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"Alexis Kohler a l'entière confiance du président de la République", assure l'Elysée

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INFO BFMTV - L'Elysée affirme lundi garder une totale confiance envers Alexis Kohler, visé par une plainte de l'association Anticor.

"Alexis Kohler a l'entière confiance du président de la République", assure l'Elysée à BFMTV, ce lundi soir. Dans la journée, l'Elysée avait simplement réagi en indiquant que son secrétaire général, Alexis Kohler, avait "pris note" de la plainte déposée contre lui par l'association anticorruption. Mais déjà, la présidence avait rejeté "des soupçons totalement infondés jetés sur lui à l'évidence en raison de ses fonctions".

Dans cette plainte pour "prise illégale d'intérêt" et "trafic d'influence" envoyée vendredi au PNF, Anticor dénonce les liens familiaux et professionnels étroits qui existent entre le numéro 2 de l'Elysée et l'armateur italo-suisse MSC, client important de STX France, les chantiers navals de Saint-Nazaire. De loin le plus grand pourvoyeur de commandes de ces chantiers, l'armateur a joué un rôle essentiel dans les discussions sur leur avenir menées avec l'Etat français.

Confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique, elle vise à "vérifier si les règles relatives à la mise en disponibilité des agents publics ont bien été respectées", indique le PNF dans son communiqué. Dans sa plainte, Anticor reproche à Alexis Kohler d'avoir siégé comme représentant de l'Etat au conseil d'administration de STX France à partir de 2010 alors qu'il "ne pouvait ignorer qu'il existait un conflit d'intérêts", l'armateur MSC ayant été fondé et dirigé par les cousins de sa mère.

Emmanuel Macron savait-il?

Du côté de l'Elysée, on assure qu'Alexis Kohler avait non seulement informé sa hiérarchie de ses liens avec MSC, mais qu'il s'était bien "déporté" de ces sujets liés au dossier des chantiers de Saint-Nazaire. Un désengagement que confirme Pierre Moscovici. "Faux", rétorque sur notre plateau Laurent Mauduit, journaliste cofondateur de Mediapart qui a révélé cette affaire.

"Ce qui est important d'établir, ce sont les faits, poursuit-il. Dans les faits, il y a dans le dossier de la commission de déontologie, il y a une attestation signée Emmanuel Macron, en 2016 (alors ministre de l'Economie, NDLR). Cela pose une question très concrète qui couvre deux cas de figure. Soit, Emmanuel Macron était informé du lien familial qui était de nature à altérer l'avis de la commission de déontologie. Et Emmanuel Macron l'aurait tue. L'autre hypothèse, c'est qu'au sein de ces deux personnes si proches, si amis, l'un d'eux aurait caché à l'autre le fait qu'il avait un lien familial? De bout en bout l'histoire pose de très graves questions."

Anticor rappelle aussi que ce haut fonctionnaire quadragénaire a voulu à deux reprises rejoindre l'armateur après avoir été directeur adjoint de cabinet au ministère de l'Economie, entre 2012 et 2014 quand le poste était occupé par Pierre Moscovici et entre 2014 et 2016 quand Emmanuel Macron lui a succédé.

La première fois, en avril 2014, la commission de déontologie, l'instance chargée de contrôler le départ des agents publics dans le secteur privé, s'était opposée à sa demande. Mais en août 2016, quand Emmanuel Macron avait quitté Bercy, Alexis Kohler avait finalement obtenu le feu vert de la commission et rejoint MSC Croisières comme directeur financier. Tout en occupant ces hautes fonctions chez l'armateur, il était devenu un membre actif de la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron. Sur cette période, Anticor soupçonne Alexis Kohler d'être intervenu comme cadre de MSC dans une réunion à Bercy en mars 2017 sur la reprise de STX France, alors menacé de faillite.

"Un sujet extrêmement complexe"

Député La France Insoumise de Seine-Saint-Denis, Eric Coquerel, juge que cette "affaire ne fait que commencer". "Soit, il s'avère qu'effectivement il n'y a rien au-delà de la question du principe du pantouflage qui pour nous est encore un vrai problème. Dans ce cas, là, Emmanuel Macron aura pris la bonne décision. Soit, il y a bien conflits d'intérêts, et dans ce cas-là, on pourra se demander si Emmanuel Macron le savait. C'est de sa responsabilité, la balle est dans son camp."

Pour Erwann Balanant, député Modem du Finistère, "c'est très bien qu'Anticor fasse son boulot, mais il faut ensuite laisser la justice faire son travail et il ne faut pas instrumentaliser ça et mettre du trouble, rajouter de la confusion à un sujet extrêmement complexe. Pour l'instant, il (Alexis Kohler, NDLR) n'est pas mis en examen".

D. N. avec Jérémy Trottin