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Élysée

Famille Moulin-Fournier: une libération très discrète

Les trois adultes de la famille Moulins-Fournier après leur libération, le 19 avril 2013 à Yaoundé, au Cameroun

Les trois adultes de la famille Moulins-Fournier après leur libération, le 19 avril 2013 à Yaoundé, au Cameroun - -

Les sept membres de la famille ont été libérés dans la nuit de jeudi à vendredi, deux mois jour pour jour après leur enlèvement le 19 février au Cameroun. Quel rôle la France a-t-elle joué dans cette libération?

Leur enlèvement le 19 février dernier à la frontière du Cameroun et du Nigeria avait provoqué la stupeur, en raison notamment de la présence de quatre enfants parmi les otages. Les sept membres de la famille Moulin-Fournier ont été libérés jeudi soir. Comment ce dénouement heureux a-t-il pu être aussi rapide? Eléments de réponse.

Travail dans "la discrétion"

Si François Hollande s’est félicité vendredi matin de cette libération, "un immense soulagement" selon lui, le chef de l’Etat n’a pas donné de détails concernant les coulisses des négociations menées depuis deux mois. "Je le dis souvent: la discrétion est la condition de notre efficacité", a-t-il assuré vendredi matin lors d’un point presse en compagnie du Premier ministre éthiopien.

"Une part de non-dits" favorable au travail en coulisse selon Gérard Longuet, ancien ministre de la Défense. "Rien n’a été dit et je pense que cela est mieux ainsi", a-t-il défendu sur BFMTV.

"Pas de rançon"

Une question se pose toutefois. La France a-t-elle versé une rançon? A ce sujet, François Hollande a maintenu ce qu’il avait déjà dit le mois dernier. "Nous ne changeons pas notre principe: nous ne versons pas de rançon", a-t-il martelé lors de son point presse. "On ne négocie pas, c’est une évidence. Personne ne peut dire 'prenez mes ressortissants et je les rachèterai au prix le plus élevé'", a souligné pour sa part Gérard Longuet.

Rançon ou non, il existe d’autres leviers pour peser dans les discussions. Le spécialiste des questions africaines, Philippe Hugon, évoque ainsi "des contreparties" et des "compensations possibles", comme la libération de prisonniers réclamés par les ravisseurs par exemple. Une hypothèse éludée par le ministre camerounais de la Communication, Issa Tchiroma Bakary.

"Lorsque la vie des otages est en jeu, les Etats mettent à disposition tous les moyens dont ils disposent pour les libérer. Mais cela se décide entre les Etats", a-t-il souligné sur BFMTV, sans confirmer ou démentir un échange de prisonnier et refusant de dévoiler la façon dont cette libération avait été obtenue.

DGSE et force africaine aux manettes

Une chose est sûre: cette libération a été obtenue grâce au travail conjoint des services français et africains. Ainsi François Hollande a "remercié toutes les autorités qui ont contribué à cette bonne nouvelle". "Le Cameroun et le Nigeria ont permis, à travers les contacts noués, d’obtenir la liberté pour cette famille", a-t-il reconnu.

Un soutien nécessaire de la part de pays qui connaissent bien le terrain et qui "ont intérêt à jouer la solidarité pour retrouver les otages", selon Gérard Longuet. "On ne sait pas encore comment cette libération a été négociée mais on finira par le savoir. Le Cameroun a tout intérêt à montrer son rôle dans cette libération", croit savoir Philippe Hugon.

Quant à la France, très discrète sur son rôle jusqu’à présent, elle menait bien les négociations, en partenariat avec les autorités locales, a confirmé Patricia Adam, présidente de la commission défense à l’Assemblée, sur BFMTV. "Il faut féliciter le remarquable travail fait par nos services de renseignement, notamment la DGSE, qui ont permis d’avoir des éléments pour obtenir la libération de cette famille", a-t-elle fait valoir sans en dévoiler davantage au nom du "secret-défense".

Sandrine Cochard