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Gouvernement

Un vol Tokyo-Paris à 350.000 euros pour Edouard Philippe et sa délégation

Le Premier ministre Edouard Philippe sort du Palais de l'Elysée le 13 décembre 2017

Le Premier ministre Edouard Philippe sort du Palais de l'Elysée le 13 décembre 2017 - BERTRAND GUAY / AFP

Le Premier ministre et sa délégation ont pu voyager à bord d'un A340 de luxe entre Tokyo et Paris le 5 décembre. Ce mercredi matin, Edouard Philippe s'est défendu, disant "assumer complètement" ce recours à un avion privé.

Matignon a affrété pour 350.000 euros un avion d'un loueur privé afin de permettre à Edouard Philippe de rentrer plus vite de sa visite en Nouvelle-Calédonie et d'éviter de terminer le voyage dans un avion de l'Etat jugé trop inconfortable, a-t-on appris mardi de source proche du dossier. Interrogé ce mercredi matin sur RTL, le Premier ministre a dit "assumer complètement" ce recours à un avion privé, malgré la polémique. 

"C'est compliqué de déplacer le Premier ministre, et c'est cher. Je comprends parfaitement à la fois la surprise et les interrogations que se posent les Français", a-t-il déclaré, justifiant notamment le vol par le besoin d'être de retour en métropole avant le départ d'Emmanuel Macron en Algérie le 6 décembre. "La règle, c'est qu'on essaye de faire en sorte que le Premier ministre ou le Président soit sur le territoire national", a encore rappelé Edouard Philippe.

100 sièges de type première classe

Venu en Nouvelle-Calédonie en vol commercial, le Premier ministre débute son voyage retour le 5 décembre dans l'A340 de l'armée de l'air mobilisé pour l'occasion, qui avait emmené une partie de sa délégation à l'aller.

Mais lors de l'escale technique à Tokyo, Edouard Philippe descend de l'appareil avec sa délégation, dont plusieurs ministres, pour embarquer dans un autre gros porteur, un A340 de luxe avec 100 sièges de type première classe, loué à l'entreprise spécialisée Aero Vision.

Au final, cet avion de location, qui s'est posé le 6 décembre à 7h30 à Orly, aura permis au Premier ministre, dans de meilleures conditions de confort, de gagner deux heures: celui de l'armée s'est posé à 9h30 à Roissy, quasiment à vide.

Matignon a confirmé que "la délégation du Premier ministre, composée de 52 personnes dont 4 ministres, a fait le vol Tokyo-Paris sur un vol loué pour la somme de 350.000 euros, soit 6.000 euros par personne". Par ailleurs, selon nos informations, des billets pour un vol commercial business, partant plus tard de Tokyo, leur ont été proposés, à 7.500 euros par billets.

L'avion de l'armée utilisé "exceptionnellement"

Pourquoi le Premier ministre n'a-t-il pas terminé son vol sur l'A340 de l'armée, qui a redécollé de Tokyo pour Paris après une escale de deux heures? 

Premier argument de Matignon: cet avion, assez ancien et sans sièges business, "ne sert pas en temps normal à transporter ni des autorités militaires ni des membres du gouvernement en long courrier et de nuit". 

En l'absence de l'A330 présidentiel, il a été utilisé "exceptionnellement" par le Premier ministre entre Nouméa et Tokyo "justement pour faire des économies", plaide-t-on à Matignon.

Revenir "dans les temps impartis"

Autre justification: les deux heures ont permis au Premier ministre de revenir "dans les temps impartis", alors qu'Emmanuel Macron s'apprêtait à décoller pour l'Algérie et qu'un Conseil de Défense était prévu à l'Elysée à 8 heures.

Même si la règle souffre de nombreuses exceptions, en l'absence du chef de l'Etat, le Premier ministre doit se trouver en métropole, rappelle Matignon.

"Au total, le coût des vols pour ce déplacement ministériel a coûté 30% moins cher pour l'Etat que le dernier voyage similaire en Nouvelle-Calédonie", celui de Manuel Valls en 2016, a également souligné Matignon.

Selon nos informations, le coût total du déplacement du Premier ministre et de sa délégation pour le voyage officiel en Nouvelle-Calédonie s'élève à 1,3 million d'euros. Par comparaison, le coût du voyage de Manuel Valls en avion présidentiel avait été de 2 millions d’euros.

C.P. et A.S. avec AFP