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"On n'est pas à Koh-Lanta": le 2ème débat des municipales à Paris tendu par la question des alliances

Les sept principaux candidats à la mairie de Paris, le 10 mars 2020

Les sept principaux candidats à la mairie de Paris, le 10 mars 2020 - AFP - Christophe Archambault

Les sept principaux candidats à la mairie de la capitale se sont affrontés pour la seconde fois lors d'un débat télévisé organisé par France Info.

Cinq jours avant le premier tour des élections municipales, les sept principaux candidats à la mairie de Paris se seront affrontés une seconde fois à la télévision. Organisé ce mardi par France Télévisions et France Bleu, ce débat a accueilli les mêmes invités que le premier sur LCI le 4 mars. À savoir la maire sortante socialiste Anne Hidalgo et ses adversaires Agnès Buzyn, Rachida Dati, Cédric Villani, David Belliard, Serge Federbusch et Danièle Simonnet.

La séquence introductive, dédiée à la propagation du coronavirus, a été l'occasion d'un premier accrochage autour de la décision de Rachida Dati de maintenir son meeting - où étaient conviées plus de 1000 personnes - à la Salle Gaveau, malgré les risques encourus. Un choix qualifié d'"irresponsable" par son concurrent écologiste sur Twitter. 

"Ce n'est pas la première fois que David Belliard (...) fait des attaques personnelles", a balayé la candidate Les Républicains, qui a renvoyé son rival d'Europe Écologie-Les Verts à son appartenance à la majorité sortante. "Il est aussi comptable du bilan désastreux", a-t-elle ajouté, avant d'assurer que - au-delà de la bise qu'elle a fait à Nicolas Sarkozy durant son meeting - toutes les précautions avaient été prises en amont. 

La question des alliances

Dans la foulée, les sept impétrants ont chacun présenté les premières mesures phares qu'ils comptaient prendre en cas de victoire. La quasi totalité d'entre eux, à l'exception de David Belliard et Danièle Simmonet, a mis l'accent sur la sécurité et/ou la propreté. La mise en place d'une police municipale armée a été maintes fois mentionnée. 

S'ensuivirent des échanges plus ou moins policés autour du sujet du logement et du parc social de Paris, sur la nécessité de juguler la hausse des loyers et de rendre la capitale plus accessible aux classes moyennes. Des constats partagés par la plupart des candidats, qui divergent à des degrés variés sur les solutions. 

C'est toutefois lorsque la question des alliances d'entre-deux tours a été abordée que le ton est vite monté sur le plateau de France Info. Anne Hidalgo, adoptant une posture consensuelle, a affirmé qu'il était normal qu'il y ait des discussions, allant jusqu'à glisser un trait d'humour à l'intention de Cédric Villani. Ce dernier, sans offrir de précision, a déclaré qu'il travaillerait avec celui ou celle - mantra qu'il a coutume de répéter - qui va "rallumer la Ville Lumière". 

Buzyn directement ciblée par Dati

À l'inverse, Agnès Buzyn a passé quelques minutes désagréables, se retrouvant la cible de Rachida Dati. L'ex-ministre des Solidarités et de la Santé a été interrogée sur des propos qu'elle a tenus récemment sur BFM Paris:

"Il n’y aura aucune alliance de partis, aucune alliance. Il y aura, par arrondissement, des discussions avec ceux qui veulent me rejoindre sur un projet", affirmait-elle samedi.

Très vite, plusieurs figures de La République en marche ont nié toute volonté de fusions çà et là avec des listes LR. Idem pour Agnès Buzyn ce mardi, qui a martelé qu'il n'y aurait d'alliances que "sur la base d'un projet". Et la candidate LaREM de donner quitus à Cédric Villani et David Belliard sur des éléments spécifiques de leur programme. 

Rachida Dati, elle, a vivement tancé Agnès Buzyn, accusant son mouvement de "mépris" à son égard - Marlène Schiappa, notamment, a laissé entendre qu'elle ne ferait jamais campagne pour la candidate LR. "Tout ce que j'ai eu, je l'ai eu à la sueur de mon front", s'est indigné l'ancienne garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy.

Et de faire référence à une phrase de sa rivale rapportée par Le Journal du Dimanche, dans laquelle Agnès Buzyn affirme que Rachida Dati "n'est pas un sujet". 

"Quel mépris! (...) On n'est pas à Koh Lanta là, c'est pas des alliances entre vous et à qui vous donnez le collier d'immunité, Mme Buzyn! (...) C'est un déni de démocratie, c'est un mépris des Parisiens", a réagi l'intéressée, avant d'accuser l'ex-ministre de s'être ménagée "un poste de secours, au cas où". "Comment vous vous permettez, Mme Dati", lui a rétorqué celle-ci.

De quoi laisser douter de la possibilité de négociations apaisées entre LaREM et LR, même localement, à l'issue du premier tour du scrutin parisien. Selon la dernière enquête Ipsos-Sopra Steria, Anne Hidalgo est toujours légèrement favorite avec 26% d'intentions de vote. Derrière elle, Rachida Dati est créditée de 23% et Agnès Buzyn, de 19%.

"Il y a un sujet propreté", admet Hidalgo

Sur la propreté de Paris et la collecte des déchets aussi, les échanges tendus se sont multipliés. L'ensemble des concurrents de la maire sortante se sont accordés pour dire que la saleté avait augmenté dans la capitale ces dernières années. "Partout" selon Rachida Dati, essentiellement dans les quartiers populaires d'après David Belliard, qui veut installer des poubelles tous les 50 mètres.

"Je ne peux pas laisser dire ça. (…) Il y a un sujet propreté dans Paris, je crois que personne ne le nie, moi non plus, et le niveau actuel n’est pas satisfaisant", a reconnu Anne Hidalgo.

Selon l’édile PS, il faut "sanctionner les comportements inciviques" avec des amendes plus élevées. Ce à quoi Rachida Dati a répondu en affirmant avoir l’impression que la maire "vient d’atterrir à Paris" pour être candidate. "De qui se moque-t-on? (...) Il faut se promener dans Paris, il faut aller dans les quartiers", a raillé la candidate LR.

Friction sur la sécurité

La question du renforcement de la sécurité des Parisiens a également illustré de fortes divergences entre les postulants. Chacun veut, à sa manière, augmenter les moyens de police dans la capitale. 

"Pourquoi les gens ont peur à la porte de la Chapelle, à la place de Stalingrad ou dans d'autres secteurs de Paris? Parce qu'on ne voit plus la police nationale", a estimé Anne Hidalgo, qui dénonce la diminution des effectifs de police sur le terrain. "C'est honteux de dire ça", a réagi Agnès Buzyn. 

Le candidat soutenu par le Rassemblement national, Serge Federbusch, est revenu sur l'une de ses mesures phares, qui consiste à mettre en place des "rondes citoyennes" et des "conseils de sécurité de quartier". Sa rivale investie par La France insoumise, Danièle Simonnet, l'a accusé de vouloir instaurer des "milices".

L'écologiste David Belliard, lui, qualifie la police municipale armée - que souhaitent Buzyn, Dati et Villani - de "messie qu'on attend et qui ne vient jamais". Il propose plutôt une "brigade de sécurité et tranquillité publique" forte de 4000 agents. 

Jules Pecnard