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Fact-checking sur Facebook: la députée américaine Ocasio-Cortez passe Zuckerberg sur le gril

Mercredi, le patron de Facebook était entendu par la Commission parlementaire des services financiers au Congrès à Washington. L'élue du Bronx, issue de l'aile gauche du parti démocrate, en a profité pour pousser Mark Zuckerberg dans ses retranchements sur le sujet de la désinformation.

Ce n'est pas un sale quart d'heure, puisqu'il ne s'agit que de cinq minutes. Un laps de temps suffisant, toutefois, pour permettre à Alexandria Ocasio-Cortez, la charismatique députée démocrate de New York, de sévèrement bousculer le puissant patron de Facebook, Mark Zuckerberg.

Du moins, c'est ce qui transparaît à travers les images - retransmises par la chaîne C-SPAN - de la séance de mercredi à la Commission parlementaire des services financiers au Congrès, à Washington. Le PDG du réseau social le plus utilisé au monde y était convié pour défendre, pendant six heures, son projet de monnaie virtuelle Libra. 

De la capacité de Facebook à relayer des mensonges 

L'élue du Bronx, figure de l'aile gauche de son parti et bretteuse redoutable dans l'enceinte parlementaire, a choisi d'interroger Mark Zuckerberg sur un autre sujet, celui de la désinformation propagée sur Facebook et l'usage politique qui peut en être fait. Le scandale Cambridge Analytica lui a fourni une bonne entrée en matière. Pour rappel, il s'agit du nom de cette entreprise britannique accusée d'avoir récupéré les données personnelles de dizaines de millions d'utilisateurs de Facebook dans le but de relayer des messages favorables au Brexit ou à Donald Trump en 2016.

C'est lorsque les questions se sont faites plus provocatrices, plus acérées, que l'impassible et impénétrable Mark Zuckerberg s'est montré déstabilisé. L'idée étant, quitte à extrapoler, de lui demander si des candidats à l'élection présidentielle américaine de 2020 pourraient mentir sciemment à leurs électeurs via Facebook. 

"Si j’utilisais les données disponibles sur le corps électoral, est-ce que je pourrais cibler des personnes noires sur Facebook avec des posts leur donnant une mauvaise date d’élection?", a interrogé Alexandria Ocasio-Cortez. Ce à quoi le magnat du numérique a répondu par la négative. 

Là où l'intéressé a été plus évasif, c'est quand la députée ("représentative", dit-on aux États-Unis) lui a demandé si elle-même pourrait, dans le cadre de la campagne, relayer des publications affirmant que des candidats à la primaire républicaine ont voté en faveur du "Green New Deal", projet de loi qu'elle a porté devant le Congrès. Ce qui reviendrait, en définitive, à colporter un mensonge pur et simple.

"Je n'ai pas la réponse en tête", a d'abord bredouillé Mark Zuckerberg avant de glisser: "probablement, je pense." 

Liens avec des conservateurs

Autre échange intéressant, celui où l'élue démocrate pointe du doigt les liens obscurs entre le PDG de Facebook et des figures de la droite conservatrice américaine. Il y a une semaine, Politico révélait que Mark Zuckerberg rencontrait depuis juillet, à l'occasion de dîners informels, des journalistes, commentateurs et au moins un parlementaire issus de ce courant. Une tentative, selon le site d'information, de ménager Donald Trump et ses alliés à la suite des accusations portées contre Facebook - et d'autres géants du numérique - de son biais idéologique anti-conservateur. 

D'après Alexandria Ocasio-Cortez, les personnalités conviées à ces dîners sont des "adeptes d'une théorie du complot selon laquelle le mouvement suprémaciste blanc est un canular". Elle fait référence, en l'espèce, à Tucker Carlson, présentateur sur la chaîne Fox News, qui a effectivement déclaré cela durant le mois d'août.

Au sujet du biais idéologique cité plus haut, Mark Zuckerberg a simplement répondu qu'il ne se rappelait plus "de tous les éléments de la question" posée par la députée. Et comme le temps de parole de cette dernière est compté dans ce genre de Commission, elle a enchaîné en demandant si, d'après lui, une publication ayant des liens avec le suprémacisme blanc peut répondre aux "normes du fact-checking" sur Facebook.

Là-dessus, l'intéressé a botté en touche, indiquant que son réseau social ne désignait pas de "fact-checkers" officiels, que ceux-ci passaient à travers le tamis d'un organisme indépendant, l'International Fact-Checking Network. De l'art de refiler la patate chaude.

Jules Pecnard