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Élysée

François Hollande renonce à la réforme constitutionnelle

François Hollande a finalement renoncé à la déchéance de nationalité après quatre mois de débats et l'échec de l'Assemblée et du Sénat à se mettre d'accord.

"J'ai décidé de clore le débat constitutionnel". Il a finalement tranché et renoncé. François Hollande a annoncé mercredi renoncer à réunir le Congrès sur la révision constitutionnelle. Il n'a pas manqué de faire porter la responsabilité sur la droite.

"Je constate aussi qu'une partie de l'opposition est hostile à toute révision constitutionnelle, qu'elle porte sur l'état d'urgence ou même sur l'indépendance de la magistrature. Je déplore profondément cette attitude. Car nous devons tout faire dans les circonstances que nous connaissons, et qui sont graves, pour éviter les divisions et écarter les surenchères", a fustigé François Hollande.

Nicolas Sarkozy lui a renvoyé la balle en déclarant que le chef de l'Etat avait "créé les conditions de l'échec" de cette réforme.

4 mois de débats

Le sujet divise les Français et la classe politique depuis quatre mois maintenant, il avait même causé la démission de Christiane Taubira. En novembre dernier, au lendemain des attentats qui ont fait 130 morts à Paris et à Saint-Denis, François Hollande avait demandé devant le Parlement réuni à Versailles une révision de la Constitution. Le texte de cette réforme ne compte que deux articles, le premier proposant d'inscrire l'état d'urgence dans la Constitution, le deuxième instaurant la déchéance de nationalité pour les citoyens français condamnés pour "actes de terrorisme". Celui-ci a été adopté dans les mêmes termes par les deux chambres du parlement.

Mais le Sénat, majoritairement à droite, a voté la déchéance, uniquement pour les binationaux. L'Assemblée, majoritairement à gauche, au contraire l'avait voté en élargissant la possibilité de déchoir les nationaux comme les binationaux en cas de condamnation pour terrorisme. Cette différence empêche la tenue d'un Congrès sur le projet de révision constitutionnelle car pour qu'il se tienne il faut que les députés et les sénateurs adoptent le texte dans les mêmes termes.

Hollande a consulté jusqu'à la dernière minute

Pour prendre sa décision, François Hollande a consulté tout le weekend mais le doute planait jusqu'à la dernière minute. Il a reçu mercredi matin une dernière fois le président de l'Assemblée Claude Bartolone et le président du Sénat Gérard Larcher. 

Un "jeu politico-politicien" 

Pour Apolline de Malherbe, éditorialiste politique à BFMTV, l'échec de cette réforme est due à un "jeu politico-politicien" mené à la fois par la droite dans le cadre de l'affrontement pour la primaire et François Hollande lui-même qui avait voulu faire un coup à Versailles.

"C'est quand-même pathétique de voir la classe politique qui a passé quatre mois à s'écharper et qui arrive à ce constat d'échec absolu", a-t-elle réagi. L'éditorialiste politique a jugé que François Hollande avait "fait preuve d'une certaine lâcheté" en rejetant la faute sur la droite. 

K. L.