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Sécurité, propreté, circulation... Les candidats à la mairie de Paris s'affrontent pour la première fois

Les sept principaux candidats à la mairie de Paris, le 4 mars 2020

Les sept principaux candidats à la mairie de Paris, le 4 mars 2020 - AFP - Bertrand Guay

Les sept principaux candidats à la mairie de la capitale se sont affrontés ce mercredi sur LCI. Une soirée aux lourds enjeux pour les trois favorites, Anne Hidalgo, Rachida Dati et Agnès Buzyn.

La soirée a commencé par des entretiens individuels. Sur LCI ce mercredi, les sept principaux candidats à la mairie de Paris se sont affrontés pour la première fois lors d'un débat télévisé. Avant d'être tous réunis sur le même plateau, chaque impétrant a présenté sa vision de la capitale et de son avenir. 

Le dissident La République en marche Cédric Villani a ouvert le bal. Selon lui, les Parisiens "souffrent de problèmes d'embouteillage et souffrent de la pollution, des rues qui ne sont pas propres et qui" ne sont pas sécurisées.

La maire sortante socialiste Anne Hidalgo, qui s'est un peu emmêlée les pinceaux sur la ligne de métro qu'elle a pris pour se rendre aux studios de TF1, a promis "une ville où on respire, où on peut lâcher la main de nos enfants, on peut se promener, (...) une ville apaisée". 

  • Frictions autour de la police municipale

Bombardée candidate LaREM à la suite de la chute brutale de Benjamin Griveaux, Agnès Buzyn a affirmé que cela faisait "longtemps" qu'elle souhaitait être candidate à la mairie de Paris. Durant les premiers échanges avec ses adversaires, l'ex-ministre des Solidarités et de la Santé a été visée en particulier par Anne Hidalgo et Rachida Dati, chef de file de la droite - et accessoirement en tête dans les dernières enquêtes d'opinion

Pour la candidate Les Républicains, "c'est l'anarchie partout, (...) dans tous les domaines: partout dans la circulation dans les travaux dans l'espace public, y compris dans le logement". D'où l'accent mis sur la sécurité, premier thème du débat. Notamment autour de la mise en place d'une police municipale. Anne Hidalgo en souhaite une, mais non armée, contrairement à Rachida Dati qui entend les équiper d'armes. 

Idem pour Agnès Buzyn, qui cherche à faire concurrence à l'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy sur ce terrain. "Les policiers non armés seraient la cible immédiatement d'agressions", estime la candidate LaREM, qui a adressé une pique à Rachida Dati en rappelant les baisses d'effectifs policiers à l'échelle nationale entre 2007 et 2012. 

Critique vis-à-vis d'Anne Hidalgo, la tête de liste La France insoumise Danielle Simonnet a également reproché à la droite d'avoir permis à la police de "faire de la politique du chiffre". Rachida Dati, elle, veut mettre en place une police municipale ne serait-ce que pour que la police nationale "se reconcentre sur ses missions". À savoir enquête judiciaire, grand trafic et terrorisme. 

  • Clin d'œil de Hidalgo à Villani

Sur la vidéosurveillance, Agnès Buzyn dit vouloir multiplier par cinq le nombre de caméras, pour qu'il atteigne les 5000. Cédric Villani, lui, se veut plus prudent. Si on pense que "la technologie va remplacer magiquement les problèmes des humains, on se trompe", a-t-il dit. "Il faut le faire là où c'est demandé. Décider d'un nombre, ça n'a pas de sens", estime le député mathématicien. 

Clin d'œil intéressant que celui d'Anne Hidalgo lorsqu'elle dit "rejoindre" Cédric Villani sur le sujet - davantage de caméras oui, mais "au cas par cas". Le député de l'Essonne, qui pointe entre 7 et 9% des intentions de vote au premier tour selon les sondages, est courtisé à la fois par les troupes de la maire sortante et celles d'Agnès Buzyn pour des alliances d'entre-deux tours. 
  • Quelle vidéosurveillance?

L'écologiste David Belliard, en baisse dans les sondages après une percée remarquée au mois de janvier, juge quant à lui que l'investissement dans la vidéosurveillance - 200 millions d'euros dépensés, avance-t-il - a été un échec.

"Ça fait 15 ans qu'on fait ça. (...) Quand il y a une politique qui ne fonctionne pas, il faut en changer", a déclaré le candidat EELV.

Candidat soutenu par le Rassemblement national et le Parti Chrétien-Démocrate, Serge Federbusch veut renouer avec "la veille tradition des gardes civiques pour (...) mieux identifier les fauteurs de trouble". Tançant aussi bien Anne Hidalgo que Rachida Dati, qu'il accuse de "laxisme" en tant qu'ancienne garde des Sceaux, Serge Federbusch veut lui aussi des policiers municipaux armés.

"L'insécurité à Paris est une honte, (...) tout le monde autour de cette table en est responsable et ils font de la défausse", a-t-il asséné.
  • Privatiser la collecte d'ordure?

Sur la propreté, Agnès Buzyn s'en est prise directement au bilan de la maire sortante. "Madame Hidalgo promet de faire ces six prochaines années tout ce qu'elle n'a pas fait les six dernières", a attaqué la candidate LaREM, qui annonce que "dès les 100 premiers jours, les Parisiens feront la différence" si elle venait à être élue. Ce à quoi Anne Hidago a répondu en ironisant sur le "y a qu'à faut qu'on" et appelant l'ancienne ministre à "un peu d'humilité et beaucoup de pragmatisme". 

La socialiste entend continuer à recourir au privé et "augmenter les effectifs" pour la collecte des ordures. Comme le rappelle Le Parisien, la ville fait appel à des entreprises privées dans ce domaine dans la moitié des arrondissements. C'est la municipalité qui gère l'autre moitié.

Cédric Villani veut, comme sur bien des sujets, faire appel à la technologie "pour faciliter la vie" des Parisiens. Il veut par exemple mettre en place des "poubelles compactantes solaires" et s'appuyer sur "le relevé par l'intelligence artificielle et la cartographie". 

  • Débat tendu sur la circulation

L'ensemble des concurrents d'Anne Hidalgo fait ce constat: le nombre de voitures circulant à Paris a baissé, mais le nombre d'embouteillages a augmenté. De quoi donner lieu à l'un des moments de tension d'un débat plutôt civilisé.

"Il y a urgence à développer des mobilités alternatives", s'est alarmée Agnès Buzyn, pointant du doigt les blocages liés aux désaccords entre la mairie et la Région Île-de-France, tour à tour dirigée par le socialiste Jean-Paul Huchon puis la LR (devenue Libres!) Valérie Pécresse. "Les gens n'en peuvent plus de ces bouchons!", a asséné l'ancienne ministre d'Emmanuel Macron.

Rachida Dati, joggeuse revendiquée, dit courir "en apnée" sur certains tronçons des voies sur berge à cause de la pollution de l'air. Elle accuse par ailleurs la mairie de n'avoir pas consulté les Parisiens pour son "plan vélo". Selon Anne Hidalgo pourtant, il n'y a "pas d'embouteillages en plus". De quoi inspirer ce commentaire ironique de Serge Federbusch: "Vous vivez dans une autre ville!"

Sur un thème analogue à celui de la pollution, Agnès Buzyn a demandé la parole pour défendre le verdissement de Paris. Racontant son expérience de médecin en période de canicule, l'ex-ministre a annoncé que "cette ville ne sera pas viable dans 30 ans l'été" car trop bétonnée et densifiée. La candidate LaREM dit vouloir "rafraîchir" Paris en plantant des arbres, pas 170.000 comme Anne Hidalgo, mais des "îlots de verdure", à savoir les 240 "rues jardins" qu'elle entend créer.

  • Haro sur Buzyn au sujet du coronavirus

Pour clore le débat, David Pujadas a demandé à chaque candidat ce qu'il comptait mettre en œuvre contre le coronavirus en cas d'arrivée à un stade 3 d'épidémie. Après avoir rendu hommage aux agents publics et les personnels soignants, Anne Hidalgo s'en est pris directement à l'ancienne ministre de la Santé, lui reprochant d'avoir quitté son poste au début de la crise pour devenir candidate. 

"J'avais une ardoise de 30 milliards d'euros quand je suis arrivée au ministère", s'est défendue Agnès Buzyn, qui a dû également faire face à une attaque de David Belliard sur ce sujet. Elle s'est targuée d'avoir investi "massivement" dans le secteur hospitalier et a invoqué ses compétences pour illustrer sa capacité à gérer l'arrivée du coronavirus à Paris. 

Jules Pecnard