encore, François Hollande peaufinait son texte. Et comme une allocution de panthéonisation n'est pas un exercice anodin, le chef de l'Etat y a aussi passé aussi une partie de la nuit après avoir ces dernières semaines sollicité l'aide d'historiens comme Jean-Pierre Azéma et Antoine Prost, ainsi que de personnalités comme Robert Badinter. 

Comme le racontait Libération en 2013, François Hollande ne peut s'empêcher de retoucher en personne les textes qu'il prononce. Ses proches louaient à cette occasion la relation intime qu'il impose à l'écrit et à l'oral. François Hollande bien qu'il soit président retouche, rature et annote sans exceptions toutes ses prises de parole afin qu'elles collent au message attendu et à son style.

Malraux pour l'Histoire, la jeunesse pour l'avenir

Le président de la République a également consulté Constance Rivière, sa directrice adjointe de cabinet, l'ex-journaliste et écrivain Pierre-Louis Basse en charge des "grands événements" à l'Elysée ou Pierre-Yves Bocquet, sa "plume". Mais aussi l'ancien ministre Jack Lang qui avait assisté François Mitterrand dans cet exercice lors de ses deux mandats. Ainsi le chef de l'Etat s'est replongé dans d'autres discours, ceux de précédentes panthéonisations comme celui mythique, et de référence, d'André Malraux lors de l'entrée de Jean Moulin parmi les Grands hommes en 1964.

Dans l'entourage du président de la République on juge que les 45 minutes prévues pour la prise de parole comme les "plus importantes du quinquennat". Le président devrait, sous réserve de changement dernière minute, rappeler le dévouement sans borne de Geneviève de Gaulle-Anthonioz, de Pierre Brossolette, de Germaine Tillion et de Jean Zay à la France.

En choisissant ces deux femmes et ces deux hommes, une parité voulue, François Hollande place son discours sur le thème de la résistance et des valeurs républicaines. "Ces quatres figures forment un tout et son indissociables dans une idée de la République", explique au Parisien Constance Rivière. Ainsi derrière l'hommage aux Résistants devrait parler au présent à l'adresse de la jeunesse. Un thème que François Hollande a déjà désigné comme prioritaire en vue de sa réélection en 2017 et qui induit la volonté forte de faire passer un message très politique. Et même dans un jour aussi solennel, le chef de l'Etat est susceptible de changer jusqu'à la dernière minute.

Samuel Auffray