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Élysée

Hollande cherche son ministre Macron

La visite de François Hollande et Emmanuel Macron à Chartres avait pour vocation d'illustrer le nouveau credo de l'Elysée: "la France va mieux". L'occasion aussi pour le chef de l'Etat de montrer à son turbulent ministre de l'Economie qui est le patron. Pas sûr que ce soit une réussite.

Ils ont choisi une usine qui va bien, qui investit et qui embauche. François Hollande, Emmanuel Macron et Marisol Touraine se sont rendus jeudi à Chartres chez le leader mondial de l'insuline, le danois Novo Nordisk qui a annoncé une expansion du site ouvrant la voie à 250 créations d'emplois. Le déplacement parfait pour illustrer le nouveau credo de l'Elysée. "L'économie, elle repart, pas aussi vite que nous le voudrions", a dit le président, ajoutant: "ça va mieux, même si c'est vrai, ça ne va pas forcément mieux pour tout le monde".

Le Président a fait le déplacement depuis Paris en voiture avec Emmanuel Macron et sans Marisol Touraine, qui a été choisie, elle, pour le trajet retour. Des membres du gouvernement ne cachent même plus leur irritation devant l'ascension de leur jeune collègue. Manuel Valls a même évoqué "une faute" au sujet de la dernière sortie du ministre de l'Economie à propos de l'impôt sur la fortune. Alors comment était l'ambiance pendant le trajet? "Amicale, comme toujours", assure Emmanuel Macron.

"Il est où Macron?"

Au cours de la visite de l'usine, le ministre de l'Economie était pourtant dissipé. Il ne se pressait pas pour être à côté du Président qui a même demandé à un moment, agacé, "il est où Macron?". Il était derrière, hors du cadre pour une belle photo devant la maquette de l'usine et s'est exécuté et rapproché du Président.

Prenant le risque de ne pas être crû, le ministre de l'Economie assure jouer collectif. "Qu'est-ce-que je fais là?, a-t-il remarqué, ajoutant que le fait d'être quatre mètres derrière le président n'est dû qu'à "une barrière humaine", celle des salariés qui se pressent pour faire des seflies avec le chef de l'Etat et le ministre.

Comme souvent, le Président, lui a préféré botter en touche et ne pas s'exprimer sur son ministre: "le sujet c'est l'emploi, c'est le seul sujet".

"Il faut se dépêcher pour ce mandat-là", sourit Hollande

François Hollande était venu pour la deuxième fois dans cette usine saluer la France qui réussit et avait parfois des airs de campagne électorale.

"Même en anglais, c'est un plaisir d'entendre parler de la France comme vous venez de le faire", s'est réjoui le chef de l'Etat. Il s'exprimait après l'annonce par le PDG Lars Rebien Sorensen d'un investissement de 100 millions d'euros "pour répondre à l'accroissement mondial de la demande pour les traitements anti-diabétiques".

"Il n'y a pas plus beau compliment adressé à la France que quand il vient d'un industriel, en l'occurrence danois, et qui nous dit ce que nous ne savons pas toujours, que nous sommes un pays attractif", a déclaré François Hollande.

"Continuez à parler en anglais, partout dans le monde, pour dire ce qu'est la France. C'est mieux que d'en parler en français pour en dire du mal", a-t-il insisté en souriant.

Il a ironisé à plusieurs reprises sur le fait qu'il s'agissait de sa deuxième visite sur le site. La première, en 2014, avait eu lieu lors du premier investissement de Novo Nordisk en France (350 créations d'emplois).

"Vous m'invitez à une troisième visite, j'y suis prêt. Il faut se dépêcher pour ce mandat-là mais si vous me donnez des garanties, j'y suis prêt", s'est-il amusé, provoquant les rires des quelque 200 employés venus l'écouter.

K. L. avec Adrien Gindre