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Emmanuel Macron filmé en train de chanter: qu'est-ce que l'application "Canto"?

Emmanuel Macron le 17 avril en train de chanter une chanson avec des soutiens du controversé "projet Canto"

Emmanuel Macron le 17 avril en train de chanter une chanson avec des soutiens du controversé "projet Canto" - BFMTV

L'association, et son site qui en découle, entend agréger tous les chants populaires et traditionnels de France. Toutefois, elle héberge des chants controversés. La vidéo d'Emmanuel Macron entonnant "Le Refuge" a été particulièrement partagée et commentée par des sympathisants d'extrême droite.

"Il n'y a que la mafia et projet Canto pour faire chanter un chef d'État". L'association et l'application du même nom a bénéficié d'un coup de projecteur. Ce lundi soir, après son allocution télévisée, Emmanuel Macron a été filmé dans les rues de Paris en train de chanter aux côtés d'un groupe de jeunes.

Sur les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, on voit le président reprendre Le Refuge, un chant traditionnel des Pyrénées. En effet, l'objectif du projet Canto est de "sauvegarder, faire vivre et transmettre la mémoire du chant populaire et traditionnel".

Toutefois, le contenu de son répertoire et la proximité de certains fondateurs avec l'extrême droite placent Emmanuel Macron dans une position délicate.

Une application "carnet de chant"

L'association, et son site, entend agréger tous les chants populaires et traditionnels de France pour les sauvegarder numériquement et empêcher qu'ils ne tombent dans l'oubli, notamment à travers un système collaboratif et participatif par le biais duquel les membres peuvent proposer des titres.

Le projet Canto "met à disposition de tous les utilisateurs une application 'carnet de chant' qui recense tous les chants populaires de France, des comptines pour enfants aux chansons grivoises, en passant par les chants régionaux et les traditionnels chants de veillée", explique-t-il.

Lancée en 2020, le site regroupe aujourd'hui environ 1700 chants. À l'automne 2022, nos confrères de Libération soulignaient la présence de plusieurs chansons très controversées dans le projet Canto.

Chants très controversés

Libération révèlait en effet que des airs militaires en vogue sous le IIIe Reich étaient accessibles sur l'application, comme le Panzerlied ou le Grün ist unser Fallschirmjäger, le chant des parachutistes de la Luftwaffe écrit en 1941. Aujourd'hui, ces deux chants sont introuvables sur le site.

Toutefois, il est toujours possible d'accéder à La Cara al Sol, hymne de la Phalange espagnole, le mouvement fasciste de Primo de Rivera, et symbole du franquisme, ou encore à Claquez bannières de chrétienté qui entonne: "La France est aux Français, travail, famille, patrie, nos devises sont fixées".

Interrogé à ce propos, le directeur général Gauthier Brioude affirmait à Libération que "le chant politique fait partie de l’histoire du chant, et c’est à ce titre qu’il est répertorié. Certains sont apparentés à l’extrême droite, d’autres à l’extrême gauche".

Liens avec l'extrême droite

Ce sont notamment les accointances politiques de plusieurs membres éminents du projet Canto qui font polémique après cette séquence montrant Emmanuel Macron. L'un des cofondateurs a par exemple été membre du GUD, organisation étudiante française d'extrême droite, et militant de droite radicale.

En outre, la vidéo du chef de l'État a été particulièrement partagée et commentée par des sympathisants d'extrême droite à l'instar de Stanislas Rigault - président de Génération Z et proche d'Éric Zemmour - sans que les jeunes qui ont interpellé le président soient forcément identifiés comme étant de cette mouvance. Selon plusieurs messages sur les réseaux sociaux, il s'agirait du Chœur Saint-Longin, à Paris.

Selon Libération, des militants de groupuscules de l'extrême droite radicale socialisent à l’occasion dans les "apéros Canto" organisés par l'association.

"Le banquier chante"

Le groupe, qui semble quasiment exclusivement composé d'hommes, qui portent pour la plupart un béret, s'est réjoui sur Facebook "que le président de la République se soit servi de notre application".

"Le banquier chante avec eux, ça veut dire qu'il a une âme. Rien n'est perdu", poursuit-il dans un commentaire.

Comme le met en avant l'association sur son site, le projet Canto est soutenu par le ministère de la Culture et bénéficie d'une subvention de 40.000€ du Centre national de la musique.

De son côté, l'Élysée, confirmant l'authenticité de la vidéo, affirme qu'Emmanuel Macron a accepté d'entonner une chanson pyrénéenne "qu'il affectionne et connaît" et qu'il "ne pouvait connaître à ce moment-là les antécédents de chaque personne avec laquelle il discutait".

En déplacement en Alsace, le chef de l'État s'est également justifié: "Si j’avais dit non (pour chanter avec eux), vous auriez dit que ce n'est pas sympa, pas démocratique et que c'est du mépris".

Salomé Robles