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2017: François Hollande se pose en président candidat

François Hollande le 3 septembre 2015 à l'Elysée.

François Hollande le 3 septembre 2015 à l'Elysée. - Alain Jocard - AFP

Dans une longue interview aux Echos ce jeudi, François Hollande engage, sans le dire frontalement, sa campagne pour 2017. Défense de son bilan, attaque en règle de la droite, gestes d'apaisement envers la gauche, sortie de son devoir de réserve… Autant de signes qui marquent l'entrée en campagne du président sortant.

Un ton offensif aux airs de pré-candidat. Si François Hollande n'est toujours pas officiellement candidat à sa réélection, il vient de franchir un cap dans ce qui semble, après son discours du 3 mai au Théâtre du Rond-Point, acter la deuxième étape de son entrée en campagne.

Dans un entretien fleuve accordé aux Echos, ce jeudi, le président de la République détaille ce qui ressemble à un programme, en confirmant notamment une nouvelle baisse d'impôt en 2017 pour les classes moyennes. Il se livre également à une attaque musclée de la droite, mais aussi contre Donald Trump, et semble cajoler sa gauche, en se voulant apaisant vis-à-vis de la CGT.

Défense de son bilan

François Hollande s'échine à défendre le bilan économique et social de ses quatre années passées au pouvoir. "D'abord, il y a bien une reprise en France et un début d'inversion de la courbe du chômage, c'est un fait indiscutable", déclare le chef de l'Etat. "C'est le fameux signal qu'il attendait pour annoncer sa candidature", remarque le politologue Eddy Fougier, joint par BFMTV.com. 

Particulièrement optimiste pour l'économie française, le chef de l'Etat sort de la réserve du gouvernement depuis deux ans sur les prévisions macroéconomiques, pour annoncer 1,6% de croissance en 2016 et 1,7% en 2017, sauf accident lié au Brexit, contre deux fois 1,5% jusqu'ici prévus par Bercy. 

En 2016, le chef de l'Etat espère que cela "permettra de créer au moins 200.000 emplois" et pour 2017, il dessine les contours de la nouvelle baisse d'impôt qu'il avait appelée de ses voeux début mai. Elle ne pourra "être supérieure à 2 milliards d'euros" et de préférence "ciblée sur les classes moyennes".

Hollande prend ouvertement parti contre Donald Trump

Contrairement à ce qui est attendu de la part d'un chef d'Etat, François Hollande sort de son devoir de réserve en commentant la campagne présidentielle américaine. Et se livre à une critique très virulente du futur candidat des Républicains, Donald Trump. Une victoire du fantasque homme d'affaires "compliquerait les rapports entre l'Europe et les Etats-Unis" et "oui", son entrée à la Maison Blanche serait dangereuse, juge-t-il. Pour François Hollande, les slogans de Donald Trump ne sont pas si éloignés de ceux de l'extrême droite.

Fermeté contre la City

Même ton de campagne, très tranché, lorsque François Hollande évoque le Brexit. "La démocratie n’est pas une partie de poker, surtout quand ceux qui jouent engagent des partenaires qui ne sont pas autour de la table", lâche le chef de l'Etat, après avoir multiplié ces derniers jours les rencontres avec ses homologues et au Conseil européen pour tirer les conséquences du choix britannique de quitter l'Union européenne. Et de se montrer très ferme vis-à-vis de la City, souhaitant "adapter nos règles y compris fiscales pour rendre la place financière de Paris plus attractive".

François Hollande en profite d'ailleurs pour clore le débat sur l'organisation d'un référendum semblable en France, ouvert selon lui par des "apprentis sorciers", car "le rendez-vous démocratique sur l'Europe aura lieu lors de la prochaine présidentielle".

Hollande cible la droite

Jusque-là, François Hollande évitait de s'attaquer frontalement à l'opposition, pour se présenter en président rassembleur. Signe de son entrée en campagne, François Hollande se fait très offensif contre les candidats à la primaire de la droite. Et dénonce, dans leurs projets, "beaucoup d'inconséquence et peu de justice".

"Les programmes des candidats à la primaire, c'est plus de dépenses dans tous les domaines et moins d'impôts dans tous les autres", ironiste-t-il, esquissant ses futurs arguments de campagne.

"L'originalité n'est pas leur marque de fabrique", ajoute François Hollande. "C'est sur d'autres sujets que se fait la différence, essentiellement sur l'Europe et sur l'identité nationale mais pour le reste, c'est, si je puis dire, un fonds commun de mauvais placement", cingle le chef de l'Etat, qui pourrait affronter à nouveau l'ancien président Nicolas Sarkozy.

Apaisement à gauche

François Hollande s'adresse également à sa gauche, et récuse le procès en trahison que lui font nombre d'alliés de 2012. "La trahison, c'eût été de laisser le pays dans l'état où je l'ai trouvé. Je m'en expliquerai devant les Français autant que nécessaire", affirme le chef de l'Etat, qui contrairement à Arnaud Montebourg et surtout à Jean-Luc Mélenchon n'imagine "pas régler les problèmes des Français par une VIe République".

"François Hollande se positionne ainsi dans une troisième voie, entre une vielle droite revancharde qui veut imposer une politique libérale et une gauche contestataire impuissante, qui aboutit à donner le pouvoir à la droite", décrypte Eddy Fougier.

Enfin, le chef de l'Etat veut jouer l'apaisement avec sa gauche, notamment sur la loi Travail, qui "va permettre de donner au syndicalisme des moyens qu'il n'a jamais eus dans notre pays", promet-il, en rappelant qu'il ne lâchera pas sur l'article 2 (inversion de la hiérarchie des normes) et qu'il aura recours, si nécessaire, au 49-3 pour la dernière lecture à l'Assemblée.

Fidèle à son rôle de rassembleur, il calme le jeu vis-à-vis d'une CGT directement mise en cause mi-juin par Manuel Valls, au lendemain des violences observées à Paris: "Elle n'est pas responsable des violences, elle en a même été victime". François Hollande concède une erreur, dans ce dossier: "Je regrette que nous n'ayons pas plus associé les salariés à l'élaboration de la loi Travail, même si les organisations syndicales ont été consultées".

C. P.