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Fusion des listes aux régionales: l'idée de Valls irrite jusque dans son camp

Manuel Valls envisage une fusion des listes PS-LR pour faire barrage au Front national, au second tour des régionales.

Manuel Valls envisage une fusion des listes PS-LR pour faire barrage au Front national, au second tour des régionales. - Bertrand Guay- AFP

Le Premier ministre défend une fusion des listes de gauche et de droite au second tour des régionales pour faire barrage au Front national. Mais son idée irrite jusque dans son propre camp.

Manuel Valls est prêt à envisager une fusion des listes PS-Les Républicains pour barrer la route au Front national. Pour lui, la question se posera "au soir du premier tour" des régionales, a-t-il estimé jeudi. "Sur les 17 régions, la question se posera dans une, deux ou trois région maximum", a relativisé le Premier ministre, estimant qu’il "ne faudra écarter aucune hypothèse et tout faire pour écarter le FN". L’idée d’une liste unique droite-gauche est notamment envisagée pour la région Nord-pas-de-Calais-Picardie où la tête de liste Front national n’est autre que Marine Le Pen. 

Mais l'idée de Manuel Valls embarrasse dans son propre camp. Le candidat PS, Pierre de Saintignon rejette la proposition. "J'en ai assez. Qu'on me laisse travailler tranquillement, que je puisse parler directement aux gens, leur apporter des réponses à leurs problèmes, leurs angoisses, leur colère", s’agace le candidat de gauche sur BFMTV.

Une "confusion" pour les électeurs

Pierre de Saintignon reçoit d’ailleurs le soutien du premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, qui appelle "tous les socialistes" et Manuel Valls à la "cohérence":

"Il faut faire les choses dans l’ordre. Il y a un premier tour et un deuxième tour. J’appelle l’ensemble des socialistes à se concentrer sur le premier tour."

Jean-Christophe Cambadélis estime par ailleurs que dans le Nord, la liste de la gauche "sortira en tête des partis républicains et que la question sera posée à la droite et pas à la gauche".

Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale et tête de liste en Ile-de-France, considère lui aussi que parler de fusion avant le premier tour entretient "la confusion" pour les électeurs. 

"Si d'un seul coup on dit aux électeurs on est déjà dans l'interprétation de votre vote qui n'a pas encore eu lieu, ce n'est pas une bonne chose", estime-t-il sur BFMTV. Pour Claude Bartolone, la fusion des listes est une "version Apocalypse now" des élections.

Quant à l'écologiste Cécile Duflot, elle estime que "c’est se tirer une balle dans le pied". Si la question bouscule à gauche, François Hollande botte en touche. "C’est aux partis de régler la question", a-t-il estimé ce jeudi lors d’une conférence de presse à Malte.

De son côté, Xavier Bertrand, le candidat Les Républicains pour la grande région du Nord, n’envisage pas non plus la fusion. Pour lui, la proposition de Manuel Valls n’est qu’une anticipation de la défaite de la gauche. "Ceux qui parlent aujourd’hui du second tour c’est ceux qui pensent qu’ils ont perdu au premier tour. Il n’y aura pas d’alliance", appuie l'ancien ministre.

L'"hypocrisie" dénoncée par Manuel Valls

A trois semaines du premier tour, Marine Le Pen ironise et semble être la seule à défendre l’idée du Premier ministre. La candidate Front national raille "l’UMPS". "Ils ont une proximité idéologique extrêmement forte (…) Ils peuvent effectivement fusionner", estime la présidente du FN. Mais Manuel Valls défend sa position du "front républicain", récurrente depuis la montée des scores du Front national.

"Il y en a assez d’une forme de cynisme, d’hypocrisie, de faire comme si cette question ne se posait pas", appuie le Premier ministre. "La gauche a toujours pris ses responsabilités, elle ne s’est jamais réfugiées dans un "ni-ni", elle ne renvoie pas à dos la droite et l’extrême droite". Pour lui, "la droite républicaine devra aussi faire des choix".

C. B avec AFP