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Ce que l'on sait du possible programme de François Hollande pour 2017

François Hollande le 8 septembre 2016 salle Wagram à Paris.

François Hollande le 8 septembre 2016 salle Wagram à Paris. - BFMTV

Il n'est pas encore officiellement candidat, mais déjà en précampagne, comme l'a montré son discours du 8 septembre à la salle Wagram. Réforme des minima sociaux, limitation du cumul des mandats dans le temps mais aussi défense d'une Europe forte face au nationalisme... Tour d'horizon des pistes égrenées par François Hollande pour son programme à venir.

Il devrait se prononcer en décembre sur sa candidature à la présidentielle de 2017. Mais François Hollande a déjà entamé sa campagne, ou du moins sa précampagne, posant les jalons d'un éventuel programme au fil de ses derniers discours, et notamment celui "sur la démocratie et le terrorisme". Tour d'horizon des différents chapitres qui se dessinent.

Défendre la solidarité en réformant les minima sociaux

Le 8 septembre, lors de son discours salle Wagram, François Hollande a défendu le modèle social français. "Il est le patrimoine de ceux qui n'en ont pas", a-t-il déclaré. "La France que je porte est une France fraternelle", "c'est ce qu'il y a de plus fort dans la République", affirmait-il aussi dans une interview fleuve à la revue Le Débat, publiée par Le Monde. En tant que candidat de la gauche, il devrait faire la part-belle à la "solidarité" dans son programme, pour anticiper par la même occasion la litanie de "l'assistanat", qui devrait être reprise à droite.

Cette défense de la solidarité passera par la réforme qui vise à simplifier les minima sociaux. Une refonte portée par Manuel Valls, qui a défendu la "politique volontariste" du gouvernement "en matière de pauvreté" dans une tribune publiée mercredi sur Facebook. Dans ce texte, le Premier ministre appelle à "faire vivre la solidarité", grâce au "volontarisme", au "bon sens" et à la "simplification". L'occasion de revenir sur la piste du revenu universel, défini par le chef du gouvernement comme "une allocation unique, ouverte à tous, à partir de 18 ans, pour remplacer la dizaine de minima sociaux existant". 

  • "Je n'accepte pas que l'on traite 'd'assistés' plus de 8 millions de nos compatriotes - jeunes qui cherchent un emploi, salariés modestes ou en formation, retraités avec des petites pensions", écrit-il dans sa tribune, en employant le gros mot. "Je crois que ce débat doit être ouvert. Pour aller plus loin ! Pour renforcer notre modèle social !", plaide Manuel Valls.

Les principes de cette réforme, qui vise à simplifier les démarches pour les prestataires de neuf minima sociaux (RSA, allocation adulte handicapé, etc) sont tirés du rapport présenté en avril dernier par Christophe Sirugue, le député devenu secrétaire d'Etat à l'Industrie. Le Premier ministre avait promis une mise en oeuvre rapide de cette réforme, qui devrait être initiée dès 2017.

Priorité à l'éducation

Sur BFMTV et RMC, Najat Vallaud-Belkacem a annoncé jeudi son intention d'être "très impliquée" dans la campagne présidentielle à venir, dans laquelle elle souhaite voir François Hollande se présenter. Celle que la rumeur considère comme la future directrice de campagne de Hollande a défendu le bilan du gouvernement, en soulignant notamment la création de 60.000 postes dans l'éducation, un engagement promis par le gouvernement. Un chiffre qui prend en compte les enseignants stagiaires qui ne sont pas à temps plein, comme n'ont pas manqué de le souligner les critiques. 

Mais elle a aussi exprimé sa volonté de rendre la scolarité obligatoire de 3 à 18 ans. Il ne s'agit selon elle pas d'une "annonce de réforme pour la fin du quinquennat", mais "de se donner une ambition pour les années qui viennent", confirmant que l'éducation devrait être l'un des chapitres phares du programme de François Hollande, s'il est effectivement candidat. 

"Pourquoi on a créé des postes? Ce n'est pas pour le plaisir ou pour se faire je ne sais quelle clientèle. On a d'abord créé des postes pour réarmer, remuscler l'école primaire parce que c'est à l'école primaire que l'essentiel se joue", a affirmé la ministre, défendant le gouvernement de vouloir s'assurer le vote des professeurs. 

Une "idée de la France" plutôt qu'une "identité" française

"La France, c'est une idée bien plus qu'une identité", a déclaré François Hollande lors d'une visite au Vietnam début septembre, quelques jours avant le discours de Wagram. "Notre identité, c'est notre histoire, notre culture, nos valeurs, notre mode de vie. Elle n'est pas figée dans le temps, elle n'est pas une photographie immobile, elle n'est pas une contemplation du passé, pas une recherche obstinée de nos racines. L'identité est en perpétuel mouvement. C'est pour ça que la France est bien plus qu'une identité, c'est une idée, une ambition", a-t-il répété le 8 septembre. 

Au fil de ses derniers discours, le président de la République a pris soin de répéter son message, et il devrait figurer en bonne place dans son programme. A l'identité, "heureuse" ou non, brandie par certains de ses adversaires politiques, lui opposera son "idée" de la "maison France". Pour accentuer l'offensive du gouvernement contre la droite, ses soutiens vont d'ailleurs lancer un site intitulé "Notre idée de la France", comme l'a annoncé Stéphane Le Foll mardi.

Une initiative qui suivra trois angles d'attaque, a précisé le porte-parole du gouvernement: défendre l'action du gouvernement, le bilan du quinquennat, dénoncer "les mesures rétrogrades de la droite", construire l'avenir non pas autour d'une identité mais de "Notre idée de la France".

Limiter le cumul des mandats dans le temps

Lors de son discours salle Wagram, François Hollande n'a pas fait que tracer les grandes lignes de sa candidature. Il a aussi formulé une proposition en particulier: celle de réduire le cumul des mandats en le limitant dans le temps. "Je veux que l'on aille plus loin encore, en réduisant le cumul des mandats dans le temps", a-t-il déclaré, en faisant référence à la loi de 2014 sur le non-cumul. Cela "n'empêcherait pas, bien sûr, à ces élus de concourir à d'autres scrutins", a-t-il aussi précisé. "Des réformes institutionnelles devront être accomplies" selon lui. 

Face à la défense du référendum, portée par plusieurs candidats de la droite et de l'extrême-droite, François Hollande devrait s'attacher à promouvoir la démocratie en faisant en sorte que les citoyens soient "mieux associés aux décisions qui les concernent". Salle Wagram, il a cité notamment des "états généraux sur les grandes questions de société", des "consultations locales sur les grands équipements", ou encore des "jurys citoyens" et "la participation dans les grands débats publics, dans des démarches de co-construction législative".

Une Europe forte pour contrecarrer les populismes

Le 16 septembre, lors d'un sommet européen sur l'après-Brexit à Bratislava, François Hollande a mis en garde contre la montée du populisme en Europe, dont il aurait à "rendre compte devant les électeurs" en 2017. 

"Lorsque l'Europe est mise en cause c'est aussi la démocratie et ses valeurs qui peuvent s'en trouver affectées, abîmées", a-t-il fait valoir, visant les partis populistes qui "s'en prennent à l'Europe parce qu'ils veulent s'en prendre à un système de valeurs et à un modèle de société". Le 8 septembre, déjà, il avait martelé devant ses partisans: "Je ne laisserai pas l'Europe être saisie par le nationalisme, par l'extrémisme". 

Au niveau européen, 2017 sera l'année d'après, d'après le Brexit. Ce sera aussi une année d'élections, avec la présidentielle française et les législatives en Allemagne. 2017 marquera également les 60 ans du traité de Rome, acte fondateur de la Communauté économique européenne, ancêtre de l'UE. Face cette triple perspective, François Hollande semble miser sur le voeu d'une Europe forte et soudée, souhaitant réunir dans un "premier cercle" les pays "prêts à progresser plus vite" au sein de l'UE, avait-t-il déclaré dans son entretien à la revue Le Débat.

"La relance européenne doit être fondée sur la défense, la protection, la sécurité. J'y ajoute l'industrie, l'écologie, l'environnement, la culture, les échanges scientifiques, mais la priorité immédiate, c'est la défense, la protection des frontières, la lutte contre le terrorisme", a insisté François Hollande, qui compte bien ne pas laisser la primauté de ces thématiques à la droite européenne.

Charlie Vandekerkhove avec AFP