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François Hollande: 1 sur la forme - 0 sur le fond

Hollande maintient le cap, annonce des mesures de rigueur

Hollande maintient le cap, annonce des mesures de rigueur - -

"Techniquement, sa prestation était réussie", mais sur le fond, François Hollande a échoué à montrer une ligne directrice claire, donnant un sens à toutes ses réformes.

Confronté à l'impatience des Français, François Hollande a voulu montrer jeudi soir qu'il tenait sereinement le cap, annonçant toutefois des mesures de rigueur comme la nouvelle super-taxe à 75% sur les plus riches, la réforme des "allocs" ou l'allongement de la durée de cotisation pour les retraites. Après plus d'une heure d'interview, a-t-il réussi à convaincre? La réponse des politologues et des spécialistes de la communication.

> Sur la forme: "une bonne prestation technique"

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Au cours de cette intervention sur France 2, "François Hollande a donné l’image d’un président déterminé. Peu clair au début, mais de mieux en mieux au fil de l’interview", note d’abord Gérard Grunberg, directeur de recherche au CEE, Centre d'études européennes de Sciences Po. "L’image qu’il a donnée de lui comme président de la République était la bonne. Il a montré qu’il avait du tempérament. Qu’il était bien présent", ajoute le politologue sur BFMTV.com.

"Il était clairement dans le match", renchérit Stephen Bunard, synergologue et expert du langage corporel. "Attendu sur la question de son leadership, il s’est montré plus expressif que d’habitude". "Ce dynamisme s'est traduit par de nombreux mouvements. Au niveau du visage: ses sourcils. Et au niveau de ses mains qu'il a utilisées pour ponctuer son discours", ajoute-t-il.

"Il m’a rappelé le François Hollande de la conférence de presse du 13 novembre. Un président pugnace et plein d’élan", estime pour sa part Arnaud Mercier professeur en sciences de l'information et de la communication. On peut même dire que sur ce point, "il était en décalage ce que l’on perçoit de son action sur le terrain. Il a montré un volontarisme, qu’on voit finalement peu chez lui", analyse-t-il, avant d'ajouter: "bref, techniquement, sa prestation était réussie".

> Sur le fond, un président "pas tellement convainquant"

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Une intervention réussie sur la forme donc. Et sur le fond? "Le problème à mon sens, c’est qu’il n’a livré qu’un catalogue de mesures. Certaines déjà faites, d’autres à venir", juge Arnaud Mercier avant d’ajouter: "en somme, il a donné toute une série de réformes dans un ordre plus ou moins aléatoire sans fournir de ligne directrice. Sans trame qui puisse donner de la cohérence à l’ensemble de ses mesures".

"Il était très bon sur les questions sociétales. Bien moins sur les sujets économiques", poursuit Gérard Grunberg. "Sur l’économie, il y avait même un gros problème. D’abord, parce que l’on ne voit pas très bien la manière dont il entend baisser les dépenses de l’État. Il n’a pas fait d’annonces claires et concrètes en ce sens. Où seront les coupes franches? Pas sur la Défense, pas sur la cession d’entreprises... On ne sait pas bien où!", regrette-t-il.

Gérard Grunberg va plus loin encore. "Au final, on a quand même le sentiment qu’il ne s’est pas montré à la hauteur de la crise, qu’on ne se donne pas les moyens de régler les problèmes de la France". François Hollande "a même été inquiétant sur les questions européennes. En assurant, 'je ne veux pas que l'Europe soit une maison de redressement', il a confirmé que la France ne parviendrait pas à remplir son objectif de ramener les déficits publics à 3%. Ces règles qu’il avait pourtant promis d’appliquer, il ne les appliquera pas. Ni en 2013, ni peut-être en 2014, etc.", ajoute Gérard Grunberg.

Par ailleurs, "François Hollande a laissé penser, dans son intervention, que la crise de l’euro était derrière nous. Or nous voyons bien que la situation n’est toujours par réglée. Pour preuve, ce soir, l’Italie n’a toujours pas de gouvernement. Il y a donc un décalage entre son discours et une situation que l’on voit se dégrader sous nos yeux", conclut Gérard Grunberg.

"Certains de ses conseillers avaient laissé fuiter dans la presse, qu’ils n’attendaient pas grand-chose de cette intervention. Qu’elle ne suifferait pas, à elle seule, à faire remonter la cote de popularité du président. Qu’ils se rassurent de ce côté-là, cette interview ne changera pas la donne", ironise Arnaud Mercier.


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