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Élysée

Dans les coulisses de l'avion présidentiel avec Edouard Philippe

Pour son voyage aux Emirats arabes unis, le Premier ministre a utilisé l'Airbus A330 présidentiel avec une cinquantaine de passagers à son bord. BFMTV a pu monter dans cet avion, le plus secret de la République. Une première au côté d'Edouard Philippe.

Pour assurer ses déplacements à travers le monde, l'exécutif français dispose d'une flotte de plusieurs avions, dont le plus imposant est l'Airbus A330. Cet avion présidentiel peut être utilisé par le président et par le Premier ministre, et c'est celui qui vient de mener Edouard Philippe jusqu'aux Emirats arabes unis pour un déplacement de plusieurs jours qui s'achèvera ce dimanche.

Pour la première fois, le chef du gouvernement a accepté de faire entrer une caméra à bord de cet avion, le plus secret de la République. BFMTV y a filmé Edouard Philippe en pleine réunion, en compagnie de deux de ses conseillers, en train de préparer ses visites et de peaufiner ses discours à l'attention des investisseurs du Golfe.

50 passagers avec le Premier ministre

Comme pour tous les voyages officiels, le Premier ministre était loin d'être seul à bord de l'avion. Une cinquantaine de passagers au total ont voyagé avec lui: sa délégation compte à elle toute seule une dizaine de personnes, conseillers, membres de cabinet, médecin, mais aussi gardes du corps. Une ministre, plusieurs parlementaires et patrons ont aussi fait le déplacement. Et comme il s'agit d'un long trajet, l'avion a été suivi d'un autre choisi parmi la flotte gouvernementale, de type Falcon. Un appareil de secours, qui peut être utilisé en cas de panne.

Car malgré son caractère d'exception, l'Airbus présidentiel n'est pas à l'abri d'une avarie. Sous François Hollande en 2016, il avait été cloué au sol par une panne électrique en pleine tournée en Amérique du Sud, après un passage en Polynésie.

La polémique du vol Tokyo-Paris

De tels déplacements ont un coût important, puisqu'une heure de vol dans l'Airbus présidentiel coûte 20.776 euros. Un sujet délicat, mis en lumière il y a quelques semaines par la polémique du vol Tokyo-Paris effectué par le Premier ministre et sa délégation. Au mois de décembre, alors que l'Airbus A330 était utilisé par Emmanuel Macron pour une visite en Algérie, Edouard Philippe a utilisé une compagnie privée depuis le Japon pour rentrer de son voyage en Nouvelle-Calédonie.

L'objectif était de revenir plus rapidement afin de palier l'absence du chef de l'Etat, puisque l'usage prévoit que le Premier ministre remplace le président quand il s'absente du pays. A l'aller, c'est un avion de l'Armée de l'air peu confortable et non prévu pour les vols longs courriers effectués de nuit qui avait été utilisé. Au retour, avec 100 sièges de type première classe, le vol effectué par Aero Vision a coûté 350.000 euros.

Un coût en baisse constante depuis 10 ans

D'après nos calculs, pour ce déplacement aux Emirats, le coût devrait avoisiner les 300.000 euros. Une somme facturée aux services du Premier ministre par le ministère des Armées, qui gère ces déplacements. Matignon explique étudier pour chaque déplacement officiel plusieurs options, dont l'utilisation de vols commerciaux. Mais ces vols doivent répondre aux exigences de protocole, notamment en matière d'agenda et de sécurité.

Si le coût de ces trajets semble astronomique, la tendance n'est est pas moins à la baisse depuis la présidence de Nicolas Sarkozy pour ce qui concerne le coût des déplacements des Premiers ministres. Sous celui-ci, le coût annuel moyen était de 4,8 millions d'euros par an. Sous François Hollande, il a atteint 3,2 millions annuels, et d'après les prévisions pour mai 2017 à mai 2018, pour cette première année de présidence d'Emmanuel Macron, la somme devrait être de 2,6 millions d'euros.

Coût annuel moyen des déplacements du Premier ministre.
Coût annuel moyen des déplacements du Premier ministre. © Capture BFMTV

Le projet d'achat d'un nouvel avion reporté

L'Airbus A330 est devenu l'avion présidentiel sous Nicolas Sarkozy. Il avait été acheté d'occasion en 2009 à la compagnie Air Caraïbes pour la somme de 50 millions d'euros hors taxes. A laquelle se sont ajoutés plusieurs dizaines de millions d'euros de travaux voulus par l'ancien président, qui avait notamment demandé l'installation de rideaux motorisés pour plus de 300.000 euros hors taxes.

Après la panne de l'A330 sous le quinquennat de François Hollande, le projet d'achat d'un nouvel avion, un A319neo, a vu le jour. Mais Emmanuel Macron a décidé de le mettre en suspens à son arrivée au pouvoir, le temps de mener une étude "sur les coûts et les contraintes" des déplacements de l'exécutif, comme le précisait l'Elysée en décembre dernier. D'après La Tribune, le chef de l'Etat souhaitait s'offrir son Air Force One, pour un coût estimé entre 130 et 150 millions d'euros, mais la polémique autour du vol Tokyo-Paris aurait contribué à sa décision de reporter un tel achat. 

Charlie Vandekerkhove avec Jean-Rémi Baudot