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Primaire PS à Marseille: l’ombre de Jean-Noël Guérini

Le président PS du conseil général des Bouches-du-Rhône Jean-Noël Guérini

Le président PS du conseil général des Bouches-du-Rhône Jean-Noël Guérini - -

Septième homme officieux de la primaire socialiste à Marseille pour certains, Jean-Noël Guérini clame qu’il ne s’en mêle pas. Et pourtant, comme dans de nombreuses affaires, son nom apparaît souvent. Peut-il influer sur le nom du candidat qui affrontera le sortant UMP Jean-Claude Gaudin en 2014?

Jean-Noël Guérini n’est pas candidat, Jean-Noël Guérini n’ira pas voter, Jean-Noël Guérini se refuse à donner une quelconque consigne de vote… mais Jean-Noël Guérini est partout et sur toutes les lèvres, quand on évoque la primaire socialiste à la municipale marseillaise de 2014. Et ce, malgré les mises en examen multiples qui l’ont fragilisé ces dernier mois. "Quel que soit le résultat du premier tour dimanche soir, il se sera au cœur de toutes les analyses", prédit le politologue Emmanuel Saint-Bonnet.

Deux jours avant que les sympathisants PS ne se rendent aux urnes, le président PS du conseil général des Bouches-du-Rhône a même donné une conférence de presse vendredi. "Je ne me mêle pas de ces primaires, je ne le veux pas, ce n'est pas mon problème. [...] Je laisse débattre les candidats entre eux, ils n'ont pas besoin de moi".

Force est de constater pourtant que les six concurrents n’ont pas hésité, eux, à s’exprimer à son propos. Surtout les deux favoris, la ministre déléguée aux Handicapés Marie-Arlette Carlotti, et le député Patrick Mennucci au programme "anti-guériniste" : tous deux ont régulièrement demandé sa tête à Harlem Désir, le premier secrétaire du PS. "Guérini, c’est fini", avait clamé ce dernier lors d’un déplacement à Marseille. Depuis, rien ne s’est produit et Jean-Noël Guérini est toujours là, confortablement installé dans son fauteuil d’élu, une rose à la boutonnière.

Ghali, candidate de Guérini?

Mais peut-il influer sur le scrutin de dimanche? "Il faut éviter les procès d’intention à son encontre, tempère Emmanuel Saint-Bonnet, interrogé par BFMTV, mais il est vrai que Samia Ghali apparaît comme ‘sa’ candidate, c’est en tout cas ce que laisse entendre le milieu politique marseillais". Autant consciente de l’influence que du pouvoir de nuisance de son prétendu mentor, la sénatrice-maire, originaire des quartiers Nord, devenue célèbre pour avoir réclamé l’intervention de l’armée dans la ville, n’en rajoute pas, sans pour autant nier le fait que, "Jean-Noël" soit le premier à avoir cru en elle.

Pour l’heure Samia Ghali est troisième des sondages et Guérini reste dans l’ombre. "Rester en retrait est salutaire pour lui, estime le politologue, mais je crois qu’inconsciemment les Marseillais ne l’imaginent pas rester inactif". Entre fantasme et réalité, la frontière est ténue dans une ville où le clientélisme semble la norme, comme le montre ce reportage de BFMTV où l’on voit deux femmes négocier leur soutien à Samia Ghali, face caméra.

De petits arrangements, il était aussi question, mercredi 2 octobre, dans le Canard enchaîné. Un article de l’hebdomadaire satirique détaillait une supposée alliance entre Jean-Noël Guérini et… Jean-Claude Gaudin, l’actuel maire UMP de Marseille, pour favoriser la victoire de Samia Ghali. "Gaudin est un habitué des alliances, rappelle Emmanuel Saint-Bonnet. En 1977, il s’était allié au socialiste Gaston Defferre [maire de Marseille pendant plus de trente ans entre 1953 et 1986, ndlr]".

Deux options, Guérini en retrait

Candidat favori ou non, Jean-Noël Guérini n’a pas non plus exclu de prendre position à un moment ou à un autre. Si une majorité large se dégage, "il pourrait en profiter pour faire preuve de bonne volonté, adoucir sa relation vis-à-vis de Solferino et des instances parisiennes, et tirer avantage de cette primaire. A l’inverse, en cas de résultats serrés, si le risque de scission est fort, son influence pourrait être sollicitée", analyse le politologue.

"Il ne faut pas non plus oublier que ce scrutin reste très spécifique, explique Emmanuel Saint-Bonnet, le corps électoral votant est impliqué au PS, il ne représente pas l’homme de la rue". Justement, il s’agit là un autre atout que , Jean-Noël Guérini partage avec Jean-Claude Gaudin: le conseil général comme la mairie sont d’énormes pourvoyeurs d’emplois dans la ville et leur liens avec les réseaux syndicaux, dénoncé par exemple par le candidat Mennucci, peuvent jouer leur rôle. Selon Emmanuel Saint-Bonnet, "où qu’il soit, Guérini a du poids à Marseille". Primaire ou pas, il est toujours sur le terrain et a déjà annoncé son intention de briguer sa propre succession à la tête du département. Jean-Noël Guérini est à l’attaque… droit au but.

Samuel Auffray