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François Hollande hué: la fonction présidentielle désacralisée?

Chahuté au Salon de l’agriculture samedi, François Hollande a dû affronter la colère des agriculteurs sous les huées. Une altercation directe qui pose question sur la sacralisation de la fonction présidentielle.

François Hollande sifflé, hué. Samedi, le chef de l'Etat s'est confronté samedi à la grogne des agriculteurs au Salon de l’agriculture.

"Siffler le président de la République ce n'est pas acceptable", avait déploré le ministre de l'agriculture Stéphane Le Foll, à son tour chahuté lundi.

Pour le politologue Jérôme Sainte-Marie, cet accueil mouvementé est un signal fort. "On a franchi un palier dans la désacralisation de la présidence de la république, estime-t-il sur BFMTV. Ça montre une prise de distance non seulement des agriculteurs mais aussi de l’opinion en général par rapport à la fonction présidentielle."

Une prise de recul avec la présidence déjà entamée plusieurs fois depuis le début du quinquennat de François Hollande. Le 14 juillet 2014, le chef de l’Etat est hué par certains spectateurs alors qu’il descend les Champs Elysées. Quelques mois plus tôt, c’est dans la ville de Jean Jaurès, à Carmaux, qu’il est aussi accueilli sous les sifflets. Les exemples sont nombreux.

Une fracture amorcée sous Nicolas Sarkozy

Mais le prédécesseur de François Hollande avait déjà lui aussi été confronté aux altercations frontales. Au salon de l’agriculture de 2008, après une poignée de main refusée par un homme, Nicolas Sarkozy avait alors lancé "casse-toi pauvre con". Un incident que ne manquent pas aujourd’hui de relever ses adversaires politiques.

"Au salon de l’agriculture on avait déjà connu président insultant les agriculteurs, là c’est les agriculteurs qui insultent le président. Je trouve ça pas bien, ni d’un côté ni de l’autre", regrette Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS.

Un style nouveau, qui s'est révélé "désastreux"

En novembre 2007, insulté par un marin pêcheur dans le Finistère, Nicolas Sarkozy s’était encore illustré par son franc parler. "C’est toi qui as dit ça? Ben descend un peu le dire", avait alors interpellé le président, en fonction depuis quelques mois.

Avec son tempérament direct, Nicolas Sarkozy avait déjà amorcé la fracture autour de la fonction présidentielle estime Jérôme Sainte-Marie. "Dans la première année de son quinquennat il avait imposé un style tout à fait nouveau qui était parfois jugé comme moderne mais qui s’est révélé désastreux à la fois pour l’image de l’institution présidentielle et pour celle de Nicolas Sarkozy" relève le politologue.

C. B avec Marine Scherer et Maria Pasquet