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Samia Ghali, l'atypique de Marseille

Samia Ghali a remporté le premier tour de la primaire PS à Marseille

Samia Ghali a remporté le premier tour de la primaire PS à Marseille - -

La candidate des quartiers Nord a créé la surprise ce dimanche: elle affrontera Patrick Mennucci dimanche prochain au second tour de la primaire PS. A 45 ans, la sénatrice-maire cultive ses différences et reste hors du système de son parti.

Samia Ghali est une figure à Marseille. Une grande gueule, diront ses détracteurs. La sénatrice-maire de la cité phocéenne, qui est arrivée en tête du premier tour de la primaire PS aux municipales ce dimanche, cultive son verbe haut et revendique un caractère bien trempé. La gamine des quartiers Nord, plus "viscérale que cérébrale", selon une amie citée par Libération, s'est fait connaître grâce à quelques coups d'éclats.

Le premier: un appel à l'intervention de l'armée pour régler la sécurité de la ville. Le second: un clash bruyant dans les couloirs du Sénat avec Marylise Lebranchu. "Ministre ou pas, j'en ai rien à foutre moi", avait-elle jeté au visage de la la ministre de la Décentralisation et de la Fonction publique en mai dernier.

Samia Ghali est un personnage entier qui détonne dans le monde feutré de la politique. "Moi les diplômes, c'est dans la rue que je les ai obtenus", clame-t-elle. Mais à Marseille, tout semble différent. Entrée en politique à l'âge de 16 ans, Samia Ghali est, à 45 ans, maire du 8e secteur - 15e et 16 arrondissements - de Marseille et a poussé la porte du Sénat. Rien que ça. "Un parcours atypique et un discours de vérité" qui séduisent les Marseillais et la démarquent des autres élus, vante son entourage.

La "Ségolène Royal de Marseille"

Son adversaire du second tour, dimanche prochain, Patrick Mennucci fut son premier mentor. Il est toujours "un ami", affirme-t-elle malgré une campagne marquée par de rudes attaques à son encontre. Dans les couloirs des ministères parisiens, on lui donne le surnom de "Ségolène Royal de Marseille", rapporte Le Monde. Si elle ne commente pas la comparaison, celle-ci n'est pas forcément infondée tant les deux femmes misent tout sur "l'action".

Comme la candidate à la présidentielle 2007, Samia Ghali n'est pas en odeur de sainteté dans les hautes sphères socialistes. Nombreux sont ceux, à Solférino comme à Marseille, qui martèlent qu'elle n'a aucune chance de remporter la mairie face au sortant UMP Jean-Claude Gaudin. Un bruit de couloir renforcé par l'intervention ferme de Jean-Marc Ayrault pour un ralliement rapide de Marie-Arlette Carlotti à Patrick Mennucci.

Mais attaques et moqueries ne sont que des pacotilles pour celle qui à l'âge de six mois a échappé à une mort certaine pour cause de malnutrition. Samia Ghali est une battante.

Une proximité supposée avec Guérini

L'autre écueil de Samia Ghali c'est sa supposée proximité avec Jean-Noël Guérini. Le président du conseil général des Bouches-du-Rhône est mis en examen dans trois affaires qui touchent à ses manières de s'occuper du département. Malversations, corruption et trafic d'influence émaillent son parcours, tel que le dépeint la justice.

En 2008, Samia Ghali était sa co-listière pour Marseille. Peut-être reconnaissante, elle n'a pas réclamé sa démission du PS et n'a pas axé sa campagne sur "le système marseillais", duquel elle se détache néanmoins avec véhémence. A l'inverse ses deux concurrents principaux, Carlotti et Mennucci, eux aussi proches de Jean-Noël Guérini à un moment de leur carrière politique, ont mené une campagne "anti-guériniste" virulente.

Selon Mediapart, Samia Ghali serait pourtant mouillée dans une affaire de clientélisme. Une pratique dénoncée dimanche soir par la perdante Marie-Arlette Carlotti à propos du scrutin.

"Je veux que Marseille lève la tête"

Faisant fi des aléas de l'engagement politique, Samia Ghali joue la carte de la proximité pour défendre les couleurs de son parti lors des prochaines municipales. "Je veux que Marseille lève la tête", a-t-elle répété dimanche soir. Issue des quartiers populaires, c'est son époux, Franck Dumontel, par ailleurs directeur de sa campagne, qui assure la jonction avec ceux plus cossus de la ville. "Elle a fait sa carrière bien avant notre rencontre", proteste-t-il, "elle n’a pas besoin de moi. En revanche, je crois en elle", disait-il au JDD début octobre. Une confiance salvatrice pour l'écorchée vive.

Dans un livre, "La Marseillaise", Samia Ghali révèle au détour d'un passage avoir pris des cours de boxe thaie pour canaliser son agressivité. Mais aussi rendre les coups. A Marie-Arlette Carlotti qui l'avait attaquée elle répond: "Si j'étais à sa place, peut-être que je rendrais mon poste de ministre". Une sortie qui ne va pas adoucir son image auprès des élites politiques de son camp. Mais Samia Ghali n'a plus rien à perdre depuis longtemps.

Samuel Auffray