BFMTV
Régionales

"Alcooliques, consanguins mais pas lepénistes": des Nordistes choisissent l'humour pour dire non au FN

La page Facebook du collectif "Les chicons en colère".

La page Facebook du collectif "Les chicons en colère". - Capture Facebook

Des jeunes de la région Nord-Pas-de-Calais ont lancé un Tumblr et une page Facebook pour contrer le Front national, annoncé vainqueur lors des élections régionales de décembre prochain.

Les sondages se suivent et se ressemblent. D'après les enquêtes d'opinions réalisées avant les élections régionales, qui se dérouleront les 6 et 13 décembre prochain, Marine Le Pen, la candidate du Front national est donnée grande gagnante de ce scrutin dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Après Steeve Briois, qui a été élu en 2014 au premier tour des élections municipales à Hénin-Beaumont, commune du Pas-de-Calais, et la présidente du FN, élue largement aux élections européennes, le parti à la flamme pourrait définitivement s'implanter dans ce territoire.

Pour éviter la stigmatisation, des jeunes de la région ont eu l'idée de lancer un Tumblr et une page Facebook utilisant l'humour pour barrer la route au parti de Marine Le Pen. Reprenant tous les clichés accolés aux habitants du Nord, cette dernière, intitulée "Alcooliques, chômeurs, consanguins mais pas lepénistes" (en hommage à la banderole anti-Chtis brandie lors d'un match PSG-Lens), compte déjà plus de 10.500 abonnés depuis sa création en septembre dernier. Ils ont également crée un hashtag #Pasdansmaregion.

"Pas de boulettes, biloute"

Leur photo de profil: un portrait de Marine Le Pen floqué d'un pictogramme "interdiction". "A la base, on ne s'intéresse pas vraiment à la politique, explique l'un des "chicons en colère" à Metronews. Mais on a vu passer des sondages, et nous nous sommes dit que nous ne voulions pas nous réveiller le 14 décembre avec Marine Le Pen pour présidente."

Leur message, ils ont décidé de le faire passer à coup de slogans contre le FN, contre ses propositions, mais toujours avec beaucoup de second degré. Avec un but bien précis: "Le message, c’est qu’on a déjà beaucoup souffert de ces clichés, on ne veut pas [du FN] en plus", explique une responsable du groupe à 20 Minutes. "Quand le FN monte, j'ai honte, j'ai honte", "Pas de boulettes, biloute", ou encore "Paulo aime les moules-frites, sans frites et sans fachos", "Chez nous, on se met des races blanches" sont autant de déclarations choc lancées par le collectif. Quitte à réutiliser des publicités de marques locales ou surfer sur des polémiques récentes comme la volonté de Robert Ménard d'interdire les kebabs dans sa ville. 

"No Pasaran"

Les "Chicons en colère" ne compte pas en rester là puisqu'ils ambitionnent de recouvrir de stickers les murs de leur ville. Pour cela, ils ont lancé une cagnotte participative et auraient déjà récolté près de 2.000 euros.

Ce type d'initiatives commencent à se développer dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Mardi, Bruno Bonduelle, ex-PDG du groupe éponyme, s'alarmait de la montée du FN dans son territoire. "Comment peut-on prôner la fermeture des frontières alors que notre économie est immergée dans le monde avec un salarié sur quatre qui travaille dans une entreprise aux capitaux étrangers, alors que nous vantons dans nos brochures ce carrefour transfrontalier ouvert aux quatre vents (...) nos succès à l'exportation ?", écrit cette figure du patronat local, 82 ans, dans une tribune titrée "No pasaran" parue dans le mensuel économique régional Eco 121.

J.C.